22 janvier 2025

CHANGEMENT DE TACTIQUE

La décérébration, unique dans l'histoire du monde, au regard de la surinformation médiatique des esprits, réside autant dans ce qui est répété faussement que dans ce qui est celé soigneusement.
Ainsi, pour illustrer la pensée de Claude Lévi-Strauss, la presse qui formate a cité ad nauseam sa critique d'un nationalisme outrancier, histoire de moquer un peu le concept d'identité nationale.
Mais la même s'est bien gardée de rappeler que l'auteur de «Tristes Tropiques» avait confié que les contacts qu'il avait eus avec le monde arabe lui avaient inspiré «une indéracinable antipathie» (interview le Nouvel Obs).
Celle qui oppresse en douceur a oublié, pour célébrer l'anthropologue défunt, de rappeler cette observation :
« Tout l'Islam semble être, en effet, une méthode pour développer dans l'esprit des croyants des conflits insurmontables, quitte à les sauver par la suite en leur proposant des solutions d'une très grande (mais trop grande) simplicité. D'une main on les précipite, de l'autre on les retire au bord de l'abîme. Vous inquiétez-vous de la vertu de vos épouses ou de vos filles pendant que vous êtes en campagne ? Rien de plus simple voilez-les et cloîtrez-les.
C'est ainsi qu'on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique avec sa coupe compliquée, ses guichets en passementerie pour la vision, ses boutons-pression et ses cordonnets, le lourd tissu dont il est fait pour s'adapter exactement aux contours du corps humain tout en le dissimulant aussi complètement que possible. (…) Grande religion qui se fonde moins sur l'évidence d'une révélation que sur l'impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l'intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s'en rendent coupables ; car s'ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c'est plus grave) incapables de supporter l'existence d'autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l'abri du doute et de l'humiliation consiste dans une «néantisation» d'autrui, considéré comme témoins d'une autrefois et d'une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d'une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s'avouer, puisque, en se reconnaissant comme telles, elle équivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants. (…) Ainsi l'islam qui, dans le Proche-Orient, fut l'inventeur de la tolérance, pardonne mal aux non-musulmans de ne pas abjurer leur foi au profit de la sienne, puisqu'elle assure toutes les autres la supériorité écrasante de les respecter ».
Mais c'est sans doute par charité envers le grand disparu que la presse n'a pas rappelé ce qui précède, de crainte que celui-ci ne soit  frappé d'une fatwa à titre posthume.
 
On a beaucoup parlé du dernier songe d'Attali en matière d'antisémitisme, mais on ne parlera pas dans la presse française de la mise en cause par son fondateur, Robert Bernstein, de l'association Human Rights Watch. Dans un article très commenté outre-Atlantique du New York Times (20 octobre), Bernstein qui présida l'organisation jusqu'en 1998, considère que celle-ci s'est dévoyée dans un anti-israélisme obsessionnel.
Déjà, les journaux hexagonaux étaient restés discrets sur les informations récentes sur les rapports financiers entre l'O.N.G. béatifiée et l'Arabie Saoudite.
Même mutisme lorsque l'association a été contrainte de se séparer dernièrement de Marc Garlasco, responsable des questions militaires, il y a peu encensé pour ses rapports critiques envers Tsahal à Gaza, mais convaincu aujourd'hui de fascination pour le nazisme.
Car en France médiatique, on tape sur les diaboliques Etats, pas sur les sacro-saintes Organisations Non Gouvernementales.
 
On parlera longtemps encore, et avec délectation, du rapport Goldstone ; en revanche nul ne perdra son temps à rappeler que le président de l'Assemblée Générale onusienne qui vient d'entériner le torchon précité, le libyen Ali Triki, n'est autre que l'auteur d'un discours thuriféraire à l'égard d'Adolf Hitler et de son œuvre humanitaire.
Symbole surréaliste de la folie des temps.
Rendons ici hommage au sens de la mesure de la presse française : comme le Quai d'Orsay, elle s'abstient.
 
À ce degré de dégénérescence, on se demande toujours, moi le premier, ce que devraient faire les principales victimes expiatoires des délits et dénis médiatiques.
S'agissant d'Israël, on m'a adressé un article intéressant de Daniel Greenfield intitulé «Pourquoi Israël perd les guerres médiatiques».
L'auteur y développe une analyse pugnace, qu’il m'arrive, par gros temps, de préconiser :
« Plus Israël a voulu montrer sa bonne volonté, plus il s'est trouvé acculé à la défensive. L'objectif des gouvernements israéliens successifs n'est plus d'être une grande nation ni une nation forte, mais d'être une nation qui plaise à tout le monde. (…) Plus Israël a été sur la défensive, plus le terrorisme et la diabolisation Israël sont devenus terribles. C'est tout à fait naturel, quand on bat en retraite, le feu de l’ennemi n’en devient que plus nourri».
Pour apporter mon eau rance à ce moulin à broyer des grains amers, je citerai cette phrase de notre bon vieux Freud, dans sa correspondance à son disciple Eitigon (23 septembre 1927) : « Je vais essayer avec ce changement de tactique — un peu tardif toutefois. J'ai toujours été le tolérant qui voulait provoquer l'apaisement. Cela ne m'a pas servi à grand-chose, ce sont les autres qui ont eu le besoin de m'attribuer une dose d'intolérance et d'agression qui n'a jamais été la mienne. Je veux à présent leur faire ce plaisir : désormais je compte être l'exigeant le sévère, l'insatisfait. J'en ai plus le droit qu’eux ».
 
Et nous donc.
 

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