13 janvier 2025

Obama ou l’erreur stratégique elle-même

Des drones viennent de frapper des "militants" au Yémen, ce qui n'empêche pas la pression islamiste de monter en puissance partout dans le monde, et les Américains viennent de fermer, en plus de la dizaine d'ambassades et de consulats déjà clos, un nouveau consulat au Pakistan.

Où est le "progrès" promis depuis l'ère Bush ? Cela va de mal en pis, sans parler de ce qui se passe en Afrique, de la Tunisie à l'Égypte en passant par la Libye et le Nigeria sans oublier, mais dans une moindre mesure, le Kenya la Somalie et le Soudan. Et, en Asie Mineure, la Turquie et, au Proche Orient, la Syrie et le Sinaï.

Obama fait sa petite guerre, tout seul (alors qu'il l'a reproché à Bush fils) en croyant ainsi policer en quelque sorte l'islam, séparer le bon grain de l'ivraie, faisant ainsi précisément ce qui a été reproché au "néo-conservatisme" tel que agir à la place des musulmans pour effectuer les réformes tant attendues au sein de la doctrine.

Or, les conditions d'un tel réformisme ne sont pas réunies et ne sont pas près de l'être, du moins semble-t-il (j'aimerais bien me tromper). Certes les forces dites "laïques" se réveillent ici et là, mais elles ont beaucoup de retard sur les islamistes parce qu'elles ne répondent pas tout à fait, ou alors seulement à la manière postmoderne occidentale, aux causes non seulement économiques mais spirituelles, morales, qui poussent des centaines de jeunes, pourtant formés en Occident et pas spécialement misérables, à aller faire le djihad.

Sans parler de ce qui se passe au Pakistan ou au Nigeria où l'on voit bien que ce qui est en jeu est un mode de vie et non pas seulement un problème de formation et d'emploi (!). On peut d'ailleurs faire cette constatation avec ce qui se passe en France, surtout lorsque "la politique de la ville" a trente ans derrière elle et des dizaines de milliards, avec le succès que l'on sait.

Je ne dis cependant pas que la réponse serait simple ni même que je prétends la posséder. J'avance néanmoins l'idée que ces mouvements dits extrêmes se posent comme des "solutions" aux défis de la Modernité avec son cortège de libertés nouvelles et d'individualisme qui s'immisce (comme l'avait bien vu Marx malgré sa réponse parcellaire) dans des sociétés communautaires comme ce fut le cas en Allemagne, au Japon, en Italie, voire aussi en France à la fin du 19ème siècle.

Or, la solution à cette demande de résolution de tels défis ne peut être seulement quantitative comme le croyait Marx au sens d'apporter, d'en haut en plus, des solutions en termes de solidarité sociale et d'organisation collective de la production qui par surcroît ne marchent pas ou vont à l'opposé de leur prétention émancipatrice. Car il s'agit aussi de les effectuer dans un état d'esprit, une culture, une façon d'être, bref un mode de vie qui apporte tout à la fois des réponses pratiques mais aussi éthiques et esthétiques qui nourrissent en quelque sorte tous les aspects de la condition humaine. Tout est lié en fait. C'est précisément l'offre des mouvements islamistes.

On le voit bien aussi en Occident avec les divers mouvements de contestation du consumérisme et du productivisme. Sauf que ces mouvements sont contradictoires et peuvent d'un côté en effet effectuer une critique salutaire du technocratisme consumériste mais de l'autre côté ils pousseront (comme tout groupe humain) à encore plus de production d'artefacts en prônant par exemple la GPA et la PMA pour "tous" et le trans genre à enseigner également dans l'école publique. Ils seront donc d'un côté contre les OGM mais de l'autre pour la manipulation génétique (à terme) et surtout pour la réduction de la femme à un ventre, une matrice (la mère porteuse de Bergé). Ce qui n'est pas loin des pratiques défendues par les mouvements islamistes.

D'où une étrange alliance objective entre d'un côté des mouvements postmodernes qui veulent transformer l'humain de fond en comble (poursuivant ainsi les projets léninistes et nazis, même s'il s'agit de ne pas faire d'amalgame) et de l'autre côté des mouvements antimodernes qui veulent soit revenir aux sociétés ancestrales paysannes soit revenir dans des sociétés religieuses guerrières comme l'était l'islam de l'origine.

D'où l'étrange fascination de Foucault envers l'islamisme iranien qui tente de concilier les deux, d'où le silence, assourdissant, des "militants" de la cause gay et trans envers ce qui se passe dans les pays musulmans.

D'où enfin le faux pas d'un Obama qui au lieu de faire cause commune avec la Russie afin d'un côté combattre efficacement l'islamisme, et de l'autre l'infléchir sur son soutien inflexible au sanguinaire Assad, Obama s'immisce d'une part dans le débat inter-musulman en sachant mieux que les musulmans ce qui serait ou pas le "bon" islam, et, d'autre part, fait alliance avec ces mouvements nihilistes du postmodernisme qui de par leur pratique de destruction de l'humain alimente en réalité ceux qu'Obama prétend combattre à savoir tous ces militants formés pour une part immense au contact de l'Occident.

Ce paradoxe devient la pierre angulaire de l'erreur stratégique nommée Obama, et Hollande, malgré le Mali, ne fait pas mieux.

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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4 réflexions sur « Obama ou l’erreur stratégique elle-même »

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