Les aliens pourraient nous attaquer, à titre préventif, si nous émettons trop de CO2
Il était déjà évident que l'imagination de ceux qui militent pour une réduction drastique de nos émissions de gaz carbonique, ne connaissait pas de limites. Surtout pas celles imposées par le simple bon sens, comme le montre la fabuleuse collection des 862 liens du Prof. Brignell que j'ai déjà mentionnée dans ce site.
Pourtant, malgré ce foisonnement improbable, personne n'avait, jusqu'à présent, pensé à établir un lien entre nos émissions carbonées (ou celles, naturelles, de la planète) et l'irascibilité potentielle des Aliens-écolos (s'il y en a).
Voilà qui est fait. Le mérite en revient à trois (jeunes) doctorants et post-doctorants américains, anciens ou actuels membres de la Pennsylvania State University (l'un d'eux est maintenant chercheur associé à la NASA) qui est, comme le savent les lecteurs de ce site, l'Université où officie Michael Mann, le célèbre créateur de la crosse de hockey.
Bien que nous soyons au mois d'août et que beaucoup de lecteurs soient encore en vacances, on pourrait penser qu'il s'agit là d'un vulgaire poisson d'avril, quelque peu anticipé.
Point du tout ! Et pour preuve de ce que j'avance, voici une copie de l'en-tête de l'article "scientifique" qui évoque la possibilité d'attaques extraterrestres dirigées "à titre préventif" contre notre planète, causées, notamment, par notre sur-consommation actuelle (selon les auteurs) de carburants fossiles suivant un raisonnement et une argumentation que je vous laisse apprécier (et déguster) ci-dessous.
Le titre de cet article quelque peu révolutionnaire publié dans la revue (de bonne renommée) Acta Astronautica (68, (2011), 2114-2129) est le suivant:
"Des contacts avec les extraterrestres seraient-ils bénéfiques ou nuisibles pour l'humanité ? Une analyse basée sur des scénarios."
Deux auteurs, Baum et Haqq-Misra font partie respectivement du département de Géographie et du département de Météorologie de Penn State Université.
Seth Baum (ci-contre) est un doctorant et Jacob Haqq-Misra est un tout jeune post-doctorant (thèse soutenue en Oct. 2010)
Le troisième auteur (ci-dessous) , Shawn D. Domagal-Goldman est un petit peu plus âgé que ses collègues. Sa thèse date de 2007. Il l'a préparée et présentée à l'Université de Penn State.
Shawn D-G est actuellement chercheur associé à la Division des Sciences Planétaires de la NASA (qui n'a pas dû apprécier de voir son nom associé à l'initiative "bizarroïde" de son chercheur, comme nous le verrons ci-dessous).
Shawn Domagal-Goldman et Jacob Haqq-Misra de la Pennsylvania State University n'en sont pas à leur coup d'essai à propos des Aliens. En 2008, Ils proposaient déjà que nous recouvrions la moitié de la Lune avec des miroirs (tiré d'un article du New Scientist) pour attirer l'attention des extraterrestres vigilants.
Du point de vue professionnel, ces trois (très) jeunes chercheurs sont actuellement impliqués, comme beaucoup, dans les questions traditionnelles du réchauffement climatique.
L'article paru dans Acta Astronautica analyse les possibilités offertes par trois séries de scénarios imaginaires selon que la rencontre avec les ETI (Extraterrestres Intelligents) auraient des conséquences bénéfiques, neutres, ou négatives pour l'humanité. Ces trois types de scénarios sont envisagés dans l'optique (évidemment anthropomorphique) que les ETI pourraient être soit "égoïstes" soit "universalistes". Il s'agit d'une dichotomie qui en dit long sur la psychologie des auteurs qui visiblement penchent pour l'universalité.
Si vous avez la patience (le courage) de lire cet article en entier (pdf accessible de l'article complet), vous serez sans doute surpris par le caractère verbeux, pour ne pas dire d'une absolue vacuité, de ses 16 pages qui regorgent de clichés et dont on se demande ce qu'elles viennent faire dans une revue scientifique comme Acta Astronautica.
Il est vrai qu'il doit être relativement malaisé de disserter avec pertinence sur la psychologie d'ETI (extraterrestres intelligents, ou Aliens) dont on ne sait strictement rien, sans tomber dans le piège d'un athropomorphisme hasardeux.
Ce travers (classique, sinon inévitable) est ici visiblement utilisé à dessein, par les trois auteurs, pour faire passer leurs propres convictions.
A noter que faute d'aucune donnée scientifique sur les ETI, ni même sur leur existence, les auteurs se complaisent à citer, comme sources, une série de films de science fiction bien connus tels que la Guerre des Mondes, Independance day, quelques publications de la deep-ecology etc.
Quelques extraits de l'article en question méritent le détour. Ils en disent très long sur la psychologie et l'orientation de nos trois jeunes étudiants-chercheurs. Parmi beaucoup d'autres exemples de la même eau, en voici quelques uns :
"Nous percevons deux types de scénarios selon lesquels les Extraterrestres Intelligents (ETI) pourraient nous nuire eintentionnllement Le premier scénario implique des ETI égoïstes et hostiles qui nous attaqueraient pour maximiser leur propre succès. Ce scénario suggère un conflit standard du type "combat pour vaincre": Une guerre des mondes. Le deuxième scénario implique des ETI qui ne sont en aucun cas égoïstes mais au contraire possèdent un désir d'universalité de faire de la galaxie un endroit plus favorable. (page 2122)" |
Cette seconde partie de "l'explication" implique évidemment que l'humanité est forcément nuisible et donc qu'elle pourrait (devrait) être éradiquée au nom du "principe d'universalité". On retrouve cette assertion, exprimée de façon encore plus explicite, un peu plus loin dans le texte.
La voici :
"Si l'un des objectifs est de maximiser l'expansion des écosystèmes, alors peut-être, serait-il préférable que l'humanité n'existe pas ou, au moins, qu'elle existe sous un format nettement plus réduit. De fait, certains humains ont avancé précisément cet argument [80–82]. Ainsi, s'il est possible qu'au moins quelques humains aient évoqué la possibilité de nuire à leur propre civilisation, alors il est au moins plausible que le ETI se proposent de nuire à l'humanité en suivant des principes analogues." (page 2124) |
L'argument est imparable : En bref, si quelques extrémistes illuminés ont avancée l'idée d'un vaste génocide, pourquoi les ETI ne le feraient-ils pas ? A la base, on retrouve un argument Malthusien traditionnel, dans la droite ligne de la "deep ecology" américaine.
Les trois références [80-82] citées par les auteurs gagnent à être connues. Les voici :
[80] " Le Front de Libération de Gaïa, description des objectifs (une modeste proposition)" 1994- (l'Eglise de l'Euthanasie,)" . (A titre d'exemple (léger) , voir cette vidéo).
[81] P.Linkola, "La vie peut-elle prévaloir ? Une approche radicale à la crise environnementale", Integral Tradition Publishing, London, 2009.
[82] Le Mouvement Volontaire de l'Extinction de l'Humanité. (Oui, ce mouvement existe et on vous propose d'y adhérer). Comme il est écrit sur la banderolle ci-contre, ses adhérents ou ceux de l'Eglise de l'Euthanasie (rien à voir avec la question des malades en fin de vie, il s'agit d'euthanasie de gens bien-portants) "Sauvez la planète : Tuez-vous".
Sans doute pour détendre l'atmosphère et influencés par le célèbre film "La planète des Singes", nos trois auteurs de la Penn State University, imaginent aussi des scénarios presque cocasses (quoique…) :
"Ainsi dans un des scénarios de contacts avec les ETI, les extraterrestres pourraient utiliser l'humanité dans des buts d'amusement, tels que nous le faisons nous-mêmes avec les phoques et avec les otaries." […] "De la même manière, un ETI peut simplement être intéressé par l'idée de nous utiliser comme un moyen pour faire croître son économie. D'un point de vue individuel, il peut ne pas avoir intérêt à nous tuer, mais il peut penser à nous incorporer dans leur civilisation en nous vendant leur production, en nous gardant comme animaux de compagnie, ou en nous faisant extraire des matériaux pour eux." (page 2123). |
En passant, nos trois auteurs de la Penn State University, recommandent, que vu les avanies que nous avons déjà fait subir à à notre pauvre Terre (selon eux) il faut "se la jouer cool" avec les extraterrestres et surtout, surtout, de ne pas chercher à les tromper….Les ETI détestent le mensonge, pensent nos trois auteurs.
"Etant donné que nous avons déjà altéré notre environnement d'une manière qui peut être perçue comme contraire à la morale par des Aliens, il peut-être prudent d'éviter d'envoyer des messages qui mettent en évidence le côté négatif de notre impact environnemental….tel que des messages qui indiquent une augmentation rapide et globale de la destruction de la biodiversité ou encore des messages qui précisent la rapidité de notre taux d'expansion. Tout cela peut-être dangereux. D'autre part, [les Aliens] peuvent déjà être au courant de la rapidité de notre impact sur l'environnement en écoutant nos signaux électromagnétiques ou en observant la signature spectrale de la Terre. Dans ce cas, il serait prudent que dans chaque message que nous envoyons, nous évitions de nier notre impact environnemental de manière à éviter que les Aliens nous prennent en flagrant délit de mensonge." (page 2124) |
Voila (enfin) un indice intéressant qui nous permet d'affirmer sans craindre de se tromper que les Aliens-écolos doivent être de culture anglo-saxonne (et certainement pas gréco-latine). Car, comme chacun le sait, seuls les anglo-saxons ont une sainte horreur du mensonge. Les gréco-latins sont, en général, plus "flexibles" sur cette question.
Enfin, dans la conclusion, les trois auteurs en viennent aux recommandations qui, selon eux, permettraient de minimiser le danger que pourrait faire courir à l'humanité, une confrontation avec les ETI :
" Une autre recommandation est que l'humanité devrait éviter de donner l'impression qu'elle est une civilisation en rapide expansion. Si une Intelligence Extraterrestre (ETI) perçoit l'humanité de cette manière, alors elle peut être poussée à tenter une frappe préventive contre nous de manière à nous empêcher de devenir une menace pour les Intelligences Extraterrestres ou d'autres dans la galaxie. De la même manière, les Intelligences Extraterrestres qui chérissent les écosystèmes à l'échelle de l'Univers, pourraient observer les tendances destructrices de l'écologie par l'humanité et ainsi, détruire l'humanité de manière à préserver le système Terre comme un tout. Ces scénarios nous donnent des motivations pour que nous limitions notre croissance et réduisions notre impact sur les écosystèmes du globe. Il serait particulièrement important pour nous que nous limitions nos émissions de gaz à effet de serre parce que la composition de l'atmosphère peut être observée à partir des autres planètes." (page 2126) |
Voici un argument qui ne manque pas d'originalité et qui ne déparera pas la collection du Professeur Brignell. En gros, si vous voulez que les Aliens-écolos ne détruisent pas l'humanité, il faut respecter notre environnement et il faut aussi réduire nos émissions de gaz à effets de serre car notre atmosphère se voit de très loin. Car les Aliens-écolos ont, comme les humains-écolos, certainement horreur du gaz carbonique et du méthane.
A ce propos et grâce aux recherches menées par nos trois brillants chercheurs de la Penn State University (et de la NASA), nous tenons (enfin) une explication crédible sur la disparition des dinosaures, il y a environ 65 millions d'années. Ces derniers ont certainement été éliminés par les Aliens-écolos vigilants qui avaient détecté une augmentation d'un facteur 3 ou 4 du taux de dioxyde de carbone de notre planète par rapport aux taux actuel. Les Aliens-écolos ont certainement frappé préemptivement et les dinosaures ont disparu.
Dès lors pourquoi s'obstiner à invoquer naïvement la chute d'un astéroïde au Mexique ou la recrudescence de l'activité volcanique, à cette époque ?
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Epilogue et conclusion :
La plupart des nombreux commentateurs qui ont rapporté sur cet "article" dans la presse et les blogs anglo-saxons, se sont déclarés stupéfaits. Beaucoup sont hilares. D'autres (nombreux) se montrent inquiets de l'état d'esprit qui semble régner parmi les chercheurs de la génération montante.
Seul, le Guardian (ci-contre, avec une illustration de Mars attack) reste fidèle au poste et publie, sans aucun humour (il faut plutôt lire les commentaires pour en trouver beaucoup) un papier rédigé, sans doute, par le dernier "correspondant scientifique" survivant qui ne soit pas mort de rire en lisant cet article de science-fiction mâtiné à la sauce écolo.
Voici le titre du Guardian qui, comme d'habitude, dans ce genre d'affaire, ne se pose pas de questions : "Les Aliens pourraient détruire l'humanité pour protéger les autres civilisations, déclarent des scientifiques. L'augmentation des émissions de gaz à effet de serre pourraient avertir les aliens que nous sommes une menace en expansion rapide, déclare un rapport."
D'autres, enfin, comme moi, se demandent encore comment un tel "navet" a pu franchir le barrage des referees d'une revue scientifique. Le processus de relecture par les pairs n'est plus ce qu'il était, mais tout de même. Le fait que cet article ait été soumis au mois d'Août (2010) n'explique pas une telle négligence de la part des relecteurs. S'il est vrai que le processus de relecture a été sérieusement remis en cause pour la Science Climatique (voir les courriels du CRU), on ne s'attendait pas à ce que l'Astronautique soit, elle-même, contaminée.
Comme je l'ai signalé, La NASA et tout spécialement la prestigieuse Division des Sciences Planétaires à laquelle nous devons tant et à à laquelle Shawn D. Domagal-Goldman est (très provisoirement, sans doute) associé, n'a pas apprécié que son nom soit cité lors de la publication genre "Science-fiction écolovertie" de son ressortissant stagiaire. Ceci explique sans aucun doute les plates excuses de l'étudiant SDDG publiées dans ce site et reproduit dans d'autres sites qui avaient marqué leur étonnement (comme Nasa Watch) :
"Mais j'admets tout à fait avoir commis une terrible erreur. Je suis par nature honnête et naïf..mais c'était quand même une erreur. Je n'aurai pas dû mentionner mon affiliation en tant que membre "du Quartier Général de la NASA". Je l'ai fait à cause de mon affiliation académique actuelle. Mais quand je l'ai fait, je n'ai pas réalisé les implications que cela pourrait avoir. Je suis vraiment désolé pour cela mais c'est une erreur qui vient de notre négligence et de notre inexpérience et de rien d'autre. Je ferai ce que je pourrai pour rectifier ceci, jusques et y compris en distribuant ce courrier au Guardian, à Drudge et à NASA Watch.
S'il vous plait, aidez moi à diffuser ce billet là où vous pourriez voir que cet article a été faussement attribué à la NASA."
Voilà qui est fait, Dear Shawn !
Chacun se fera son opinion mais qu'il me soit permis d'avancer quelques éléments d'explications (qui n'engagent que moi) :
Nos trois jeunes étudiants-chercheurs baignent en permanence dans un milieu extrêmement orienté du côté de la deep-ecology, très présente dans certaines universités américaines (telle Stanford et Penn State) (et allemandes). Ils ont cherché et trouvé (ce qui est quand même à mettre à leur actif !) un moyen innovant pour faire peur à leurs contemporains s'ils n'adhèrent pas aux idées de la frange ultra-activiste écologiste dont ils sont littéralement imprégnés.
Sans doute, l'échec de Copenhague, le Climategate, la perte d'audience du réchauffement climatique anthropique dans l'opinion publique, les espoirs très limités d'obtenir un prolongement des accords de Kyoto, les déboires successifs et répétés du GIEC, de l'UNEP et des organisations internationales du même type ont probablement joué un rôle prépondérant dans leur décision de publier cet article "ébouriffant".
Une ultime cartouche en quelque sorte.
Après tout, ne sculptait-on pas des monstres de l'enfer sur les piliers de nos églises pour susciter la peur et canaliser et assagir les comportements des habitants du Moyen-âge ?
Au fond, nos étudiants, un peu loufoques, ont cherché à utiliser ces même ressorts qui ont fait leurs preuves. Mais cette fois-ci en agitant le spectre, non plus de l'enfer et de la religion qui ne font plus recette, mais celui des extraterrestres, qui font plus "modernes".
Ce n'est plus le Diable qui nous guette du fond de l'enfer. Désormais, ce sont les grands méchants Aliens-Universalistes-Ecolos (tel que celui dessiné à droite) qui jugent notre comportement, tapis au fond de l'espace… et qui s'apprêtent à frapper. Soyez écolos ! Sinon….
Les trois étudiants docs ou post-docs de l'Université de Pennsylannia, férus de science-fiction, d'OVNIS et d'écologie, ont vraiment bien mérité leurs superbes bonnets d'ânes équipés de deux antennes destinés à l'espionnage des Terriens, comme celles que sont censés porter les Aliens.
Addendum : Parmi d'autres candidats, Le Matin obtient un accessit pour un article du 23 août intitulé "l'Invasion des aliens a-t-elle commencé ?"
En affirmant, bien sûr, que tout cela vient d'un rapport de la NASA. Félicitations au journaliste pour la recherche des sources !!
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…. Bon, tout ça, bien que parfaitement authentique, c'était juste pour se détendre un peu, en cette période estivale. La réalité dépasse parfois la fiction.
Bonne fin de vacances, mes chères lectrices et chers lecteurs.
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