Une commission d’enquête internationale sur les crimes israéliens en Haïti? C’est ce qu’a proposé voici quelques jours la baronne Tonge, ancienne députée libérale-démocrate britannique (centre gauche) de 1997 à 2005, aujourd’hui membre de la Chambre des lords et porte-parole de son parti pour les questions de santé.
Vous avez bien entendu: les crimes israéliens en Haïti.Après le tremblement de terre du 12 janvier, l’armée israélienne a envoyé dans ce pays une équipe de médecine d’urgence qui, sur place, fait l’admiration de tous.
Mais une organisation militante afro-américaine, AfriSynergy Productions, affirme que les Israéliens ne se sont précipités dans l’île martyre que pour y prélever des organes dont ils feront ensuite commerce. C’est cette accusation que Jennifer Louise Tonge reprend à son compte, en déclarant au journal juif Jewish Chronicle: « Pour empêcher de telles allégations, déjà mises en ligne sur YouTube, d’aller plus loin, et rétablir la réputation de l’équipe envoyée en Haïti, Tsahal et l’Association des médecins israéliens devraient immédiatement établir une commission d’enquête indépendante. »
Selon les règles du droit, on établit le bien-fondé d’une accusation devant des magistrats avant d’engager une procédure.Pour l’honorable baronne, il suffit d’une vidéo sur YouTube pour faire comparaître l’État hébreu, son armée,ses médecins devant une commission Goldstone bis.
Le chef du parti libéral-démocrate, Nick Clegg, démet Jennifer Louise Tonge de ses fonctions de porte-parole le 17 février.Certains lords et députés libéraux-démocrates auraient préféré qu’elle soit purement et simplement expulsée du parti en raison de ses antécédents. En 2004, elle avait déjà été démise d’un poste de porte-parole de son parti pour les questions relatives à l’enfance après avoir observé, à propos des kamikazes palestiniens,« qu’elle aurait pu très bien en devenir un elle-même ». En 2006, elle déclarait que « le lobby proisraélien tenait le monde occidental dans ses serres, ses serres financières»… Des membres de la Chambre des lords, notamment l’archevêque de Canterbury, George Carey, avaient observé que c’étaient là des «stéréotypes antisémites classiques».
Le thème du trafic d’organes figure en bonne place dans la propagande anti-israélienne. Évoqué par l’agence iranienne Irna dès 2002,repris en 2009 par le journal suédois Aftonbladet, il permet de remettre en question l’un des atouts médiatiques de l’État juif: ses réalisations scientifiques, médicales et humanitaires. C’est un fait, un tel trafic existe. C’est un fait, encore,que certains trafiquants ou certains clients sont israéliens:on le sait à travers leurs démêlés avec la justice de leur pays.
Mais deux informations, parmi d’autres, permettent de ramener le dossier à sa véritable dimension. L’une concerne le trafiquant américain Levy Yitzhak Rosenbaum, arrêté en juillet dans le New Jersey pour trafic d’organes. Il est juif, et même juif orthodoxe, et a bien dirigé un réseau israélo-américain : mais ses victimes étaient des juifs israéliens pauvres, qui vendaient pour quelques dizaines de milliers de dollars des organes destinés à être revendus pour 160000 dollars à des Américains riches.L’autre concerne l’Iran.Ce pays qui dénonce le trafic d’organes israélien est le seul au monde qui a légalisé le commerce d’organes prélevés sur des personnes vivantes.
Photo © Patrick Iafrate
Une réflexion sur « Israël et la baronne Tonge »