13 janvier 2025

Aurions-nous pu faire autrement ?

Lu sur JForum :  " Si le vice-amiral Eliezer Marom avait su dimanche 30 mai ce que nous savons aujourd’hui, il s’y serait sans doute pris autrement pour arrêter le Mavi Marmara : il n’aurait pas demandé à ses commandos de faire preuve de retenue.

 

Unité Shayetet 13 : Le commando qui a pris part à l’opération “Brise Marine.” PHOTO : PORTE-PAROLE DE TSAHAL , JPOST

En janvier 2002, le vice-amiral Eliezer Marom, dit "le Chinois", se trouvait à la tête des opérations navales. C’est donc sous son commandement que s’est déroulée l’opération "Arche de Noé". Ce jour-là, il dirigeait ses hommes depuis un avion survolant le Karine A, un navire iranien rempli d’armes à destination des terroristes palestiniens de la bande de Gaza. D’en haut, il les a regardés descendre en rappel des hélicoptères et aborder le navire sans coup férir.

Huit ans plus tard, Marom s’est donc retrouvé à la tête d’une autre opération en pleine mer, au moins aussi complexe. Une opération dont l’issue a été très différente de la première. Au lieu d’un concert de louanges, c’est une avalanche de critiques qui l’attendait au matin. Car quand les commandos de la prestigieuse unité Shayetet 13, descendus en rappel des hélicoptères, ont débarqué sur l’un des bateaux résolus à briser le blocus de Gaza, le bilan était autrement plus lourd : neuf victimes parmi les passagers.

Il existe certes des similitudes entre les deux opérations : l’une comme l’autre ont eu lieu en pleine mer, loin d’Israël et, dans les deux cas, ce sont les commandos de la Shayetet, l’une des meilleures unités d’élite du pays, qui ont arraisonné les bateaux-cibles. Mais la ressemblance s’arrête là.

En 2002, après qu’ait été déchargée et exposée dans le port d’Eilat la cargaison de missiles, d’armes et de munitions du Karine A, le ministre de la Défense de l’époque, Binyamin Ben-Eliezer, avait fait appeler Marom pour le présenter aux médias. Ce dernier dimanche de mai, Ehoud Barak a préféré se passer d’une telle conférence de presse. En 2002, Marom gérait l’opération depuis un avion. Dans la nuit du 31 mai 2010, il était sur mer, à bord d’une vedette rapide de la Marine qui naviguait aux côtés du Mavi Marmara.

Dimanche dernier comme en 2002, c’est Marom qui commandait l’opération, fait exceptionnel chez Tsahal. D’ordinaire, ce genre de mission tombe sous la juridiction d’un commandant d’unité, voire d’un officier plus gradé, mais pas du commandant en chef de la Marine. Si Marom s’est personnellement impliqué, c’est qu’il savait que, quand on s’en prend à six navires chargés de centaines de militants du monde entier, la moindre anicroche peut provoquer les pires problèmes stratégiques. Il ne se trompait pas.

Saboter le navire ? Impossible. Arriver par voie maritime ? Aussi

Il y a deux façons d’appréhender ce qui s’est passé en ces premières heures de l’aube sur le pont supérieur du Mavi Marmara.

La première, c’est de considérer l’opération nommée "Brise Marine" par Tsahal comme un échec. Une position adoptée par la plupart des médias. Il semble clair que les services de renseignements ont failli : les forces de la Marine ignoraient tout de l’embuscade qu’on leur préparait. Elles ne se doutaient pas que les passagers du bateau seraient équipés de lunettes de vision de nuit, de gilets pare-balles, de grenades incapacitantes, de couteaux, de haches et de barres de fer. Les neufs hommes qui ont trouvé la mort ont transformé ce qui ne devait être qu’une opération certes complexe, mais non meurtrière, en une crise diplomatique pour Israël, obligeant le Premier ministre à rentrer du Canada et annuler une rencontre avec Barack Obama.

Le dramatique dénouement de la mission pose de nombreuses questions. Tout d’abord, pourquoi Netanyahou et Barak ont-ils négligé de prendre l’avis du cabinet avant de donner le feu vert à l’opération ? Fallait-il vraiment arraisonner le navire par hélicoptères ? La Shayetet était-elle l’unité la mieux placée pour mener une opération concernant des civils ? Beaucoup estiment que le Yamam, unité d’élite antiterroriste de la police, était davantage qualifiée.

D’anciens officiers des forces navales israéliennes ont d’ailleurs discrètement fait savoir à la presse que la Marine avait d’autres options à sa disposition. Comme par exemple, saboter l’hélice du bâtiment, ou délaisser une action héliportée au profit d’un arraisonnement par voie maritime. Marom avait bien évidemment envisagé chacune de ces possibilités lors de nombreuses réunions de réflexion avec l’état-major de la Marine et de Tsahal. Il s’était personnellement impliqué dans les efforts diplomatiques du ministère de la Défense. Il a en outre rencontré les attachés militaires de la Turquie et de la Grèce et écrit à ses homologues grec et turc pour les enjoindre d’arrêter la flottille. Sans résultat.

D’un point de vue opérationnel, le sabotage a été jugé presque impossible, compte tenu des conditions en mer et de la taille des navires. Il y avait aussi le risque de provoquer un naufrage. Par ailleurs, arraisonner par la mer se révélait extrêmement compliqué, car le Mavi Marmara comportait trois ponts : et comme le poste de commandement de la flottille était installé sur le pont supérieur, les commandos auraient dû monter trois étages et passer au milieu de centaines de passagers pour l’atteindre.

Prêts à recevoir des injures et des crachats, pas des barres de fer

Voilà pourquoi Marom a opté pour cette solution. Dimanche soir, à 23 h, la Marine a établi un premier contact avec les bateaux, les appelant à se diriger vers Ashdod. En vain. A 4 h du matin, Marom lançait l’ordre d’arraisonner.

Des hélicoptères de l’armée de l’air ont alors pris position au-dessus des six bateaux. Sur cinq d’entre eux, tout s’est déroulé sans encombre. Mais à peine avaient-ils posé le pied sur le Mavi Marmara que les trois premiers soldats de la Shayetet ont été attaqués à coup de barres de fer et de tuyaux métalliques, ont reçu des billes de métal tirées au lance-pierres et été agressés par-derrière à l’arme blanche.

Avant l’opération, Marom avait parlé à chaque commando et assisté aux séances d’entraînement. S’attendant à des injures, des bousculades et des crachats, il avait même fait venir un expert en sciences du comportement pour apprendre aux soldats à ne pas réagir aux provocations. La violence a été plus importante que prévu. Après 90 secondes de bagarre et lorsqu’un passager a réussi à s’emparer de l’arme d’un soldat pour la lui braquer sur le front, les commandos ont délaissé leurs pistolets de paint-ball pour sortir leurs Glock 9 mm. En moins de 4 minutes, 9 des agresseurs avaient été tués et le pont supérieur était sous contrôle. 30 minutes plus tard, la passerelle de commandement se trouvait entre les mains de la Shayetet.

Si les médias n’ont pas ménagé leurs critiques, reprochant les 9 morts à la Marine et à la Shayetet, il convient de rappeler que ces victimes n’étaient pas des civils innocents, mais des terroristes mercenaires. Selon Tsahal, les fauteurs de trouble avaient été recrutés par l’IHH (Insani Yardim Vakfi), le groupe islamiste radical turc qui a subventionné la flottille. Au nombre d’une cinquantaine, ils ne portaient sur eux aucun papier d’identité, mais avaient tous en poche une enveloppe contenant 10 000 dollars en espèces. L’un des membres de ce groupe, apparemment son chef, était allé à Bursa, au nord-ouest de la Turquie, afin, semble-t-il, d’y recruter ces mercenaires.

Les sympathies du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pour l’IHH n’étant un secret pour personne, on trouve en Israël des voix pour affirmer qu’il a, personnellement ou via d’autres responsables gouvernementaux, enjoint les passagers du Mavi Marmara d’attaquer les soldats.

Shayetet sous les projecteurs bien malgré elle A voir les vidéos, il ne fait guère de doute que les commandos ont agi en légitime défense. Voilà pourquoi on ne peut négliger la seconde manière de considérer l’opération : les soldats de la Marine avaient pour mission d’empêcher six bateaux d’atteindre Gaza et ils y sont parvenus. Facilement pour cinq d’entre eux, par la violence pour le sixième. Militairement, c’est une victoire : neuf terroristes ont été tués et, s’il y a eu des soldats blessés, aucun n’y a laissé sa vie. Tsahal n’a tué ni femmes ni enfants, mais seulement des terroristes.

Et pourtant, aucun compliment du public pour les soldats. Une des raisons possibles : l’opinion publique – de même que les médias – n’avait pas été préparée à l’éventualité d’un tel dénouement. Même si l’on connaissait les difficultés inhérentes à tout arraisonnement, nul n’avait anticipé une résistance aussi féroce. Et de fait, à l’annonce des 9 victimes, une explication simple et instinctive s’est imposée : la Marine avait commis une erreur.

Si cette explication est la bonne, l’unique erreur de la Marine a peut-être été de ne pas avoir été mieux renseignée sur l’IHH et les passagers du bateau. Avec des informations adéquates, sans doute les commandos auraient-ils reçu l’instruction d’utiliser la force dès leur arrivée sur le bateau et d’oublier toute notion de retenue.

La Shayetet n’est pas à la fête par les temps qui courent. Pour une unité qui fuit les projecteurs et dont les opérations restent généralement classées "top secret", même après des décennies, faire la une des journaux n’est pas une sinécure. On sait très peu de choses sur les activités des 13 commandos qui la constituent. L’an dernier, ils auraient opéré, entre autres, au Soudan, en Erythrée et dans le golfe d’Aden. En janvier 2009, en marge de l’opération Plomb durci, ils auraient participé au bombardement par l’aviation israélienne d’un convoi de camions transportant des armes dans le désert du Soudan. En novembre dernier, ils ont arrêté près de Chypre un navire-cargo, le Francop, chargé de centaines de tonnes d’armement envoyé par l’Iran au Hezbollah libanais.

Leur bravoure leur a d’ailleurs valu, il y a quelques semaines, des félicitations officielles du chef d’état-major Gabi Ashkénazi. A présent, l’image de cette force d’élite est mise à mal. Quand les vidéos du Mavi Marmara sont arrivées au quartier général de Tel-Aviv, l’armée a hésité à les rendre publiques : voir des soldats d’élite se faire rouer de coups de bâton, voire jeter par-dessus bord, par une foule hostile n’était pas très valorisant.

Eviter une nouvelle affaire Goldstone

Il est impossible d’ignorer les dramatiques conséquences diplomatiques de l’opération. Le gouvernement, encore mal remis du rapport Goldstone, envisage de lancer lui-même une enquête indépendante pour en éviter une internationale.

Il est possible qu’une campagne de relations publiques plus efficace aurait été utile, mais, comme toujours, et notamment comme pendant la seconde guerre du Liban et l’opération Plomb durci, les mécanismes de la Hasbara gouvernementale se grippent dès qu’une crise éclate. Au lieu de tirer des enseignements du passé, de rassembler les porte-parole de toutes les institutions en un organisme centralisé, le gouvernement envisage la création d’une nouvelle unité stratégique de relations avec la presse pour renforcer la douzaine d’unités similaires qui officient déjà sans succès.

L’une des grandes leçons de l’arraisonnement du Mavi Marmara : l’importance du renseignement. Si l’armée et le gouvernement n’étaient pas partis du principe que les bateaux transportaient des militants pacifistes qui, dans le pire des cas, s’en prendraient aux soldats en les poussant, en les giflant ou en les injuriant, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Face à des pacifistes, les soldats ne pouvaient certes pas débarquer à bord en tirant des coups de semonce et en ouvrant le feu sur le premier imprudent à lever la main sur eux, puisqu’ils pensaient ne rien risquer. La réalité s’est révélée très différente, ce n’est que quand les commandos ont découvert à leurs frais que de dangereux mercenaires se dissimulaient parmi les passagers qu’ils ont tiré, s’attirant les foudres du monde entier.

La moralité de tout cela ? Peut-être la trouve-t-on dans la bouche de cet officier supérieur de Tsahal, qui déclarait cette semaine : "Le problème, c’est sans doute que, quoi que nous fassions, il y aura toujours un rapport Goldstone pour nous attendre au coin du bois…"

 

COMPLEMENT D’INFORMATION

 

Laissons-les s’énerver Par NAHMAN SHAÏ

Il y a de fortes chances pour que la violente prise de contrôle du Mavi Marmara devienne un élément important du conflit israélo-palestinien. Malheureusement, ce genre d’événements nous transporte dans d’autres dimensions.

A ce que je sache, personne ne s’attendait à ce que l’arrestation d’un convoi de prétendus pacifistes se termine en un bain de sang. Mais au Proche-Orient, l’inattendu devient souvent prévisible. Et de fait, la flottille qui se dirigeait vers Gaza – du genre de celles déjà interceptées par le passé – est devenue une confrontation de plus entre nous et les Palestiniens, devenus par la même occasion largement renforcés par les déclarations de représentants d’autres pays.

Pour l’heure, il y a plus de point d’interrogations que de véritables réponses. Il est clair que nous avions raison de vouloir empêcher le convoi d’atteindre Gaza. Un blocus est en place. Il fait partie d’une politique qui a pour but d’isoler la bande de Gaza depuis la violente prise de pouvoir du Hamas en 2007, son refus de rendre le soldat captif Guilad Shalit et les incessantes roquettes tirées sur le sud du pays avant l’opération Plomb durci de fin 2008. Voici des raisons importantes pour expliquer ce blocus en ces temps hostiles. Néanmoins, les derniers événements nous obligent à nous poser la question suivante : la prise de contrôle du convoi était-elle la seule façon de répondre ou bien aurions-nous pu intercepter les navires plus tôt et les éloigner sans faire usage de la force ? Une question qui requiert les rapports détaillés des commandos qui ont participé à l’opération.

La Hasbara, source de tous les maux ? Mais d’autres interrogations surgissent quant au fait que l’armée israélienne ait agi en haute mer et non près des côtes. Il est clair qu’à des fins stratégiques, l’élément de surprise était nécessaire et l’opération devait se dérouler de nuit. Mais cela suscite d’importants questionnements légaux, notamment sur la raison d’une action entreprise dans les eaux non territoriales – le monde étant de plus en plus sensible au respect du droit international.

D’autres doutes sont soulevés quant à la coordination – ou le manque de coordination en l’occurrence – entre la sphère politique et l’armée israélienne. Quel était le degré de préparation de la mission elle-même ? L’important est de faire en sorte que les conséquences de l’opération puissent être prises en compte. L’armée ne mêle en général aucune autre partie tiers à ses opérations, et cela est bien normal. Mais la rencontre entre des bateaux de civils et des forces militaires aurait requis une plus étroite collaboration entre les différentes forces en présence.

Comme escompté, la vague de critiques se tourne vers la politique de communication d’Israël. Pour certaines raisons, nous pensons que la Hasbara est la réponse à tous nos maux. Mais nous nous trompons. Dans son nouveau format, la communication est un mélange de diplomatie publique, de politique, de défense et d’efforts légaux pour expliquer la position d’Israël. Elle doit être analysée dans un contexte et non seulement pour elle-même.

Israël a parcouru du chemin depuis la seconde guerre du Liban, en 2006. Après plusieurs rapports de contrôleurs d’Etat et la formation de diverses commissions d’investigation, le pays a brièvement exposé les grandes lignes de sa Hasbara nationale. Objectif principal : coordonner les efforts de relations publiques avec toutes les parties en présence. Un tel projet requiert des financements adéquats et la main-d’œuvre nécessaire pour que le système puisse répondre à tout événement, sécuritaire, politique ou autre, à échelle nationale et internationale.

Dans cet incident précis, l’effort de Hasbara est intervenu plusieurs heures après que les premières photos et vidéos faisaient déjà le tour de la terre et trônaient en une de la majorité des médias. Le plan prévu originellement pour empêcher les fuites d’informations n’a que partiellement réussi. Al-Jazeera et la télévision turque diffusaient librement leurs enregistrements depuis le Mavi Marmara.

Eviter toute confrontation avec les Turcs

En principe, il est préférable de présenter une image complète des événements, comme l’a montré la conférence de presse tenue par le ministre de la Défense, Ehoud Barak, le chef d’état-major, Gabi Ashkenazi, et le commandant de la Marine. Mais les premières heures dans un tel contexte sont critiques et déterminent le destin d’une campagne médiatique. Il aurait été préférable de publier un communiqué de presse détaillant les événements dès le début et de révéler certains autres points au fur et à mesure.

Pour mettre fin aux critiques internationales et aux pressions pour mener des investigations, je propose qu’Israël prenne des initiatives et mette en place une commission d’enquête dirigée par l’ancien président de la Cour suprême, Aharon Barak, ainsi que par d’autres personnalités de haut-rang dont la réputation n’est plus à faire. Cette commission sera autorisée à fouiller dans les décisions et les procédures qui ont mené au déclenchement d’une opération de ce genre. Au lieu de simplement crier à la pression internationale, nous devons adopter cette façon d’agir dorénavant si nous entendons faire reculer nos ennemis.

Il en va de même pour les Turcs. Nous devrions les laisser s’égosiller jusqu’à l’étourdissement. Nous ne sommes pas obligés de répondre à chacune de leurs diatribes. En revanche, nous devons prendre une profonde respiration, et les laisser jouer. Toute confrontation avec eux se terminera en désastre. Et nous aurions beaucoup à perdre d’une rupture de nos relations. Cela n’est pas seulement de la diplomatie, nos relations avec la Turquie sont plus profondes et vont au-delà des considérations économiques et sécuritaires.

Ajouter de l’huile sur le feu n’est pas une bonne idée. Nous pourrons toujours exprimer notre mécontentement dans le futur en baissant de cinq centimètres supplémentaires le fauteuil de l’ambassadeur turc. Nous devons aussi comprendre que leur Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, n’avait pas d’autre choix que de faire beaucoup de bruit autour de cette histoire pour satisfaire son peuple. C’est un problème de politique intérieure qui ne nous concerne pas, mais nous pouvons partir du principe que, bien que les organisateurs de cet événement aient eu ce qu’ils voulaient, ce fiasco n’en demeure pas moins un échec pour eux. Après tout, neuf personnes sont mortes et le blocus de Gaza est toujours en place. Cela ne semble pas être un si grand succès que ce qui veut bien être annoncé ça et là. Cette fois, avoir raison ne suffit pas, nous devons surtout être intelligents ".

Par Yaacov KATZ

L’auteur est un député Kadima et ancien porte-parole de l’armée israélienne.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *