Et le train-train repris. Quelques accrochages sur le terrain, permirent de constater que, si la politique de la France allait changer au Proche-Orient, elle le ferait à une allure paisible, voire imperceptible… On lut même, dans la presse arabe, que çà et là, en douce, des potentats se félicitaient de l’élection de notre président, tout en laissant leurs médias le traiter de “croisé-sioniste”, ou l’équivalent. Pourtant, sa ferme détermination à empêcher la Turquie d’entrer dans l’Union Européenne donna tout de suite des signes de faiblesse. Mais comme c’est toujours l’état de grâce, on mit ça sur le compte des gracieusetés à l’égard de nos partenaires du continent.
Sur le fond, rien n’est joué. A propos de l’Union Européenne, le président a tenu parole, puisque dès le premier jour de son mandat il est allé confirmer à son ami le président de la Commission, qu’il allait vite faire ratifier par le Parlement, ce qu’il appelle le mini traité. En fait, ce n’est que l’idée légèrement édulcorée, que les Français ont rejetée par référendum, il y a moins d’un an. Voilà au moins un point de politique étrangère, sur lequel ses premiers actes sont conformes aux déclarations de sa campagne. Manque de bol, c’est le seul qu’on aurait aimait qu’il fasse traîner en longueur.
Nous n’avons pas encore soupesé les effets de la prestation de notre président au récent sommet du G8. Le nouveau tsar de toutes les Russies y était arrivé précédé de déclarations très brejneviennes, comme celles qu’il devait aider à préparer quand il était haut responsable du KGB. Toujours est-il que le sommet commencé on n’en entendit plus parler. Nous n’osons pas faire de relation entre ce silence et le déjeuner, ou l’entretien à huis clos, du président POUTINE avec notre président, après lequel ce dernier donna une conférence de presse mémorable. Nous vous en recommandons le visionnage en suivant le lien. Bref, sans pousser l’analogie jusqu’au regretté BOURVIL, dans son célèbre sketch “l’eau ferrugineuse”, le nouveau style est indéniablement plus détendu, que le protocole guindé de jadis.
Justement puisque nous parlons de ce fameux sketch, on y retrouve la rhétorique, dans une nouvelle qui nous est parvenue par des voies détournées. Elle concerne toujours le domaine réservé du président et elle se résume simplement :
– “Le terrirosme, non, le hezloba, oui.”
Euh… pardon… :
– “le torriresme non, le hebzola, oui. D’ailleurs ne dit-on pas : – un terroriste islamique, c’est un pléonasme ?”.
Le résumé ci-dessus illustre une fois de plus, le célèbre “changement dans la continuité”, cette spécialité unique au monde, dont la Vème république est l’inventeur. Il s’agit cette fois d’une nouvelle variation sur le thème du fanatisme modéré, version terrorisme humaniste. C’est d’ailleurs ainsi se qualifient eux-mêmes, les protagonistes incriminés, qui au passage, nous gratifient de “pays ami et allié”. C’est trop ! Nous avons honte !
Le ton léger de ce billet n’altère en rien la gravité des actes relatés. Mais si dans ses relations avec les restes du monde, la France doit poursuivre les errances initiées par de GAULLE, avec sans doute, les mêmes conséquences déplorables, au moins, elle le fera dans la joie et la bonne humeur. Toutefois, si la forme nous semble étrange, gardons nous encore, de porter des jugements définitifs sur le fond. Dans les pays civilisés, en dehors des périodes de crises aigues, les relations internationales ont une grosse inertie. Attendons donc que la machine soit vraiment lancée, mais veillons tout de même, à ce qu’elle emprunte la bonne voie.