1 juin 2023

A qui confier les orphelins nouveaux-nés?

Soit un nouveau-né orphelin et deux couples au solide dossier préposés à l'adopter ; il se trouve que l'un des couples est homosexuel, la cour européenne tranche (sur la base de l'article 13 du Traité européen entré en vigueur le 1er mai 1999), de même aujourd'hui une juge du tribunal administratif de Besançon, en stipulant qu'il y aurait discrimination si le nouveau-né n'était pas confié au couple homosexuel ; c'est ce qu'il faut récuser et ce par trois arguments psychologique, historique, morphologique ; sans pour autant cependant fermer la porte de l'adoption aux couples homosexuels car nombre d'enfants non nouveaux-nés restent en orphelinat et que donc l'on peut fort bien envisager de les confier à celles et ceux qui désirent si fort un enfant qu'ils ne peuvent faire de l'âge le critère discriminant ; ce dernier aspect s'appliquant particulièrement aux couples homosexuels comme on va le voir maintenant dans la démonstration des trois arguments pré-cités.

Le niveau psychologique n'est pas de la compétence des juges, aussi ne peuvent-ils pas délimiter si le fait d'avoir deux pères ou deux mères est équivalent au fait d'avoir un père et une mère pour la construction psychique du nouveau-né. Qu'ils s'appuient sur des études en la matière ne change rien puisque ces mêmes études ne suscitent pas l'unanimité dans leur champ de compétence. Il est faux par exemple de prétendre qu'elles ont tranchées majoritairement du côté de l'indifférenciation quant à la composition sexuée de l'affiliation en ce sens que son influence serait égale à zéro dans la construction du rapport au monde. Il existe d'ailleurs trop peu d'études en la matière. Ainsi est-il indiqué dans un travail récent très favorable à cette indifférentiation, que " Cependant, ces études portent sur des gais et des lesbiennes qui ont majoritairement élevés leurs enfants biologiques, alors qu'ils étaient hétérosexuels. Très peu d'études témoignent de l'expérience des enfants élevés exclusivement dans un contexte homosexuel, et encore moins d'études ont comparé des enfants élevés par un couple homosexuel et des enfants élevés dans une famille monoparentale dont le parent est homosexuel". (1)

Les auteurs ne font état que d'une seule étude en la matière impliquant 80 enfants d'âge scolaire allant dans le sens de l'indifférenciation (idem), tandis qu'un film "Nous, enfants d'homos" expose la pression exercée sur ces enfants en soulignant  "qu'il y a une certaine pression sur les jeunes pour qu'ils donnent une bonne image de ces nouvelles structures familiales." (note 2, on en reparlera dans le troisièmement). Aussi est-il imprudent d'affirmer comme le fait  ERIC DUBREUIL, (coprésident de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) que "Aucune étude n'a jamais démontré pour l'instant l'existence de problèmes psychologiques chez les enfants élevés par des couples homo. Le risque bien sûr serait que l'enfant qui a besoin du double référent homme/femme pour se construire, se retrouve coupé de l'autre sexe. En réalité, l'environnement social (école mixte…) et familial (grands-parents, oncles et tantes…) réduit à zéro ce risque."(note 3)

Mais de toute façon tant que cette unanimité n'est pas atteinte, les juges ne peuvent pas s'appuyer sur les études qu'ils auraient sélectionnés eux-mêmes puisqu'ils n'ont pas la compétence psychologique pour le faire. Imagine-t-on la mise en circulation d'un médicament ou l'homologation d'une machine quelconque, nucléaire par exemple, qui reposerait sur le seul avis de juges ? Par ailleurs l'identification que tentent d'établir certains entre homoparentalité et homophobie est spécieux, et dénote de la fragilité globale de leur argumentaire ( par exemple Florence Leroy-Forgeot : http://www.europeplusnet.com/article367.html ). Enfin, on pourrait étendre l'argumentaire des non dommages collatéraux en matière psychologique à la césure majeur/mineur concernant l'âge licite en matière de rapports sexuels puisque rien ne dit non plus qu'avoir des rapports avec une fillette de neuf ans (Mahomet) ou 13 ans (Polanski) entraînerait de séquelles psychologiques, y compris en matière de viol, et d'ailleurs certains militent pour que celui-ci ne soit plus considéré comme un crime (Tels Foucault, Iacub, note 4). Dans ces conditions la barrière actuelle des 15 ans devrait nécessairement tomber elle aussi.

Au niveau historique,l'idée répandue (essentiellement par la prose foucaldo-bourdieusienne) que la famille telle qu'on la connaît aujourd'hui daterait du 19ème siècle alors que dans les temps anciens, l'idée de famille aurait été bien plus large et composite  ne repose sur aucun fondement, ou alors sur une analyse partiale ou idéologique de la documentation ethnologique. Ainsi si l'on s'appuie sur les travaux d'Evans-Pritchard (qui ont été un des points d'appui de Lévi-strauss pour son étude sur les structures élémentaires de la parenté, note 5) consacrés aux Nuers (note 6) celui-ci ne fait en aucun cas état de structures indifférenciées : il existe bien une parenté composée d'un père et d'une mère, (p. 223), et s'il est coutumier qu'un homme "appelle couramment toute personne plus âgée que lui "père" et "mère", toute personne à peu près de son âge, "frère" et " soeur" " (p.202) il ne s'en suit pas que l'indifférenciation soit le critère de parentalité. De même s'il y avait indifférentiation cela s'étendrait également à la structure familiale elle-même en ce sens qu'il n'y aurait même pas de couple permanent et donc pas de notion d'adultère, ce que dément les analyses empiriques d'Evans-Pritchard (pp. 194, 195).

Au niveau morphologique enfin une telle indifférenciation s'appuie sur une conception idéologique et non pas constitutive de l'homosexualité en ce sens qu'il est indiqué dans la plupart des innombrables analyses sur le sujet que l'on ne naît pas mais que l'on devient homosexuel paraphrasant ainsi la formule de Simone de Beauvoir (on ne naît pas femme on le devient) elle-même dérivant d'une formule immémoriale, on ne naît pas homme on le devient, or, si l'on ne naît pas homosexuel, s'il s'agit d'un choix culturel, on ne voit pas pourquoi une telle intentionnalité volontaire devrait alors bénéficier de droits supérieurs à ceux de l'enfant, surtout lorsque celui-ci n'a aucun moyen de les faire prévaloir. Cette analyse prévaut aussi lorsque l'homosexualité n'est pas considérée comme acquise. Mais la revendication d'égalité peut mieux se comprendre, même si elle se heurte elle aussi à la barrière des droits de l'enfant. Par contre, il est possible de considérer comme il a été indiqué dès le début que lorsqu'il s'agit d'enfants plus âgés et à partir du moment où ceux-ci seraient en mesure de le préciser, on ne voit pas pourquoi des couples homosexuels ne pourraient pas être autorisés en la matière. Dans ces conditions le mariage devrait être redimensionné en ce sens mais seulement en celui-ci.

En définitive s'il s'agit d'un problème réel, il s'avère d'une part qu'il a d'ores et déjà été tranché en réalité dans les faits par divers recours et contournements, et ce sans tenir réellement compte de ces divers aspects relatifs au respect des droits de l'enfant, d'autre part, il convient de souligner que tout une campagne idéologique vient miner toute neutralité axiologique puisque d'aucuns utilisent ce problème soit en vue d'ajouter une contradiction plus à la "société occidentale" afin de la faire imploser/exploser, soit en vue d'effectuer des expérimentations idéaliste de type esthético-culturelle afin de prouver la supériorité de l'idée sur la matière, ou le dernier avatar de l'approche conceptualiste du nihilisme contemporain (note 7) élevant la manipulation du corps humain en oeuvre d'art,  stade ultime de l'eugénisme de si sinistre mémoire qui ne peut qu'alimenter tous les intégrismes contre la Modernité puisque les tenants de ces nouvelles techne s'en réclament, quand bien même prétendraient-ils la dépasser. Aussi les défenseurs des droits de l'enfant sont-ils de plus en plus prise en quinconce par les partisans intégristes de la rigidité ontologique de la structure familiale, jusqu'à fonder divinement l'infériorité de la femme, d'un côté, et les partisans fondamentalistes d'une hyper-modernité prétendant réduire le rapport des normes aux valeurs à la seule dimension idéaliste du conventionnalisme consensualiste, posant l'altérité non plus comme une différence enrichissante, mais une copie narcissique du même identique au pareil. Il serait temps de penser à une dialectique morphologique du même et de l'autre qui fasse en sorte que l'identité se nourrisse de différence plutôt qu'elle ne se dilue dans l'indifférenciation posée comme plasticité ou ectoplasme manipulable à l'infini, ce qui serait son seul visage, et lui enlèverait alors toute liberté, surtout lorsqu'elle est incarné par le nouveau-né désormais enjeu et support miroir d’un égotisme généralisé.

 

Notes

Note 1 : Psychologie du développement: Les âges de la vie. Par Helen Bee, Denise Boyd, François Gosselin, De Boeck édition, 2e édition (10 janvier 2003, p.221 le passage était lisible au 11 novembre 2009 à l'URL suivante : http://books.google.com/books?id=Ff5GOfD_2cYC&pg=PA221&lpg=PA221&dq=les+enfants+élevés+dans+un+environnement+majoritairement+homosexuel&source=bl&ots=618ghNIyVn&sig=3iiy9yJzfezvIJg_rfG5nqTYvTI&hl=fr&ei=xGH6StX4IdPOjAfVqOGwBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAgQ6AEwAA#v=onepage&q=les%20enfants%20élevés%20dans%20un%20environnement%20majoritairement%20homosexuel&f=false

Note 2 : http://www.vuesdenface.com/edition2005/fr/nous_enfants_d_homos.html

Note 3 : http://homoparentalite.free.fr/avis/dubreuil.htm

Note 4 : http://www.lucien-sa-oulahbib.info/article-viol—foucault-et-iacub-au-secours-de-frederic-mitterrand-37290254.html

Note 5 : Paris, éditions Mouton & CO and Maison des sciences de l’Homme, 1967, p. 552.

Note 6 : Les Nuer, (1938) Paris, Gallimard, 1968

Note 7 : La philosophie cannibale : http://www.amazon.fr/philosophie-cannibale-mutilation-lappropriation-totalitaire/dp/2710327392

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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