Le travail de Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe (2005) reste époustouflant de rigueur (n'en déplaise à Faurisson and Co qui s'esclaffèrent à l'idée que le Zyclon B ait été utilisé également pour des humains) sauf qu'il faudrait faire la même chose pour la "destruction du peuple russe" (déjà bien étudié néanmoins par Soljenitsyne, Malia, Besançon) en y ajoutant un "dernier" chapitre "la destruction de l'Occident en général et du peuple français en particulier".
Ce qui frappe dans le livre d'Hilberg, c'est le côté à la fois surréaliste et kafkaïen de la destruction établie au jour le jour avec des décrets traquant moins la "race" que "l'influence juive"(Hilberg, T1, p.117) dans les commerces, l'enseignement, l'artisanat, l'art, l'amour…
C'est ce qu'il faudrait faire identiquement pour la destruction du peuple russe (à quand son Nuremberg avec ses bourreaux français aussi ayant toujours pignon sur rue) où il était question de traquer "l'influence bourgeoise" dans la moindre pensée, acte, action, enseignement excluant les enfants de bourgeois et de nobles, comme aujourd'hui dans la destruction de L'Occident où il est question de traquer "l'influence libérale" d'une part, "l'influence sioniste", "l'influence de la conservation de soi" d'autre part ; le tout dans la moindre pensée, acte, action, cherchant par exemple à détruire les idée d'identité, de corps, d'esprit, différents entre homme et femme ; de même que l'idée de "peuple" parce que cela fait "populiste" officiellement ou que cela empêche, refuse, résiste à l'idée de percevoir les chairs comme étant imprégnées de symboles spécifiques au lieu de les voir comme autant de corps à industrialiser dans la grande fabrique de l'interchangeabilité entre réel "chimérisé" par l'idée (orwellienne) de "paix perpétuelle" et un imaginaire durci en programme virtuel augmenté, dont le djihadisme serait la version terminale et la TV réalité sa version de plus en plus banale.
Il ne s'agit pas cependant d'établir des similitudes analogiques entre nazisme communisme et postmodernisme nihiliste, mais d'observer leur fond idéologique commun : celui de purifier éradiquer traquer tout ce qui est considéré comme "étranger" à la pensée dominante, c'est-à-dire le modèle de comportement décidé, y compris dans les pensées et les actes les plus intimes, et qui a été désormais conçu, ciselé, comme étant "la hiérarchie des normes" sous peine d'être taxé "d'extrême-droite" ; d'où la nécessité d'éradiquer aujourd'hui, en plus subtil, ce qui a été fait brutalement en grand, y compris de nos jours en Turquie, et ailleurs…
Ainsi, comment tel candidat, telle oeuvre, peut être écarté(e) dans tel média, telle université, telle entreprise, là, en France, ici, aujourd'hui, pas du tout au Pakistan ou en Algérie, ce qui est monnaie courante. Mais là, ici et maintenant ; le tout au nom d'une idée de l'humain en apparence généreuse, mais dépouillée en réalité de tous ses vêtements symboliques, réduit à un "care" qu'il s'agira de maintenir à l'état de machines mondialisées excitées et sommées de réagir, avec égalité, aux diverses "manips"(comme celle de s'émerveiller de voir "des" musulmans aller prier dans des églises, alors qu'ils n'ont pas fait ce geste quand des Juifs se sont fait tuer parce que juifs…).
Une tâche considérable à effectuer au quotidien : qui est éliminé pour sa "pensée sauvage", pour son travail indépendant, où, comment, par qui…