14 janvier 2025

Retour sur le discours du “roi des rois” Kadhafi

C’est la première fois que le «Roi des Rois Traditionnels d’Afrique» assiste à l’Assemblée générale depuis 1969, date de son arrivée au pouvoir. Sa présence était d’autant plus importante que son pays préside cette année l’Assemblée. Conséquence: Il  a pu s’exprimer tout de suite après le Président américain, et avant Nicolas Sarkozy.

Le 24  Septembre 2009  Ali Treki, le président (libyen) de l’Assemblée générale de l’ONU, a demandé, sérieusement, aux délégations internationales d’accueillir le "roi des rois", en la personne du chef d’Etat Mouammar Kadhafi, qui s’est présenté à la tribune, sous les applaudissements et les rires du public.
 
A coté de ses déclarations sur la fatigue causée par le décalage horaire ("je me suis levé à 4 heures du matin, car en Libye il est 11h00, et je sais que vous êtes tous fatigués par le décalage horaire"), sa proposition de déplacer l’ONU ("pourquoi venez-vous tous ici, au-delà de l’Océan ? Est-ce Jérusalem, ou le Vatican ?"), et ses remerciements aux Américains qui "reçoivent et payent tous les frais", Kadhafi – dont le discours s’est prolongé pendant une heure et demi, soit bien au-delà des 15 minutes accordées aux chefs d’Etats par Ali Treki – a affirmé que le Conseil de sécurité de l’ONU, devait plutôt être appelé "Conseil du terrorisme" pour ses décisions unilatérales, "comme Al Qaeda", et que cette institution ne respecte pas le mandat initial de l’ONU établi il y a 64 ans, accordant un statut identique et égalitaire à tous les Etats du monde.

Le chef de l’Etat libyen  est coutumier des provocations. Pas plus tard que cet été, c’est en héros que Kadhafi a accueilli l’homme condamné pour l’attentat de Lockerbie, perpétré en 1988. 

Dans son discours ahurissant, avec ses feuilles de brouillon jaunes, Kadhafi a surtout  repris  le  mythe persistant  à propos des juifs dans les pays arabes : Le monde arabe  aurait fait preuve d’une plus grande tolérance à leur égard que les chrétiens animés par un antisémitisme très ancien (" Vous les occidentaux vous détestez les juifs, vous les avez  maltraités en Europe, vous les avez humiliés, nous les arabes nous les aimons, se sont nos cousins et nous avons toujours vécus avec eux en paix (…) vous en Europe vous etes les vrais antisémites »
 
Là il faut absolument dénoncer ce mythe ; Je m’efforcerai d’aller au-delà de l’affirmation facile selon laquelle les Juifs jouirent d’une plus grande sécurité dans le monde arabo-musulman que dans les pays  du continent européens.
                                                                          
Les Juifs ne vivaient dans le monde arabo-mulman qu’en qualité de (Dhimis), c’est à dire des  créatures de second degré. Les  pays  islamiques  ne savent pas ce qu’est la citoyenneté démocratique parce que l’islam y est religion d’État.
 
La situation sociale des Juifs, dans le monde arabo-musulman,  découlait  donc de leur statut juridique inférieure relatif à leur religion. La masse des musulmans manifestait mépris à l’égard des dhimmi et des étrangers quels qu’ils soient. Les Juifs n’ayant pas d’existence politique indépendante et ne constituant pas une nation contrôlant un territoire défini, bénéficiaient d’une présomption de loyauté envers les autorités, qui les traitaient  comme  dhimmi collectivement et individuellement. Ils étaient les serviteurs obligés des potentats qui, parfois les livraient à la foule.
 
De nombreuses communautés juives durent s’installer dans des ghettos. On les oblige à vivre dans des quartiers séparés, on les tient pour des créatures impures dont le commerce et la présence provoquent une souillure.
 
Les juifs ont été dhimmisés  dans les sociétés  islamiques et c’est à ce prix là qu’ils ont pu survivre quand ils n’ont pas été carrément massacrés. Les émeutes, les pogroms et la déportation des Juifs représentaient donc la suite des souffrances subies par les Juifs sous les régimes musulmans. Il y a toujours eu quelques  Musulmans qui prirent la défense des Juifs. Ceux-là méritent bien que l’on s’en souvienne. Certes, il y a eu des périodes prospères. Mais il semble que la majeure partie de cette prospérité juive – par exemple dans l’Égypte des années 1920-1930, dans l’Algérie des 19ème et 20ème siècles, dans l’Irak des années 1920 – soit due au régime colonial. Dans la plupart des cas, la situation des Juifs était mauvaise avant l’arrivé des  européens.

C’est pourquoi d’ailleurs  le colonialisme a souvent été vécu par ces dominés là comme une délivrance. L’Occident n’est certes pas venu là pour les libérer, mais au passage, la Loi de l’Occident colonisateur a pu amoindrir leurs souffrances. C’est aussi pourquoi ces communautés juives, du Maroc à l’Irak, ont tant redouté le moment de l’indépendance arabe dont elles craignaient qu’elle ne fut synonyme du retour de l’arbitraire, de la violence et de la soumission.
 
1 000 000 de juifs ont dû quitter leurs biens, leurs terres, leurs racines dans les pays arabes pour se réfugier en Israël. En moins d’une génération (1945-1970) pourtant, sans que cela émeuve beaucoup les historiographes du temps présent, vingt siècles de vie juive et un million de personnes furent arrachés à leur terre natale.
 
Aujourd’hui, il n’y a plus aucun Juif par exemple en  Libye (information officielle). Israël à du accueillir l’afflux de survivants des camps de la mort en Europe  mais aussi  les réfugiés juifs fuyant le Yémen, l’Irak , l’Egypte , l’Algérie , le Maroc , la Tunisie, la Libye…
 
En attendant que Kadhafi comprenne que la dhimmitude et l’esclavage ayant encore cours aujourd’hui sont incompatibles avec l’humanisme, il ne faut pas tomber facilement dans ces âneries et croire naïvement que les Juifs jouirent d’une plus grande sécurité dans le monde arabo-musulman.  Les bien-pensants, ne voient pas la réalité dans le statut de dhimmitude. Quand le Juif se débarrasse de la dhimmitude, un statut de demi-homme, protégé et inférieur, l’édifice psychique de l’ordre arabo musulman semble vaciller sur ses bases.
 
C’est pour cela d’ailleurs que le  dirigeant libyen,  Mouammar Kadhafi ;   ne peut  digérer de voir Israël (qui a rassemblé  les juifs expulsés des pays arabes) comme un pays souverain siégeant parmi la communauté des nations. Israël est effectivement “coupable” à ses yeux d’avoir accueilli les milliers de réfugiés  libyens.
 
Dans son discours ahurissant, toujours avec ses feuilles de brouillon jaunes,  Kadhafi a présenté son idée bidon d’une Confédération judéo-palestinienne. Le Guide propose cette solution suicidaire depuis longtemps : pour régler définitivement le conflit entre Israéliens et Palestiniens, il faut créer un Etat commun qu’il propose d’appeler « Isratine ».
 
Cette « solution » peu innocente apparaît très efficace pour Mouammar Kadhafi, lui qui un jour déclarait  au Figaro du 19 décembre 2006: « Sans épée, sans fusil, sans conquêtes, les 50 millions de musulmans en Europe la transformeront bientôt en continent musulman ! ».
 
Alors imaginez   un instant à quoi va rassembler « Isratine », avec seulement  sept millions de juifs ???
 
Kadhafi devrait pencher à revoir sa politique de son pays et préparer la Libye à une révolution interne, revoir sa Constitution, procéder à des réformes politiques, économiques et institutionnelles au lieu de jouer au guide éternellement! Et surtout pas Israël qui  n’a pas besoin de ses idées ni de ses plans  suicidaires.

Cela fait plaisir d’entendre que l’autoproclamé roi d’Afrique n’a pas eu de tapis rouge New York. Le guide libyen qui s’est  contenté finalement de planter sa tente dans le luxueux hôtel «Le Pierre», à deux pas de Central Park, a même eu droit à une manifestation bruyante de la part des familles de l’attentat de Lockerbie. Devant les fenêtres de l’ONU.

 «Nous  crachons à sa figure pour  tout le mal que nous pensons de lui», explique à L’Hebdo Bob Monetti, dont le fils Rick, 20 ans, a été tué dans l’attentat de Lockerbie. «Les Suisses ont bien eu raison d’arrêter son fils. Ce n’est qu’une famille de fous et de salauds.» Certes, mais c’est aussi une famille qui est assise sur des milliards de pétrodollars.

Et comme toujours dans ces conditions, les affaires ont pris le dessus dans une Amérique en crise économique à la recherche de nouveaux marchés et qui a soif d’or noir. Kadhafi n’a pas  risqué grand-chose durant son séjour. Ses deux fils Saif Al Islam et Moutassem, qui s’étaient  trouvé depuis le 20 septembre dernier au bord de l’Hôtel Hudson, ont  négocié de monstrueux contrats dans les télécoms et l’aviation civile. Ils ont  préparé en outre le terrain pour cette visite sans faute. Le dictateur libyen en rêve depuis des années. Lui, l’ancien paria de la communauté internationale, lui qui vient de fêter ses 40 ans de règne, a eu droit aux «lumières» de l’ONU.

 Tunis

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