La déliquescence morale et politique qui frappe aujourd’hui la France a clairement dépassé le point de non-retour. Avec l’éruption guadeloupéenne se pose donc, avec une acuité redoublée, la question lancinante de la légitimité de l’Etat providence. Un Etat providence dont l’élection de Nicolas Sarkozy sur le thème de la rupture avait permis de penser que nous étions sur le chemin d’un véritable aggiornamento. Eh bien non !, et c’est avec tristesse que je suis bien obligé de constater que le président de tous les Français a brillamment réussi, en seulement 20 mois d’exercice du pouvoir, à trahir l’ensemble des espoirs placés en lui.
En voici d’ailleurs, en deux temps trois mouvements, la démonstration que nous livre dans son bloc-notes hebdomadaire le très lucide journaliste Ivan Rioufol. Extraits.
-1. "Ce département d’outre-mer est la caricature du mal français. Son économie administrée, aggravée par l’héritage aliénant de l’esclavage, l’a rendu improductif. Avec plus de 40% de fonctionnaires, près de 25% de chômeurs et un taux de RMistes quatre fois plus important qu’ailleurs, la déresponsabilisation a engendré la vacuité (…) Mais ce n’est pas en demandant toujours plus à l’Etat providence que la Guadeloupe se déliera de la "tutelle coloniale" dont elle s’estime prisonnière".
-2. "Aux Antilles comme en métropole, c’est tout un système économique, social, fiscal qui devrait être modernisé, afin de sortir d’un interventionnisme d’Etat qui infantilise la population et creuse les déficits publics. Or, c’est une politique inverse que semble vouloir suivre Nicolas Sarkozy qui, pour acheter la paix sociale, multiplie ces jours-ci les chèques en bois, en dépit des alertes de Bruxelles".
-3. "Pour s’être mis en rempart, Nicolas Sarkozy subit les assauts conjugués de tous ses opposants et singulièrement d’une gauche hystérique, qui n’a comme programme que de revenir à l’interventionnisme étatique et d’annuler les réformes entreprises, notamment pour l’université. Mais cet effet de masse qui envahit bruyamment l’espace médiatique, ne reflète qu’une partie de l’opinion. Fait-il rappeler que les "régressistes", qui ont réussi à imposer cette semaine le retour à n modèle social dispendieux, ne reflètent pas le choix des électeurs de 2007 ?".
Voilà donc où nous en sommes réellement d’une rupture (faire de la politique autrement ?) que les insuffisances criantes du pouvoir ont, d’entrée, tué dans l’oeuf ! Pour parler cru, je me pose sincèrement la question de savoir si, finalement, nous n’aurions pas élu le 6 mai 2007 un Président et un Gouvernement en peau de lapin…
Dans la foulée, une autre question vient alors naturellement à l’esprit : si tel était le cas, existe-t-il aujourd’hui une alternative crédible capable d’éviter le pire aux Français ? De telles interrogations, pour autant qu’elles soient justifiées et je crains de plus en plus qu’elles le soient, relèvent du pathétique.
Librement !
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