Double langage du recteur de la Mosquée de Paris

Florence Bergeaud-Blackler

@FBBlackler

Après son passage sur BFM TV, le recteur de la Mosquée de Paris rétropédale dans un communiqué adressé à la communauté musulmane.

Il s’adresse ici à sa communauté en arabe et français en des termes bien différents. S’adressant à la presse sur BFM TV pour parfaire son image trompeuse d’homme de paix, il s’était montré trop conciliant avec le rabbin Korsia. Son double discours n’a pas fonctionné (n’est pas Tariq Ramadan qui veut) : ————

– (version F intégrale) : Communiqué de presse du Recteur de la grande mosquée de Paris Chemseddine Hafiz en réaction aux critiques qui lui ont adressées suite à son passage sur BFM TV en compagnie du grand rabbin de France Haim Korsia

Chers frères et sœurs, que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous,

Des semaines avant notre réunion le 7 octobre dernier, le Conseil des Espérances a été la cible d’attaques, de diffamations, ou de tentatives de déstabilisation. Et cela continue. Cependant, loué soit Allah, notre projet et notre conseil restent unis, solides et élevés… et notre fraternité se renforce de plus en plus. Cette fois-ci, je suis la cible d’une campagne mensongère, menée par des parties louches, motivées par des règlements de comptes honteux et des conspirations visant à ternir l’image de la Grande Mosquée de Paris et à diffamer ma personne. Le respect que j’ai pour chacun d’entre vous m’oblige à expliquer ce qui se passe. Tout d’abord, j’ai participé avec le grand rabbin de France jeudi dernier à une émission de télévision française intitulée “L’Appel à la Paix”.

Mon objectif en participant à cette émission était de convaincre l’opinion publique et les politiciens français de la nécessité urgente de la paix à Gaza, de l’arrêt immédiat des tirs, de mettre fin aux bombardements meurtriers sur cette ville martyre, de protéger tous les civils, d’assurer l’accès aux aides humanitaires à Gaza, de lever le siège, et enfin, d’établir un État palestinien dans toute la signification du mot, permettant au courageux peuple palestinien de vivre en sécurité. Deuxièmement, je n’ai jamais commenté la nature terroriste du Hamas ou non. (Cela signifie que je n’ai jamais dit que le Hamas était un mouvement terroriste, ni le contraire)...

J’ai dit qu’il serait injuste de dire que le peuple palestinien est terroriste. Ce qui m’importait, c’était de défendre les innocentes victimes, dont la majorité sont des enfants et des femmes, en raison d’une nouvelle agression meurtrière israélienne, s’ajoutant à d’autres attaques perpétrées par le passé. Mais le danger cette fois-ci est plus grand, car cette nouvelle guerre pourrait conduire à un nettoyage ethnique et au déplacement complet des Palestiniens de Gaza, avec des dizaines de milliers de morts. Nous ne pouvons pas aider nos frères en Palestine par des discours émotionnels ou des surenchères rhétoriques. Nous devons savoir comment adresser le public avec raison et sang-froid.

Les Européens doivent voir que nous sommes calmes, même si nous sommes en colère et révoltés. Nous devons savoir comment faire entendre notre voix dans le but de changer les politiques des gouvernements occidentaux concernant la terrible souffrance du peuple palestinien. Troisièmement, j’ai personnellement écrit le prêche du dernier vendredi, lu par 150 imams de la Grande Mosquée de Paris dans toute la France, priant Allah de libérer nos frères à Gaza, de les soutenir, et demandant justice et la fin de l’agression, rappelant les valeurs de l’islam en ces moments difficiles. Dans ce prêche que j’ai écrit, j’ai considéré la résistance du peuple palestinien comme légitime pour obtenir ses droits fondamentaux. C’est la position que je m’engage à prendre en compte et à soutenir devant vous.

Mais nous, en tant que dirigeants, voulons changer les choses en profondeur en Europe, pour pouvoir défendre les musulmans en Europe et ailleurs, en particulier en Palestine. C’est pourquoi nous ne pouvons rien dire. Nous devons être prudents, avant tout, depuis le 7 octobre dernier, les mouvements politiques, et non seulement les extrémistes, aidés par certains intellectuels et médias, utilisent cette date pour attiser l’islamophobie et la haine envers les musulmans. La bataille que nous devons mener ensemble comporte deux aspects : surmonter la peur et la haine envers les musulmans en Europe et convaincre l’opinion publique du terrorisme meurtrier que subissent les Palestiniens, afin que les gouvernements européens agissent pour protéger Gaza et défendre la Palestine, en particulier en appliquant le droit international. Cette mission est un serment que je prends devant vous en tant qu’homme appartenant à une famille révolutionnaire qui a payé un lourd tribut pendant la guerre de libération en Algérie… Votre frère, Chemseddine Mohammed Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris.