Entendre tel ou tel homme politique menacer de « faire parler la rue » au mépris des urnes ou feindre de le craindre tout en soufflant sur les braises est de plus en plus courant. Lord Ahmed, lui, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Ce sont 10.000 musulmans que, fin janvier, il menaçait de faire descendre dans la rue si le député hollandais, Geert Wilders, venait, sur invitation, assister à la projection de son film Fitna – que l’on trouve aisément sur Internet – à la Chambre des Lords et participer au débat devant suivre la projection. La menace a marché.
Avant son départ de Hollande Geert Wilders a reçu une lettre très officielle des services britanniques des frontières lui annonçant que le Secrétaire d’Etat – ministre des Affaires étrangères -estimait que sa « présence au Royaume-Uni représenterait actuellement une menace réelle et suffisante à l’un des intérêts fondamentaux de la société.. » Ses « déclarations concernant les Musulmans et leurs croyances, » toujours selon le ministre, représentant « une menace contre la cohésion de la communauté nationale. » Le parlementaire hollandais n’a pas renoncé à son déplacement. Il a été refoulé du territoire britannique en arrivant à Heathrow le 12 février 2009.
Jour noir pour la liberté d’expression et, partant, la démocratie. Dans une interview diffusée sur Channel Four, Geert Wilders affirme, en effet, n’être ni extrémiste ni raciste mais que même s’il l’était, il devrait avoir le droit de s’exprimer. Et il n’y a, en effet, rien de raciste dans Fitna. Ce qu’il y dénonce, ce sont des versets du Coran qui sont utilisés par des Islamistes radicaux pour justifier les attentats terroristes qu’ils commettent.
Objet de menaces d’Islamistes, Geert Wilders doit d’ailleurs vivre sous protection policière depuis fin 2004.
Curieusement Channel Four semble mettre sur pied d’égalité le cas de Geert Wielders avec d’autres interdictions d’entrée sur le territoire britannique
Mais qui donc est ce Lord Ahmed qui a fait plier la Grande-Bretagne ?
Né à Mirpur dans le Cachemire pakistanais, il a été élevé en Grande-Bretagne, a étudié l’administration publique à l’université de Sheffield, rejoint le Parti Travailliste à 18 ans. Il a été Président de sa section du Sud Yorkshire pendant plusieurs années et a été nommé juge l’année où il a créé le Forum des Conseillers des Musulmans Britanniques en 1992. Six ans plus tard il a été fait Baron Ahmed de Rotherham du Comté du Sud Yorkshire.
Voilà pour la toile de fond. Quant à certaines de ses interventions les plus significatives il n’y a pas eu dans son palmarès que cette menace de faire descendre 10.000 Musulmans dans la rue. Ainsi, début février ce Lord a demandé très officiellement au gouvernement britannique d’arrêter à leur entrée en Grande-Bretagne les Juifs britanniques ayant servi dans l’armée israélienne et qui, selon lu,i auraient « commis des crimes de guerre. » Le gouvernement lui ayant répondu que les citoyens britanniques ayant également la nationalité israélienne n’étaient guère répertoriés, ce Baron rétorquait qu’il y avait eu des listes publiées dans les quotidiens Daily Mirror et The Sun….
Dans une interview il ironise sur la réaction des Juifs britanniques, « l’un de leurs seigneuries s’étant levé pour chanter les louanges des citoyens britanniques combattant à Gaza… ,» les accusant plus loin d’avoir été « impliqués dans des massacres de civils. » Enfants y compris, bien entendu. Il exerce ici sa liberté d’expression pour invoquer des « massacres » dont la réalité n’a aucunement été prouvée et la culpabilité, selon lui avérée, de Juifs britanniques dans ces massacres supposés. N’est-ce pas là une « menace contre la cohésion de la communauté nationale? » Une incitation à la haine des Juifs ?
Autre moment significatif dans la biographie du Baron de Rotheram en février 2005. Il invitait à la Chambre des Lords un dénommé Israël Shamir- ce qui ne serait pas son véritable nom -, personnage connu pour son antisémitisme virulent et qui serait basé en Suède. Stephen Pollard, journaliste et écrivain, a rapporté sur le site du Times la teneur de son intervention ce jour-là : un ramassis de tous les poncifs antisémites haineux imaginables. Et il raconte comment le Baron lui a raccroché au nez lorsqu’il a voulu l’interroger sur cette invitation.
En début d’article le journaliste replaçait cet événement dans le contexte de montée de l’antisémitisme alors préoccupante en Grande-Bretagne. Toutefois, il rendait également justice au Baron en notant qu’il avait été l’objet d’une fatwa un mois auparavant en demandant que deux islamistes militants actifs notoires prônant le Jihad soient expulsés de Grande-Bretagne. L’un n’excusant pas l’autre.
Conduite intéressante de ce Lord britannique originaire du Pakistan qui démontre qu’un même personnage peut combattre l’Islamisme tout en vilipendant Israël, des Juifs, voire la communauté juive britannique dans son entier et faire fi de la liberté d’expression qu’il revendique et utilise pleinement pour lui-même. Allant jusqu’à employer l’arme de la menace à l’ordre public et la cohésion nationale pour ce faire. Dans le but, en réalité, de défendre des versets coraniques incitant à utiliser la terreur contre son ennemi. Dont le premier qui est évoqué dans Fitna, le verset 60 de la sourate 8
Le tout sur fond d’une nouvelle montée d’antisémitisme en Grande-Bretagne, avec ses 270 cas répertoriés début 2009 contre 550 cas pour 2008. Des enfants juifs sont délibérément pris pour cible, rapporte Mark Townsend de l’Observer. Qui menace la cohésion nationale ? Et que font les autorités britanniques pour protéger les citoyens britanniques juifs et endiguer ces attaques inacceptables ? La police aide à former les bénévoles d’un organisme, le CST, qui a pour but la protection de la communauté juive…Pauvre Grande(sic)-Bretagne.