Les dés sont donc jetés. Nicolas Sarkozy en refusant sinon l'alliance du moins la dédiabolisation, simultanée, du libéralisme et du FN a perdu (n'en déplaise à Patrick Devedjian). Mais pouvait-il en être autrement ? Il est clair qu'il ne pouvait guère en quinze jours effacer des années de soumission à la parole gauchiste sommant, depuis l'effort de Charles Millon, puis d'Alain Madelin, de s'agenouiller devant les dénis les diktats assénés avec haine et stipulant que les thèmes visant à renforcer l'identité française et son économie vivante seraient des thèmes d' "extrême droite" et "néo-libéraux"; alors que ce sont ces mêmes thèmes qui ont toujours fait la France : liberté et responsabilité individuelles, sens de la justice (depuis Saint Louis), égalité dans les droits pour celles et ceux qui se demandent d'abord ce qu'ils peuvent faire pour leur pays. Voilà ce qu'il aurait fallu dire au lieu de tout confondre en laissant croire que les libéraux sont identiques à des bandits sans foi ni loi, et que les patriotes de la droite nationale sont similaires aux néonazis qui viennent de rentrer au Parlement grec.
Mais L'UMP a accepté le discours anti France et anti-libéral de la gauche et de la droite relativiste, par exemple sur l'islam, refusant de critiquer ce dernier en tant que tel préférant s'en tenir à une vague critique de l'islam radical, alors que l'islam lui-même sur les femmes, les apostats, les juifs, les chrétiens, a toujours été très clair, et l'on voit bien ce qui se passe dans les pays de l'islam réel alors que nous en France vivons encore dans l'illusion d'un islam imaginaire protégé par le giron généreux de la République. Il aurait été possible de raisonner autrement sur cette résurgence théocratique. De même, rien n'a été éclairci sur le rôle de l'État, et les accents mettant les dettes sur le compte des "crises financières" dénonçant un "néolibéralisme" lui aussi imaginaire ne sont pas sérieux puisque l'on ne peut pas financer le budget d'un État vorace et moralisateur par la dette ; de même il n'est pas sérieux que ladite droite nationale propose le retour à la planche à billets "comme le font les USA, l'UK, le Japon" ; mais ces pays sont-ils si en forme pour autant ? La maigre croissance américaine est artificielle, celle du Japon est tirée par le boom asiatique, quant à l'UK, en récession, les derniers résultats des urnes viennent de rendre quelques sentences qui expliquent non pas que "l'austérité ne suffit pas" mais qu'il n'y a pas assez d'innovations, de libérations, c'est-à-dire plus de justice ; c'est plutôt l'Italie qui risque de nous étonner plutôt car loin de relancer par la dette ce pays libère l'économie et donc relance par l'offre seule source de croissance pérenne, bref, voilà bien sûr le pic de discorde avec les souverainistes, mais cela n'empêche pas que sur les valeurs de cohésion de renforcement de la République, il soit possible de s'entendre avec eux. D'ailleurs, tout le monde chez eux ne semble pas d'accord pour une sortie à brûle pourpoint de l'euro, de l'État stratège plutôt qu'arbitre etc…
Il y a aussi la question du droit du sol, un acquis napoléonien qu'il est stratégiquement idiot de remettre en cause parce qu'il nous faut une France en effet forte dépassant à terme l'Allemagne démographiquement en allant vers les 100 millions et plus encore. Du moins si une véritable politique d'intégration soit à même de casser tous les "communautarismes", les relativismes, visibles et invisibles. Syndicaux y compris. Et, sur ce point, comme je l'ai déjà dit, la rupture, au niveau de la politique institutionnelle, cale le viseur sur le caractère oui ou non intégrateur/assimilationniste du FN ; alors qu'en effet les néonazis qui commencent à ressurgir un peu partout, eux, refusent toute forme d'assimilation ; or, c'est vraiment là le point de scission ; comme il existe un autre point de scission avec les néo-communistes lorsqu'ils agressent les riches en général et tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux en particulier ; on a vu comment ils ont tenté d'empêcher de parler non seulement Marine Le Pen mais certains souverainistes. Or, la victoire d'Hollande va leur donner des ailes, et ces néoléninistes vont se comporter comme les néonazis grecs d'Aube dorée.
Ce qui fait que l'on va se retrouver face à trois feux : eux, les identitaires étatistes et refusant l'assimilation (comme les groupes islamiques d'ailleurs), enfin les sociaux-étatistes de droite et de gauche. Aussi, pour les patriotes libéraux, conservateurs, démocrates, le souci consiste à se rassembler autour d'un programme posant la question de l'être ensemble et non pas seulement d'un vague vivre ensemble s'étendant à la planète entière, ce qui est non seulement faussement généreux mais idéaliste en ce sens qu'il ne suffit pas de promettre tout si l'on ne peut rien tenir et maintenir pour le plus grand nombre : celles et ceux, déjà, qui partagent le destin français. Personne n'a le monopole du coeur avait dit un de nos "ancêtres". Mais pas plus s'agissant de l'identité française. Aussi faut-il savoir tourner la page. Ce qui n'est pas le plus facile, mais pas le plus dur non plus…
2 réflexions sur « Que peuvent, maintenant, les patriotes républicains et libéraux? »