Intégration, référendum, solidarité fiscale
Voyons-les un par un.
1/Intégration
Pour éviter, au niveau politique, les impasses en matière de discussion sur la notion si vaste d'intégration il s'agira de penser seulement celle-ci du point de vue du droit politique public, c'est-à-dire en tant qu'il s'agit d'une intégration dans la citoyenneté républicaine française ; ce qui implique en préliminaire de ne pas se préoccuper, du moins à ce niveau, de l'intégration culturelle au sens de se demander si telle ou tel est intégré(e) dans telle ou telle "culture" -et ce au-delà de savoir ce que ces cultures "valent"; car il s'agit plutôt de se demander au préalable si la personne concernée est oui ou non intégrée sinon en tant que "citoyen" au sens formel (nationalité) du moins dans le fait de connaître et d'accepter les lois qui régissent la citoyenneté de la République française dans laquelle on vit, y compris comme étranger ; ce qui inclut par exemple sinon l'adhésion du moins l'acceptation de tous les articles de la Constitution (dont l'acceptation du français comme langue officielle), à commencer par son Préambule des droits fondamentaux. Dans ces très strictes conditions, le fait d'appartenir ou non à une culture donnée, qu'elle soit autochtone, composite, étrangère, jusqu'à la plus informelle et underground (culture "parisienne", "marseillaise, culture "bobo", "rouge", "faf", "racaille"…) à la plus singulière (culture bretonne, basque, berbère, peul, juive, ou alors chrétienne, bouddhiste, musulmane …) toutes ces cultures se distinguent de la culture citoyenne qui regroupe, elle, tous les droits constitutionnels ; et elle, seule, se trouve en possession des prérogatives qui nécessitent un constant rappel à la loi, même si les formes juridiques cependant évoluent. Cette distinction faite, permet de délimiter la polysémie du terme en évitant que les tensions permanentes viennent imposer leur rythme et leur allure à un être ensemble, français, c'est-à-dire dont la vocation n'a jamais seulement été un vivre ensemble.
2/Référendum
La vocation du citoyen français est d'être par exemple un acteur libre qui se distingue de l'agent formaté parce que se pose la question de sa participation active au processus démocratique. Par quel biais ? Par les élections de représentants, mais aussi par le référendum, du moins depuis qu'il peut ne pas être pensé comme un plébiscite ou un substitut au représentatif ; de quelle façon ? En tenant compte par exemple de l’évolution actuelle de la 5ème République avec la cohabitation et la non démission du Président en cas de réponse négative au référendum ; ce qui permet dans ce cas de penser ce dernier enfin autrement et en fait selon les voeux des fondateurs de l'esprit républicain français, jusqu'à René Capitant compris. En effet, il s'agit de répondre à une question précise, et non pas d'adhérer à toutes les propositions du parti à l'initiative. Dans ces conditions ce qui se révèle traduit plutôt l'idée de démocratie "directe" au sens où une démocratie peuplée d'acteurs libres est à même de se responsabiliser sur des réponses. Ainsi, il n'est pas sûr que le "peuple"de France aurait répondu par la négative s'il y avait eu un référendum sur la peine de mort. Vu ainsi, le référendum révèle deux phénomènes, il affirme la souveraineté du peuple, surtout si la loi organique lui permettant d'en appeler au référendum, se trouve, enfin, promulgué; et en même temps en se prononçant par référendum il vérifie ainsi la réalité des énoncés stipulant que la démocratie est plutôt peuplée d'êtres humains libres plutôt que soumis.
3/ Solidarité
La question de la forme de la solidarité pose enfin le profil de l’être ensemble qu’il s’agit d’analyser dans ses conséquences. Et celle-ci a un double volet : public et privé. La conjonction est fondamentale parce qu'elle permet de souligner que des acteurs privés peuvent également faire preuve de solidarité et ce bien plus que le public, la preuve ? Les Restaurants du Coeur, la fondation Rockefeller, la fondation France, Bill Gates, etc… Ils ne sont pas là comme substituts à l'Etat comme le pensait feu Coluche mais expressions libres de la solidarité volontaire qui n'a en fait pas besoin de l'Etat pour émerger. Ce dernier incite, rappelle la loi, mais ne force pas, puisque s'il s'y mêle il s'avère qu'inexorablement un paradoxe veut qu'à terme la bureaucratie qu'il met en place vise en fait d'abord à sa propre reproduction plutôt qu'aider à la solidarité. Aussi l'idée fausse -que certains "riches"propagent également-stipulant qu'ils ne seraient pas assez taxés-oublie que l'argent non taxé favorise le Multiplicateur de production de richesses puisque l'argent non investi servira à payer des services et des industries diverses.
Si la Chine, l'Inde, le Brésil, ont choisi le marché alors qu'ils étaient dans des modèles encore rêvés en France c'est bien parce que sa liberté est la seule à amener la prospérité pour tout le peuple et non seulement pour une minorité.
Par ailleurs, la cause des ébranlements civilisationnels, dont les manques de solidarité des sociétés, ne provient pas du marché, mais d'une modernité n'ayant pas les institutions démocratiques et les liens sociaux publics au niveau adéquat : au sens où ils prendraient mieux en charge les distanciations entre générations, l'émergence de la jeunesse comme statut, l'essor d'égalité entre hommes et femmes, tous ces enjeux de l'individuation moderne qui bouleverse les structures traditionnelles, mais aussi les idéologies, tant et si bien que les premières veulent freiner l'ensemble en fermant les robinets culturels et constitutionnels, tandis que les secondes aimeraient en être le fluide…jusqu'à s'y substituer, ce qui ne peut que le tarir.
Ces trois sujets sont-ils abordés dans la campagne présidentielle française ? Oui, mais de façon bien trop électoraliste, idéologique, ce qui ne peut qu'être dommageable pour l'avenir de la République française qui se doit de ne pas oublier d'où elle vient pour mieux se diriger où elle va. Mais où va-t-elle ? La campagne présidentielle ne le dit pas. Du moins pas encore.Semble-t-il. Pourtant, on devine bien l'iceberg au loin. Mais comme seuls les médecins de Molière sont de quart, la taille de l'iceberg est relativisé, il ne faut pas effrayer inutilement : principe de précaution oblige.