14 janvier 2025
Non classé

Les Saoudiens veulent travailler

La jeune association œuvre à a reconnaissance des droits des chômeurs, très nombreux dans le richissime royaume pétrolier (les chômeurs, et non les droits) et appelle à ce que ceux qui ne trouvent pas de travail depuis plus de dix ans puissent revendiquer une aide financière de l’Etat saoudien, financée par la rente pétrolière.

En effet, si l’Arabie saoudite est connue est travers le monde pour ses milliers de princes fortunés et le nombre de milliardaires qui existent parmi ses ressortissants, elle est incapable de subvenir aux besoins de ses populations défavorisées : aucun système de sécurité sociale, d’aide au chômage ni au logement. « Si le gouvernement de Sa Majesté, le roi Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud, voulait bien nous recevoir, nous serions très ravis de lui détailler nos revendications », appellent les signataires d’une pétition qui fait le tour de la monarchie absolue. Le droit d’association n’étant pas reconnu de façon absolue en Arabie saoudite, les initiateurs de ce projet de réforme sont d’un courage exceptionnel, notamment les femmes, qui sont nombreuses dans cette association.

S’il est vrai que le royaume saoudien est signataire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme des Nations unies de 1948, il y a ajouté une clause, qui figure depuis à la fin du texte : « La présente déclaration est admise sous réserve de compatibilité avec la charia ».

Cela signifie que l’apostasie est punie de la peine capitale par décapitation sur la place publique, que la liberté de conscience n’existe donc pas, ainsi que de nombreux droits humains élémentaires allant à l’encontre de la charia, le « droit » islamique.

Il convient ici de rappeler que l’Arabie saoudite n’est pas le seul pays musulman à ratifier des déclarations et conventions humanitaires internationales, avant de les vider de leur sens par une réserve de compatibilité avec « la charia », « le droit musulman », « la tradition des ancêtres », « les bonnes mœurs », entre autres appellations suffisamment vagues pour rendre caduc tout texte appelant à la promotion des Droits de l’homme et des libertés publiques.

Seule une modeste partie du budget de l’Appareil d’affirmation de la vertu et de négation du vice (Hay’at al-Amr bel Maarouf wal Nahy ‘an al-Munkar) suffit pour mettre en place un puissant système d’assurance malade, par exemple. L’Appareil d’affirmation de la vertu et de négation du vice est une institution géante qui possède tout un arsenal de logistiques et un dispositif sécuritaire autonome (qui ne dépend ni de l’armée, ni de la police) dans le seul objectif est de veiller sur la bonne application des préceptes de la charia dans le royaume : lapider les femmes adultères et fouetter les consommateurs d’alcool. Ce puissant contre-pouvoir, qui échappe souvent au pouvoir central, est largement dépendant de l’extrémiste clergé wahhabite (4).

L’association qui vient de voir le jour a besoin de notre soutien, comme toutes les initiatives libérales qui fleurissent dans les Etats autoritaires du Moyen-Orient depuis la chute du régime de Saddam Hussein en Irak et le déclenchement d’un processus d’ouverture sur le monde que cette intervention a déclenché, a besoin de notre soutien. Un des bienfaits de la mondialisation, est de contribuer au rapprochement planétaire du genre humain. Nous sommes tous concernés, « Orientaux » et Occidentaux, par les maux du Moyen-Orient dont les répercussions néfastes n’ont jamais épargné le monde libre.

Notes


(1) Adresse e-mail : nawal@saudiyatnet.net
(2) Site indépendant, créé en 2005, par Nawal Moussa al-Youssef.
(3) www.menber-alhewar.com
(4) Le wahhabisme est une école ultra-conservatrice de l’islam, la plus rigoriste sur le plan de l’application de la charia, le « droit » islamique.

Né au Caire, Masri Feki est président de l’Association Francophone d’Etudes du Moyen-Orient (AFEMO) et auteur de nombreuses publications sur le Moyen-Orient, dont « L’axe irano-syrien, géoplitique et enjeux », Editions Studyrama, Paris, juillet 2007.

Une réflexion sur « Les Saoudiens veulent travailler »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *