21 janvier 2025

D’une opération qui plombe…

Lu sur Un écho d’Israël un article de  Jean-Marie Allafort : " Deux mois après la fin de l’opération "plomb fondu" dans la Bande de Gaza, les esprits ne se calment pas. Les appels au boycott d’Israël se multiplient dans le monde, les manifestations anti-israéliennes parfois d’une violence inouïe, comme on a pu le voir cette semaine en Suède, se poursuivent, des diplomates israéliens sont expulsés, des hommes d’affaires et des sportifs ne peuvent plus obtenir de visas pour certains pays arabes ou musulmans, les Israéliens sont invités à la prudence et à la discrétion quand ils voyagent à l’étranger par peur de représailles ou pire, par crainte d’être la cible d’un enlèvement. "Le prix à payer pour une opération dont les résultats sont des plus décevants n’est-il pas trop élevé ?" nous confiait cette semaine un diplomate israélien.

Les déclarations des hommes politiques et des militaires, qui parlent d’affaiblissement du Hamas, d’une force de dissuasion retrouvée face aux groupes extrémistes islamiques et d’une nouvelle position favorable pour Israël en vue d’un nouvel accord de cessez-le-feu et de pourparlers pour la libération de Guilad Shalit, sont aujourd’hui surréalistes.

Depuis deux mois, plus d’une centaine de roquettes et de missiles Grad sont tombés sur Israël. Les habitants du Néguev occidental, d’Ashkelon et d’Ashdod ont repris le train-train ordinaire : celui de vivre dans l’angoisse de la prochaine roquette qui tombera peut-être sur leur maison et sur l’école de leurs enfants. L’opération "plomb fondu" n’a pas affaibli la volonté du Hamas et du Jihad islamique de frapper. Au contraire, elle en a fortifié la motivation. Renforcer la force de dissuasion face à ses ennemis, expression sacro-sainte voire magique en Israël, est l’une des illusions les plus amères de cette guerre qui n’est pas achevée. Chaque coup porté renforce le désir de vengeance et pousse le camp adverse à mieux se préparer pour un nouveau tour. Cette fois, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour s’en rendre compte.

Israël avait espéré que la guerre à Gaza le mettrait en position favorable pour négocier un accord de cessez-le-feu à long terme, et surtout pour parvenir à la libération de Shalit. Le but, plus ou moins déclaré de cette opération, était également de faire "baisser les enchères". Là encore, il n’en est rien. Le Hamas, dont la popularité dans les territoires palestiniens n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui, a durci ses exigences et demande la libération d’un millier de prisonniers palestiniens, dont des centaines de terroristes. Le gouvernement sortant n’est pas prêt à payer le prix de cette humiliation, et on peut douter que celui de Netanyahu se pliera à telles exigences. En attendant, cela fait presque 1000 jours que Guilad Shalit croupit dans les geôles de Hamas.

Contrairement à la deuxième guerre du Liban, l’opération de Gaza ne justifie pas la mise en place d’une commission d’enquête. Du point de vue strictement militaire, elle est une réussite, mais du point de vue politique, c’est un échec cuisant. Réussite n’est pas synonyme de victoire. De cette bataille, le Hamas a tiré de plus grands profits qu’Israël. Ismaël Hanyeh est plus populaire que Mahmoud Abbas. La sympathie pour la cause palestinienne est à son comble et, en corrélation, Israël est mis au banc des accusés. La communauté internationale se mobilise pour financer la reconstruction du territoire palestinien.

A l’état-major de Tsahal, on est conscient que la guerre dans la Bande de Gaza était le maximum de ce qu’Israël pouvait faire. La communauté internationale, et en tête les Etats-Unis, ne permettront pas qu’Israël relance une nouvelle opération de ce type.

Que fera le prochain chef du gouvernement, Binyamin Netanyahu, pour répondre aux tirs de roquettes ? Pour obtenir la libération de Shalit ou encore empêcher la mise en place d’un gouvernement d’union nationale palestinien ? Sa marge de manœuvre est désormais des plus réduites.

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