Le quotidien syrien « Al Thawra » et l’Agence de presse syrienne « Sana » ont reproduit, à la une, l’interview accordée par l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Roland Dumas, à la télévision « Al Jazeera ». Dumas a qualifié de «personnel le traitement réservé par le président français Jacques Chirac à l’affaire Hariri », précisant que « cette position vis-à-vis de la Syrie était sans profondeur, irréfléchie et précipitée ». L’ancien ministre a précisé que « la position de Chirac était toujours personnelle vis-à-vis de l’assassinat de Rafic Hariri ».
Enfin, Dumas a appelé à « une entente syro-française sur le dossier libanais » et invité les candidats à la présidence française, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, à « rassurer les Arabes ».
Cet intérêt porté par les médias syriens aux propos de Dumas n’est pas nouveau. Dumas, comme d’autres anciens responsables socialistes français, ont toujours été influencés par Damas. Rappelons que Nahed Ojjeh, la fille de l’ancien ministre syrien de la Défense Mustapha Tlass et veuve du marchand d’arme saoudien, le richissime Akram Ojjeh, avait présidé la Fondation Tlass, une « fondation de bienfaisance » dont le siège est au Liechtenstein (des soupçons planent sur les activités occultes de cette Fondation).
A ce titre, Nahed Tlass Ojjeh avait offert, en 1988, un scanner à l’hôpital de Sarlat, en Dordogne, pour plus de 8 millions de francs. A l’époque, le même Roland Dumas était candidat aux législatives dans cette même circonscription de Dordogne. L’affaire avait fait beaucoup de bruit (corruption) et a été avortée. Par la suite, Nahed Tlass Ojjeh avait été impliquée dans le dossier Dumas-ELF et a dû expliquer aux juges instructeurs de ce dossier comment l’ancien ministre lui avait « emprunté divers objets d’art de son hôtel particulier à Paris ».
Vues sous cet angle, les Français comprennent mieux pourquoi la Syrie craint la victoire de Nicolas Sarkozy, le 6 mai, et fait feu de tous bois pour favoriser celle de Ségolène Royal. Le retour des socialistes au pouvoir sera une bouée de sauvetage pour le régime syrien…