Tout ce monde présomptueux mue donc maintenant et à vive allure dans l’ADN de l’anti-globalisation universel et galactique. Et tous s’agitent en se servant ici du service public comme alibi, là de la patrie en danger comme faux nez. Alors que ni l’un ni l’autre n’ont besoin d’eux.
Cet hybride idéologiquement modifié (HIM) rassemble ainsi des pôles en apparence contradictoire et prétend ensorceler la soif insatiable du peuple toujours un peu gavroche lorsque les choses ne tournent pas rond comme actuellement.
Peut-on croire pourtant une seule seconde aux mièvres miettes de pensées factices de cet hybride ?
Gavroche devrait comprendre que ce cloaque creuse sa tombe en voulant une nouvelle fois son bonheur, alors qu’il pense plutôt d’abord au sien.
Gavroche devrait se méfier de ce mille pattes idéologique qui agite toujours la misère et l’injustice pour recruter l’éternelle preuve paresseuse de la seule et unique origine à tous les maux : la propriété, l’étranger, l’argent, et maintenant le monde entier.
Comment est-il possible de prendre encore au sérieux de telles inepties, malgré les millions de morts, les économies exsangues, sinon par illettrisme ?
Et pourtant les questions ne manquent pas pourrait-on dire à Gavroche.
Car croit-il vraiment que cet HIM peut apporter par exemple de solides réponses à l’urbanité effervescente et à dimension désormais mondiale, effet de serre compris ? Et qu’est-ce que “ vivre “ malgré les écueils de ses origines dans tout ce brasero techno urbain brûlant parfois ceux et celles qui veulent bien servir d’appât faute de mieux ?
Pour y répondre il faudrait non seulement une pensée forte, réduite au silence en dehors des cercles spécialisés, mais aussi un art à la hauteur d’une fin de partie qui sait dorénavant que Godot ne viendra plus. Il ne nous reste plus que les commémorations et les biographies pour nous rappeler que les Pascal, Balzac et autre Hugo ne sont apparus ni sur Vénus ni sur Mars mais ont été humains et même Français naguère.
Mais à quoi bon cependant s’élever comme eux aujourd’hui ? Artaud et Brecht pourquoi faire sinon une cruauté de quatre sous, pareil pour Rimbaud s’il s’agit seulement de réveiller le dormeur du val avec des lettres naïves ?
Refaire du dada surréaliste cet infini aux combinatoires sans issues dont le cubisme façon Picasso fut le rictus sans fin ?
Le revival peut certes faire encore rire les bleus et aider les communistes à placer quelques tranches de concombre sur le visage de Marx mais est-ce bien suffisant pour leur faire comprendre un monde qu’ils n’ont jamais pu saisir sinon en signalant, comme tout le monde, les traces de suie ?
De même dormir sur ses lauriers en continuant à s’enorgueillir de la gloire d’antan d’un Opéra est certes sympathique. Mais peut-il jouer autre chose que le rôle du gardien nostalgique des grandes émotions éternelles enfouies sous les décombres du sens au fur et à mesure que l’on en préserve la lettre pour cacher le vide de la création officielle à la pointe paraît-il de l’écume des jours alors qu’elle ne fait qu’en refléter son crépuscule béotien ?
Et la génération du néant avide de vide et ivre de puissance négative en croyant que le monde technique et démocratique ne se développe que par elle l’imite en pis en déclarant la guerre à l’espoir du sens.
Ce qui donne maintenant une culture réduite à son excitation qu’elle peut encore déclencher lorsqu’elle touche aux derniers réflexes tremblants de ce qui fut autrefois le désir de sublime.
Celui-ci n’étant plus qu’une affaire de mœurs, le faux s’en empare aussi pour faire croire qu’il a encore quelque chose à souiller, un bleu de ciel à détruire alors que sa vrille lui sert uniquement de faire valoir, d’érection artificielle.
Sa seule solution "radicale" consiste à confondre altérité et altération.
Il en est par exemple de la fausse homosexualité (l’homosexualisme) comme du faux bouddhisme ambiant :
À défaut de vouloir comprendre on prend ce que l’on peut en le revêtant d’un manteau mental exotique.
À défaut de comprendre l’exigence féminine moderne à vivre pleinement et passionnément chaque seconde certains le refusent et préfèrent maquiller leur désir de suprématie en se limitant à leur seul sexe, manipulant l’homosexualisme multiforme à des fins hégémoniques, niant ainsi l’altérité que peut apporter l’autre sexe.
De la même façon, les mêmes peuvent nier la jeunesse en le restant éternellement par des attitudes immatures. Quitte à empêcher les nouvelles générations d’exister. En simulant le génie et la sagesse. En produisant à profusion une "connaissance", un "art" aussi pompiers qu’inutiles.
Il faut en effet bien admettre, au delà des différences d’approche et des multiples définitions insistant sur telle ou telle nuance que depuis plusieurs années n’importe quoi se dit sur l’éducation, les médias, l’identité sexuelle, la mondialisation.
Le fait même de le souligner catalogue d’ailleurs d’emblée le doute ou la critique comme résistances à éliminer, suppôt de l’ordre : établi, moral, bourgeois, néo, ultra, libéral, cosmopolite : au choix.
Les beaux jours des temps absolutistes et totalitaires ne sont donc pas morts avec le fascisme, le nazisme et l’effondrement du Mur de Berlin.
La dissolution politico-intellectuelle dans le nihilisme hybride idéologiquement modifié (HIM) veut donc dire que toute une frange de concepteurs, de décideurs, ont pourtant vu leurs théories et leurs pratiques bel et bien balayées par les faits et pourtant, malgré cela, ils persistent, volontairement, dans l’erreur. Cynisme à l’état pur.
Bien sûr leur pouvoir sur l’Etat, l’opinion, est en jeu.
Il leur faut donc perpétuer cette persistance, volontaire, à préférer l’erreur en se calfeutrant derrière des évidences agitées avec tout un esprit de lourdeur et de suspicion.
Car qui peut être contre la réduction des inégalités, une vision plus ouverte de la notion d’identité, une volonté de régulation de la mondialisation ?
Or toutes les conceptions et les pratiques politiques que nous accusons ici d’avoir basculées dans le nihilisme (HIM) s’accaparent ces problèmes tout en prétendant être les seules à les penser. Alors qu’elles ne font qu’y ajouter de la confusion et même en aggraver les difficultés.
Mais comme leur propos sait catalyser une certaine révolte diffuse, toujours latente, contre l’ordre social et l’inédit, leur discours passe: il est en effet beaucoup plus médiatique (entendez seyant, sexy) que l’austérité savante démontrant pourtant, et depuis des lustres, la fausseté radicale de leur dire.
Qu’on en juge :
S’agissant de l’éducation.
Il est par exemple prétendu que les inégalités sociales et culturelles étant les causes principales de l’inégalité des chances, il faut que l’école allège ses programmes, et les fasse identiques pour tous afin d’éviter de creuser l’écart.
Or il se trouve, d’après certaines études peu connues du grand public ( telle L’axiomatique de l’inégalité des chances, 2000, ed l’Harmattan, en particulier l’article de Raymond Boudon, chap. 1 ) qu’il n’en soit rien. Le fait par exemple d’alléger et de rendre identique les programmes non seulement ne réduit pas les inégalités, mais les aggrave. Dans ces conditions au lieu de compenser les inégalités par la recherche d’une meilleure réussite scolaire, comme le conseille les auteurs de ces études peu connues, les différentes réformes ont préférées rogner celle-ci pour la rendre plus accessible. Ce qui a eu pour résultat, au dire même des documents officiels, d’augmenter en fait les inégalités alors que ces réformes étaient censées les réduire !
S’agissant des médias.
La concurrence effectuée par les journalistes et les animateurs de télévision et de radio au détriment de l’intellectuel-tribun à la française, rend fou de jalousie ce dernier qui devient d’autant plus envieux, aigri même, que ce type de journaliste haï est bien plus fort en synthèse et en pédagogie. Tout en étant plus réaliste à force de côtoyer le réel. Ce qui semble absurde pour ce type d’intellectuel qui rêve justement d’une politique capable d’abolir le réel.
S’agissant de l’identité sexuelle.
Il est bon ton de se servir de l’actuelle libéralisation des mœurs pour l’utiliser comme outil idéologique permettant d’adouber tout ce que l’on dénonce pourtant au niveau économique et social : productivisme libidinal, réductionnisme du sentiment à de l’excitation physiologique et de l’esthétique à de la manipulation plastique, anti-régulation des comportements à risques… Act up comme suppôt du nouvel ordre moral en réalité…La réduction de l’érotisme à la pornographie permet d’étendre le nihilisme déconstructionniste, postmoderne et foucaldien.
S’agissant de la mondialisation.
Qu’on le veuille ou non la ville-réseau prend le pas sur le village-clan. La technique soulage le travail humain. Le développement préfère la prospérité à l’austérité. La démocratie à l’autocratie. La mondialisation inclut donc aussi la globalisation.
Qu’il y ait aussi du pire, personne ne le nie. Faut-il pour autant défendre les conducteurs de diligence au point de refuser l’arrivée du train ? Faut-il répandre l’idée perverse que tout ce qui se globalise est nécessairement mauvais, démoniaque, alors que le désir de grandir et de s’organiser, de faire des économies d’échelle, est tout à fait nécessaire, voire crucial ? C’est précisément le rôle des nouvelles régulations d’en définir les limites. Ce qui implique de modifier la prérogatives des Etats et donc de cesser la confusion entre Etat et Nation, même si historiquement elle se justifie. Or d’aucuns préfèrent aviver les peurs et agiter les plus noirs desseins, de peur de voir là aussi leur hégémonie idéologique être mise en cause.
S’agissant de la dite "exception culturelle".
C‘est bien pourquoi est agitée l’idée de la forteresse assiégée alors que ces gens qui hurlent ainsi n’ont de cesse d’activer la destruction de la pensée et de l’art en France. "Le" cinéma ? Exit. "La" littérature ? A l’agonie. "La" pensée ? À part une poignée qui écrit pour les générations futures, tels les moines du bas moyen-âge, le reste est exsangue ou insignifiant.Les Beaux Arts ? Peinture, sculpture ? Revival. Death. La danse ? Sans commentaires, malgré quelques perles provinciales. Le théâtre ? Pas même, bien que certaines heureuses retrouvailles avec les grands classiques laissent espérer une Renaissance. La musique, la chanson ? Ne tirons pas sur l’ambulance, malgré quelques lucioles ici et là pourtant.
L’exception culturelle sert donc uniquement de monopole pour ceux-là mêmes qui n’ont plus rien à dire sinon bégayer surréalisme et art studio, existentialisme et matérialisme dialectique, dans un néo-académisme abracadabrantesque préparant le chemin pour l’iconoclastrie de l’alter-islamisme.
Nous verrons ces absurdités HIM une par une au fil du Temps.
(Paru en 2006)
Une réflexion sur « Quelle aurore pour la France ? »