Pallier les insuffisances du GIEC et faire pression sur l’OMC.

Puisque le GIEC ne répond plus aux espoirs mis en lui, allons au-delà du GIEC, et créons cette Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) qui saura imposer la politique de développement durable globale que toute l’idéologie verte appelle de ses vœux, celle portée par WWF et Greenpeace notamment. L’idée en avait été évoquée par Jacques Chirac lors d’un sommet de l’Union Européenne et de l’Amérique Latine en mai 2006. Nicolas Sarkozy en a fait un cheval de bataille.

Tout au long de l’année 2009, sentant que la négociation en vue d’un accord climatique à Copenhague ne progressait pas, le Président français et Jean-Louis Borloo n’ont pas ménagé leur peine pour tenter de rallier des dirigeants mondiaux au projet d’OME. Ils espéraient que les participants au sommet de Copenhague prendraient position en faveur de ce projet. Ainsi, Sarkozy déclarait aux membres de l’Organisation Internationale du Travail réunis à Genève, le 15 juin dernier :

« Lorsque nous serons parvenus, à Copenhague, à un accord ambitieux sur le climat, il faudra que soit créée alors une véritable Organisation mondiale de l'environnement en mesure de faire appliquer les engagements qui auront été pris, je l'espère, par tous »

Le site internet de l’UMP apportait les précisions suivantes :

« Il nous faut créer une Organisation mondiale de l’environnement (OME) dont le rôle sera de rationaliser les principes et les normes dans le domaine environnemental et de mutualiser les moyens aujourd’hui éparpillés entres les pays et les structures internationales. Lieu d’expertise et de négociation internationale, cette OME serait alors un interlocuteur crédible pour les autres organisations multilatérales. Elle pourra notamment faire contrepoids à l’OMC qui a tendance à négliger les problèmes environnementaux ».

Faire contrepoids à l’OMC ! Le Président Français enrage de voir cette organisation, soutenue par de nombreux pays et groupes de pression de par le monde, résister aux sollicitations de protectionnisme environnemental que lui-même ne cesse de réclamer. Devant l’OIT, il avait annoncé : «La future organisation mondiale pour l'environnement serait obligatoirement saisie en matière de dumping environnemental ».

Les interventions du FMI et de la Banque Mondiale en faveur de tel ou tel pays seraient conditionnées par le respect des règlements édictés par cette OME. La mise en synergie de l’OME, de l’OMC, de la Banque Mondiale et de l’OIT permettrait d’instaurer des règles impératives de bonnes pratiques en matière d’environnement, de commerce et de droit du travail auxquelles ne pourraient échapper les pays tributaires de l’aide multilatérale.

Nullement affecté par l’échec flagrant de la Conférence climatique de décembre dernier, le chef d’Etat faisait annoncer par son ministre Borloo , le 23 décembre 2009, que la France allait relancer ses propositions relatives à une organisation Mondiale de l’Environnement.

Les pérégrinations de Jean-Louis Borloo l’ont conduit à élaborer un « Plan Justice Climat » , nouvelle vision d’un monde réformé par l’environnementalisme.

D’après ce document, l’Afrique doit devenir le premier continent à fonctionner à 100 % avec des énergies renouvelables. Les états insulaires doivent être protégés contre la submersion par les flots océaniques. Enfin, les neuf pays les moins développés d’Asie doivent recevoir une aide importante pour la protection de leurs forêts et leur efficacité énergétique. Un financement public multilatéral de 410 milliards de dollars serait affecté sur 20 ans à la réalisation de ce plan.

Est-ce bien vouloir leur bonheur que d’obliger les africains à renoncer au pétrole, au gaz, au charbon, dont ils sont producteurs, pour couvrir leurs cases et leurs déserts de panneaux photovoltaïques ? élever des éoliennes, faire de l’essence à partir de végétaux ? N’y a-t-il pas là quelques métastases de la vision malthusienne du Club de Rome, et du désir inavoué de nombre de personnages influents de limiter le développement des pays africains au peuplement trop prolifique ?

Une Organisation Mondiale de l’Environnement pour réformer l’ONU

Mais d’où provient cette idée d’Organisation Mondiale de l’Environnement ? Il existe déjà une Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) qui fonctionne au sein de l’ONU. Le PNUE, comme son jumeau le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), est devenu une administration sclérosée, peu productive et dont l’action demeure insignifiante eu égard aux enjeux. Le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, avait été l’initiateur de la Commission du Développement Durable (CDD) qui devait assurer le suivi du fameux Agenda 21 qui règle dans le détail les bonnes pratiques environnementales à mettre en œuvre au sein des nations, de leurs régions et de leurs municipalités, tout au long du vingt-et-unième siècle, programme démesuré, bien trop énorme à gérer pour cette CDD.

Si l’Agenda 21 a eu une influence certaine sur les politiques nationales, régionales et locales, c’est grâce aux élus écologistes et aux fonctionnaires verts opérant au sein des municipalités, des régions et des ministères, opérant souvent sous la surveillance et la pression des militants écologistes commis à la surveillance des institutions par les nombreuses antennes du Earth Council fondé et longtemps présidé par Maurice Strong (il est toujours en place au conseil d’administration de cet organisme). Mais en fait, le système Agenda 21 échappe au contrôle de la CDD et de l’ONU, et se développe de façon plus ou moins anarchique. En fait, plusieurs départements de l’ONU s’occupent d’environnement sans coordination et sans efficacité réelle.

L’Organisation Mondiale de l’Environnement pourrait regrouper toutes ces compétences onusiennes. Un bon article de Daniel C Esty , Directeur du Center for Environmental Law and Policy, Université de Yale, plaide pour la création de cette institution :

« La création d’une Organisation mondiale de l’environnement (OME) pourrait éclairer l’horizon institutionnel. L’idée est de consolider et de fusionner la demi-douzaine d’organismes onusiens compétents en matière d’environnement. L’organisation ainsi créée fournirait un mécanisme unique de gestion des problèmes transfrontaliers. Cela contribuerait à diminuer le coût des actions politiques globales en matière d’environnement et améliorerait leur efficacité. Elle constituerait en outre un forum d’échange de données, d’informations et d’analyses à destination des décideurs et des responsables politiques nationaux. Etant donné la complexité et le fort contenu scientifique de la plupart des problèmes d’environnement, un tel échange d’informations ne pourrait qu’être bénéfique pour tous et permettrait d’atteindre des économies d’échelle en matière d’analyse des problèmes et de recommandations.

Une OME faciliterait également la libéralisation commerciale et l’intégration économique. Elle permettrait de coordonner les politiques de régulation de façon à éviter les concurrences vers le bas, à discipliner les " cavaliers seuls ". En encourageant une certaine convergence des normes d’environnement entre les pays situés à un niveau similaire de développement, elle faciliterait l’accès des exportateurs aux marchés étrangers : il n’y aurait plus qu’une seule et même norme à satisfaire ».

Lorsque l’auteur de ces lignes se voit objecter l’inefficacité récurrente de l’Onu, voire la corruption qui y règne, il rétorque que, justement, la création d’une telle organisation au sein de l’institution serait l’occasion d’une réforme profonde qui assainirait les Nations Unies. D’autres font remarquer les abandons de souveraineté auxquels les Etats membres doivent consentir. Esty rejette l’argument en arguant que « l’indépendance écologique est incontournable ». Les jeux de la multitude de nations souveraines n’apporteront pas de réponse pertinente aux enjeux auxquels la planète se confronte. Et il conclut :

« La question n’est pas de décider si l’on veut ou pas un mécanisme international en matière de politique de l’environnement. Il s’agit de savoir concrètement quelle institution on veut. Dans ce cadre, la logique d’une OME s’impose clairement. Aucun Etat, aussi puissant soit-il, ne peut se protéger des menaces environnementales en agissant seul. »

L’OME, pièce maîtresse d’une gouvernance mondiale.

L’analyse de Daniel Esty est à rapprocher des écrits d’un personnage bien plus influent et puissant, le Président du Council of Foreign Relation, Richard N Haas, dont les théories sont fort bien résumées dans un article du 17 février 2006 intitulé « Sovereignty and Globalization ».

En introduction, l’auteur présente un monde de 190 nations souveraines dont les gouvernants doivent composer avec nombre d’acteurs indépendants, les grandes entreprises, les ONG, les groupes terroristes et les cartels de la drogue, les institutions régionales ou globales, les banquiers et autres magnats de la finance. Tous ces acteurs interagissent et s’influencent mutuellement, pour le meilleur et pour le pire. De ces jeux d’acteurs il ne peut résulter aucune action cohérente pour affronter les difficultés auxquelles est globalement confrontée l’humanité et « les états doivent être préparés à céder une part de souveraineté à des structures mondiales si l’on veut que le système international fonctionne ».

Richard Haas estime nécessaire le transfert de souveraineté à une gouvernance globale pour conjurer la menace climatique, bien sùr, mais il l’étend à d’autres questions environnementales, à la lutte contre le terrorisme, contre les trafics internationaux de drogue, les grandes pandémies…

Il convient de préciser que Richard Haas n’exprime pas des opinions personnelles, mais qu’il agit, en tant que Président du CFR, et d’associations et lobbies puissants faisant partie du même réseau. Les lecteurs de mon livre « la Servitude Climatique » ont pu se faire une bonne idée de l’étendue de ces réseaux, de leur idéologie, de leurs procédés d’influence et de leur vision du monde. Ils savent dans quelles circonstances ces gens là ont récupéré les menaces climatiques mises en évidence par des hommes de science pour servir leurs propres agendas.

L’Organisation Mondiale de l’Environnement entre parfaitement dans le cadre de la gouvernance prônée par Haas et ses alliés. Elle disposerait du pouvoir règlementaire et exécutif dans le cadre de compétences qui lui serait attribuées. On prévoit déjà qu’elle disposerait d’un budget autonome, alimenté en grande partie par une taxe sur les transactions internationales. Lorsqu’en novembre dernier, Lord Monckton de Bentchley dénonçait avec solennité un risque de dictature mondiale, il désignait ce projet d’OME qui figurait bel et bien au nombre des sujets soumis à la conférence climatique de Copenhague.

Bien entendu, les pouvoirs de l’OME s’exerceraient hors de tout cadre démocratique. Il s’agirait d’une structure dans laquelle les décisions seraient préparées par une bureaucratie, entérinées par une assemblée d’Etats, certains démocratiques, d’autres non, et sur laquelle les populations n’auraient aucun pouvoir de contrôle.

Un super-GIEC aux pouvoirs supranationaux et non démocratique.

Loin de mettre à mal ces visées géopolitiques, le déclin et le discrédit du GIEC sont au contraire un facteur d’accélération du processus. En noyant le GIEC ou ses structures au sein d’un organisme environnemental, on dissimule la question si controversée du climat pour mettre en avant les questions environnementales dans leur ensemble. Qui peut contester que les problèmes de l’environnement constituent des préoccupations essentielles de l’humanité ? Mais il s’agit, aujourd’hui, de les confier à un super-GIEC qui, de plus, disposerait d’un pouvoir réel, supérieur à celui des états-membres, échappant totalement au contrôle des populations.

Il faut prendre connaissance de l’Agenda 21 pour analyser le détail des prescriptions qu’on veut imposer jusqu’au niveau communal, s’interroger sur la légitimité d’une certaine élite qui se croit autorisée à décider du type d’énergie qui convient aux africains. Tout cela serait entre les mains d’une armada de fonctionnaires internationaux qui prépareraient, avec le concours d’ONG et de lobbies de toutes sortes, les décisions d’assemblées d’Etats-membres au sein desquelles les pays en développement seraient très majoritaires.

Voila donc le projet d’ensemble dans lequel Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo veulent que le monde s’engage. Même si la France n’est qu’une nation de second ordre, bien moins influente que la Chine ou les USA, l’envergure internationale de son président est importante et il parvient souvent à convaincre d’autres chefs de gouvernement. Certes, on voit mal la Chine, l’Inde, et plus généralement les pays émergeants contribuer à la mise en place d’un tel gendarme de leur propre politique environnementale. Il est probable qu’Obama rencontrerait les plus grandes réticences au sein de son pays s’il voulait appuyer cette initiative. Mais il parait important qu’au sein de la France même, les citoyens aient une vision claire de toutes ces menées, qu’ils se fassent une opinion, et qu’ils la manifestent par tous les moyens que leur laisse la démocratie.