C’est une flopée d’articles et d’interrogations surtout qui déferlent sur les choix que la France pourrait ou devrait faire concernant l’Iran. Ahmadinejad ou Moussavi ? Conservateurs ou réformateurs ? Islam ou droits de l’Homme ? Mais bien loin d’une analyse critique sereine nous avons les pour et les contre. Et chaque camp d’excommunier l’autre au nom de la Vérité.
Il y a des vérités, des valeurs, mais une seule réalité. Il y a des opinions, des convictions mais au-dessus de tout, il y a l’intérêt de la Nation.
S’agit-il de trouver tel ou tel dirigeant sympathique, occidentalisé, ami ou ennemi des américains ou héritier de je ne sais quel Islam des lumières ? Nous reprochons assez aux dirigeants iraniens de détester « à priori » l’Occident pour ne pas construire « à priori » une réflexion et une action sur l’inclinaison favorable ou défavorable que nous pourrions avoir sur L’Orient.
La Perse, le « pays des Aryens », est une immense civilisation qui par les caprices et les mystères de la magie de l’histoire après la Conquête islamique (637-651) aboutit à la fin de l’empire Sassanide et au déclin de la religion zoroastrienne … On peut le regretter. C’est ainsi. L’Iran est la place forte du chiisme allant de Téhéran au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie alaouite. Un monde mystérieux, inquiétant, hétérogène et, à nos yeux, compliqué. Allons-nous attendre que les barbus mutent en imberbes et que leurs soeurs émancipées se promènent en mini-jupes accolées au torse de jeunes éphèbes efféminés pour amorcer des projets et des actions communes dans des domaines aussi divers que la diplomatie, l’énergie, l’écologie ou la culture ? J’entends déjà :« Vous oubliez la Révolution Verte et la mort héroïque de Neda ! ».
Certainement pas ! Mais en Chine, au Tibet, en Russie, en Algérie,au Mexique, au Congo il y a des centaines de Neda. Un jour tous les comptes seront réglés. Il appartient aux peuples concernés de décider le jour et l’heure, à moins de considérer que l’invasion militaire étrangère est toujours la seule solution …
D’autre part, l’idée de soutenir l’interdiction du nucléaire militaire n’est pas une option politique d’une diplomatie libre mais une position de vassal qui s’aligne d’une manière systématique sur les options géostratégiques américano-israéliennes. Systématique rime avec fanatique. Or, quand on a la chance d’avoir des amis libres et intelligents, il faut les aimer librement et intelligemment.
Cependant la France si, elle veut compter, doit dire clairement et fermement le moment où pour elle la diplomatie ne pourra que céder le pas à la guerre. Il faut dire aux dirigeants quelles sont pour nous les limites politiques d’agression directes ou indirectes à ne pas dépasser et s’y tenir.
Vous avez le droit, vous iraniens, comme tous les peuples de disposer de l’arme nucléaire et de militer pour le désarmement, mais sachez la terrible responsabilité que cela entraîne vis-à-vis de l’humanité et en premier lieu pour votre propre peuple.
Personne ne souhaite vous attaquer , mais, si vous commencez la guerre contre nous ou contre nos alliés, sachez que votre civilisation millénaire se résumera à ce qu’est devenu le Japon traditionnel après août 1945.
Rappelons l’essentiel, nous ne cherchons pas à épouser les ayatollahs. Sur cette terre nous sommes voisins à perpétuité et sommes donc condamnés à vivre ainsi encore assez longtemps ensemble…si du moins nous voulons vivre…
Il ne s’agit pas de convaincre ou d’imposer à l’autre ce qui le révulse mais de trouver entre états ,un « no man’s land », un espace sans guerrier où pour chaque civilisation existera pour les gens de la rue, les gens simples et honnêtes, un lieu d’échange et de découverte , une possibilité de pratiquer le verbe « faire », pacifiquement.
Cette démarche n’écarte pas définitivement le conflit militaire, mais peut en réduire considérablement les risques .
Aujourd’hui, bien des intellectuels tigres de papier affirment que jamais , oh grand jamais, ils n’auraient été ou ne sont munichois, moi, … je dis strictement l’inverse. Je suis munichois , je veux négocier , négocier encore , négocier jusqu’au bout.
Seulement, si l’adversaire , par bêtise, par prétention ou par fanfaronnade, pensant avoir affaire à des faibles, devient l’ennemi, alors, il faut l’écraser, le réduire en cendres.
Sans pitié aucune.