Laurent Mucchielli, on le sait, est bien plus idéologue que "sociologue", on l'avait déjà remarqué lors de ses propos erronés sur les émeutes de 2005 n'y voyant qu'un vaste réactif à la violence policière anti-musulmane (une grenade ayant atterri sur le perron d'une mosquée aurait tout déclenché, vieille antienne (j'analyse sa prose dans un récent article, à la partie " LES ÉMEUTES DE NOVEMBRE 2005 ") ; aujourd'hui il se sert, adroitement il est vrai, du relativisme judiciaire ambiant classant par exemple x infractions en "incivilités" qui ne seront alors pas classées comme condamnations mais mises à l'épreuve, avertissements via des TUP ou des RUP (travaux ou réparations d'utilité publique), ce qui infirme d'autant évidemment la dérive nihiliste de certains mineurs et donc les récents propos du ministre de l'intérieur. Pendant ce temps, des policiers accompagnent certaines lignes de bus de banlieue parce que des bandes s'y battent dans ces véhicules à coup de hache… Voyons de plus près la prose de ce sieur que Le Monde s'est empressé d'amplifier :
" La statistique judiciaire des condamnations est donc la seule à fournir des tranches d’âge permettant de tester l’hypothèse du rajeunissement de la délinquance. Comme toujours, cet indicateur n’est pas parfait (ce sont seulement les personnes condamnées), mais c’est le seul disponible. Depuis 1989, pour les mineurs, cette série statistique distingue les moins de 13 ans, les 13-16 ans et les 16-18 ans. Il suffit alors de faire quelques calculs pour réaliser la comparaison dans le temps de cette répartition par âge des personnes condamnées par la justice. Et le résultat invalide l’hypothèse du rajeunissement, il montre en effet une stabilité quasi parfaite de la répartition par âge. " ( in http://champpenal.revues.org/7053#tocto1n7 ).
Et il insiste : " L’ensemble des faits susceptibles d’être qualifiés de criminels (à savoir les homicides, les viols, les vols à main armée, les prises d’otages et séquestrations et enfin les trafics de drogue) ne représentent que 1,3 % du total des infractions reprochées aux mineurs. A contrario 98,7 % de cette délinquance n’est donc pas constituée par des actes graves du type de ceux cités par la ministre (ce sont des vols, des dégradations, des bagarres, des simples usages de drogue, etc.). Cette dernière a donc présenté pour des généralités des crimes qui sont en réalité des exceptions".
Sauf que des "dégradations, des bagarres" qui s'effectuent en plein bus, dans la rue, suscitent peurs angoisses au mieux puisque au pis l'on risque soi-même d'en subir les conséquences par des coups, par exemple si l'on ose regarder en face etc… Il faut lire à ce propos les travaux bien plus objectifs de Xavier Raufer en la matière : http://www.publications-justice.fr/publications/entretiens-temoignages/entretien-avec-le-criminologue-xavier-raufer
Mais allons voir sur le site du Ministère de la Justice pour se rendre compte : http://www.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10042&ssrubrique=10271:
On y verra que plus de la moitié des mineurs qui auraient pu écoper de sanctions pénales s'en sortent par de l'éducatif et que le résultat est bien fragile puisque les chiffres de non récidive ne courent que sur une année (je commenterai encore à la suite de ce document du Ministère ) :
" Les chiffres clés de la justice des mineurs (2008)
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