Quatre chrétiens ont trouvé la mort, cette semaine, victimes d'attaques ciblées nord de l'Irak.
Ces attaques ciblées, menées par des islamistes radicaux et des combattants d'Al Qaïda, sont très fréquentes en Irak. Chaque jour les chrétiens d’Irak, qui sont les bâtisseurs de ce pays, sont assassinés. Ils sont généralement égorgés à leur domicile.
"La situation est désastreuse à Mossoul. Les chrétiens deviennent les premières victimes dans ce pays ", a déploré un prêtre chrétien.
Au temps du mandat britannique, les chrétiens irakiens représentaient environ 10% de la population totale, aujourd’hui ce chiffre est proche des 2%.
Dans ce contexte de purification ethnique, les fondamentalistes musulmans cherchent à rétablir un modèle d’un Etat musulman totalitaire en Irak ; Le Califat musulman.
Le ministère irakien de la défense a rendu public le 18 janvier 2010 les procès-verbaux des aveux de neuf détenus, membres de l’organisation Al Qaida en Mésopotamie ; ceux-ci ont reconnu que leur groupe a exécuté des chrétiens qui refusaient de payer la jizyia, la taxe de protection exigée des chrétiens vivant dans un état islamique.
Parmi les neuf membres, il y’avait un Syrien identifié sous le nom d’Azmi Darbi Mohammad. Tous font partie du groupe terroriste «l’État Islamique d’Irak », une organisation créée le 15 octobre 2006 afin de fédérer divers groupes d’insurgés irakiens. Ces détenus ont été impliqués dans des meurtres, des enlèvements et des extorsions de rançons contre des chrétiens .Une vidéo diffusé il y’a quelques jours où Mohammad Ramzi Shihab, le prétendu mufti (guide religieux irakien), avoue avoir tué des chrétiens parce que ceux-ci n’avaient pas payé la jizyia.
Le 20 janvier dernier un imam d'Al Qaïda a émis des fatwas autorisant le meurtre de chrétiens qui n’arrivaient pas à payer les rançons exigées par les islamistes. Au nord de l’Irak des milliers de personnes ont été forcées d’abandonner leur maison pour des raisons de discrimination ethnique.
En effet, selon les règles de l’Islam les non musulmans doivent s’acquitter d’un impôt nominal appelé jiziya leur donnant ainsi l’accès à la sécurité. Les dhimmis (qui sont ceux qui font référence dans leur foi à des livres révélés : les chrétiens et les juifs) sont obligés d’effectuer ce paiement dans les mains des responsables religieux musulmans.
Loi islamique statutaire (la charia) a imposé cette lourde charge « fiscale » sur les non musulmans. La jiziya est fixée selon la catégorie sociale à laquelle appartient l’imposé non musulman (Le dhimmi). Le Calife musulman Umar a distingué 3 catégories : pour les riches la jiziya s’élève à 4 dinars (environ 150 Euros) annuels, pour les classes moyennes à 2 dinars (environ 75 Euros) et pour les budgets modestes à 1 dinar (environ 40 Euros). Aujourd’hui bien évidement cette rançon musulmane est évaluée à des milliers d’euros /dollars par personne.
Le dhimmi est l'infidèle qui, se soumettant sans combattre à la suzeraineté islamique, bénéficie d'une protection sur sa vie et ses biens. Des droits limités lui sont reconnus. En échange, il doit payer cette rançon-capitation, la jiziya (Coran 9, 29). Ce paiement est assorti d'humiliations. Le refus de payer la jiziya, assimilé à une rébellion, abolit la protection et restaure automatiquement la loi du djihad.
C’est à l’époque du Califat musulman Abû Bakr , que le général Khâlid Ibn al-Walîd, a écrit le premier pacte de soumission (dhimma) pour les habitants de Hira en Irak ( qui étaient chrétiens ) Il leur a été prescrit que « la jizya soit imposé par le Trésor Public des musulmans ».(1)
Avec le Calife Harun ar-Rachîd les gens de la dhimma étaient injustement traités et subissaient un préjudice énorme de cet impôt musulman abusif. Ils supportaient plus de prélèvements que leur capacité, et ils étaient même dépourvus de leurs richesse. Le juge Abû Yûssuf a lui-même recommandé au Calife Harun ar-Rachîd d’être compatissant avec les gens de la dhimma (2).
Dans l’histoire des Califes musulmans, les guerres sont habituellement des outils pour exploiter et avilir les peuples vaincus. Ainsi, les Califes avaient bâti, par la force des armes, un empire au service de leur métropole : Bagdad. Toutes les richesses partaient d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et d’Asie Orientale pour se concentrer dans la capitale irakienne, au bénéfice exclusif des Califes et les membres de leur cabinet.
Sous l’égide du Califat musulman, les non musulmans étaient isolés dans des ghettos où il est d’usage d’utiliser la contrainte ou la torture et toutes sortes de discriminations et on exige d’eux, de payer la jiziya. Les discriminations institutionnelles qui prévalent sous le Califat musulman, s’accompagnaient des législations islamiques draconiennes qui font des non musulmans des créatures de seconde zone vivant dans la peur et la spoliation.
Aujourd’hui encore l'islamisme violemment anti-chrétien en Irak trouve qu’il est légitime d’humilier les non-musulmans et leur faire payer la jiziya selon les vieux concepts de l’Islam. Les chrétiens restent donc des cibles d'attentats dans ce pays et les fondamentalistes musulmans ne rêvent que de rétablir un système politique unique issu de l’idéologie islamique totalitaire : « Le Califat » (3). Ce pouvoir, bâti sur le concept de l’oppression, légalise le pillage systématique et la discrimination officielle de tous les groupes religieux ou ethniques payant la jiziya.
Tunis
(1) Source : Le Livre « al-Kharâdj » p.306
(2) « al-Kharâdj » p.125
(3) Ceci contraste avec les sociétés européennes et le reste du monde civilisé où la communauté musulmane bénéficie de tous les droits et le pouvoir est bâti sur le concept de citoyenneté sans distinction d’origine ethnique, de genre ou de foi.