Voici quelques semaines, une nouvelle avait fait grand bruit : James Hansen (Nasa) se plaignait de pressions de l’administration Bush l’empêchant d’avertir la planète du grave danger encouru à la suite du réchauffement climatique. Les propos de Richard Lindzen auront-ils le même écho ? On peut en douter. Car ce spécialiste n’est plus climatologiquement correct depuis sa fracassante démission du GIEC en 2001. Il ne prétend pas sauver la Terre du désastre. Simplement rappeler quelques faits méconnus des dernières années et quelques vérités scientifiques de base.
Le texte commence par un constat : du cyclone Katrina à la canicule 2003 en passant par les records de neige de Buffalo, tout événement un peu exceptionnel est désormais rattaché au réchauffement climatique. “Comment un petit degré à peine discernable de réchauffement depuis la fin du XIXe siècle peut-il être ainsi publiquement désigné comme le responsable des récentes catastrophes ?”, se demande Lindzen. Il propose une première réponse assez simple : certains y ont grand intérêt. L’alarmisme nourrit le discours des politiques, qui nourrissent en retour les alarmistes. Les fonds fédéraux alloués chaque année à la recherche climatologique aux États-Unis atteignent 1,7 milliard de dollars contre quelques centaines de millions voici 15 ans. Cette somme est un peu plus considérable que les mannes du fameux « lobby pétrolier ».
Mais ces manœuvres masquent des distorsions autrement plus graves du débat. “Les chercheurs qui refusent l’alarmisme voient leurs subventions disparaître, leur travail décrié et ils sont qualifiés de suppôts de l’industrie, de piètres scientifiques ou pire encore.” Pas étonnant dans ces conditions que “les mensonges à propos du changement climatique gagnent en crédibilité alors même qu’ils contredisent de plein fouet la science qui est leur fondement supposé”. Alors que les modèles alarmistes eux-mêmes prévoient une diminution de l’amplitude thermique tropiques-pôles et un surcroît d’humidité, on affirme sans sourciller que les tempêtes tropicales vont très probablement dévaster ce monde coupable dans les prochaines décennies. C’est-à-dire que l’on n’hésite même plus à se contredire entre les attendus et les conclusions, pourvu que ces dernières flattent le public dans le sens du poil hérissé par la catastrophe à venir.
Mais le champ de bataille climatique n’est pas qu’une guerre de mots. Lindzen rappelle les mises à l’écart de Henk Tennekes (Pays-Bas), d’Aksel Winn-Nielsen (WMO-OMM), d’Alfonso Sutera et Antonio Speranza (Italie)… tous climatologues respectés mais tous coupables d’avoir émis de sérieux doutes sur le nouveau catéchisme du réchauffement.
Et que dire de la substance même du débat scientifique, à savoir la publication dans les revues peer-reviewed et les commentaires critiques qui s’ensuivent ? Lindzen souligne quelques-unes des manœuvres que nous avons souvent mentionnées ici : refus de publier les commentaires critiques d’études alarmistes sous divers prétextes, lynchage à distance des déviants (non pas en commentant directement leur travail, mais en faisant savoir partout sauf dans la revue initiale de publication combien ce travail est infondé), parti pris écrasant des comités de lecture des grandes revues généralistes (Science, Nature) en faveur de l’alarmisme, conduisant à la publication de plus en plus fréquente de résultats de modèles de plus en plus confus ne faisant pas avancer d’un iota la science du climat…
Après tout, les alarmistes finiront peut-être par avoir raison, faute de combattants en face d’eux. “Seuls les scientifiques âgés peuvent désormais se dresser face à la tempête alarmiste”, conclut amèrement Lindzen. Ceux qui commencent leur carrière ont un choix assez simple entre le conformisme réchauffeur ou la fraîcheur d’un placard.
Bien sûr, les croyants du mythe du réchauffement et fidèles de l’église du GIEC lisant ces lignes considéreront sans doute que Lindzen exagère. Qu’il est animé par la rancœur ou l’aigreur. Voire qu’il manipule le public au profit d’intérêts cachés. Qu’ils méditent pourtant ceci : dans l’histoire récente de la science, c’est la première fois qu’un spécialiste reconnu en vient ainsi à tirer la sonnette d’alarme sur la médiocrité scientifique croissante de sa propre discipline. Et cela, on ne peut plus faire semblant de l’ignorer.