Comme si, à l'instar d'un purisme jamais démenti depuis St Just, seuls les ultra anti-libéraux pouvaient être invités à parler du…libéralisme. Qu'ils aient leur fiel à déverser quoi de plus normal en démocratie, mais de là à être en situation de monopole…
Or, c'est bien là la caricature poussée jusqu'au paradoxe d'une pensée totalitaire sans le dire, c'est-à-dire se présentant à la fois comme procureur et historien de la Vérité (Pravda en russe) celle d'une époque qu'ils ont en plus et à l'évidence pas du tout compris ; sinon en regrettant la "restauration" des vieilles idées d'économie, de valeur, que tentait, tout de même, de rétablir une gauche qu'un Bové et qu'un Besancenot traitent aujourd'hui de "molle" …
Bref, seule la destruction en tant que telle aura de valeur pour un Cusset dont j'ai analysé la prose ultra alter-mondialiste dans mon livre La Philosophie cannibale, puisqu'il est posé d'emblée, mais évidemment sans forcer le trait dans ce genre d'émission, que le libéralisme c'est le mal, alors que les années Tatcher et Reagan ont permis à Blair et à Clinton de bénéficier d'une économie florissante qui a fait bien plus pour les plus démunis que la gauche et la droite étatiste en France.
Ce qui ne plaît pas aux ultra-gauchistes dont la critique non seulement du libéralisme mais surtout du communisme stalinien ne mène nulle part sinon à l'instauration d'une société frugale, à l'ombre de l'islam, puisque nombre de gauchistes de cette trempe fricotent désormais avec non pas les musulmans modérés des Etats arabes Unis, du Maroc, de la Jordanie, mais bel et bien avec les islamistes purs et durs khomeynistes, compagnons de route du Hezbollah ou du Hamas.
Sans oublier leurs idiots utiles allant des Indigènes de la République aux centristes multiculturalistes de Bayrou et de certains communautaristes UMP et FN en passant par les sociaux nationaux royaliens préférant le voile au string.
Et dans cette émission, bien ficelée, avec les voix de Tapie, Pivot, Renauld, Coluche, Guy Hogenheim aussi, un Serge Halimi par exemple traitait Jimmy Carter de président conservateur parce qu'il avait augmenté en 1979 le budget militaire américain alors que quelques temps auparavant la révolution khomeyniste battait son plein à Téhéran et que c'est cet effort de guerre continué sous Reagan qui a mis à mal les finances soviétiques et obligé Gortbatchev à entamer la Glasnost et la Perestroïka pour tenter de rétablir la barre ; ce qui eut pour conséquence la chute du mur de Berlin : Halimi le regrette-t-il lui qui se plaint de se voir assimilé aux staliniens lorsqu'il critique le retour à l'ordre libéral qu'aurait effectué la génération des Gluksmann, Bruckner, Kouchner?…
Parce que l'émission partait de là aussi, de cette soit disante restauration d'un ordre perdu alors que 68 n'a pas été seulement la poussée nihiliste qui fascinent les Cusset et Halimi mais aussi la recherche d'un qualitatif d'un individualisme secouant les vieilles formes de l'universel paternaliste sans pour autant sombrer dans le relativisme des valeurs mais leur relativité formelle ce qui est bien différent. Même l'idée hyppie de la paix et de l'amour pour tous exprimait cette idée d'un universel démocratique possible au-delà des formes singulières qu'il prend selon les histoires spécifiques.
Mais de cela, évidemment, on en entendra pas parler puisqu'il y aurait un label 68 à défendre fait de révolte pure que nos gauchistes bien nourris et bien payés, même lorsqu'ils viennent déblatérer leur haine du libéralisme sur une chaîne du service public, défendront bec et ongles, comme s'ils étaient les détenteurs de La Vérité…
Il est vrai que la France est une URSS qui aurait réussi… En effet, elle ne s'est pas (encore) effondrée et la critique pourtant "unilatérale" d'une doctrine passe benoîtement pour un effort salutaire de salubrité publique.
Imaginez un instant que l'on s'insurge et que l'on menace le producteur de cette émission de le poursuivre devant le CSA pour émission non équilibrée, nous vivrons sans doute la même terreur que celle qui commence à s'abattre sur Alain-Jean Mairet lorsqu'il a eu le malheur d'attaquer une émission suisse à la gloire du Hezbollah…
Voilà où nous en sommes. Dans le pays des Droits de l'Homme où l'on pourrait soit disant blâmer…
Il est temps que quelque chose change, à commencer par la constitution de médias réellement résilients à la normalisation ultra-gauchiste et éco-totalitaire qui domine de plus en plus certains médias.
9 avril 2007