C’est ce que pense Didier Raoult, à la suite du Macbeth de Shakespeare qu’il cite ainsi, dans son livre “Dépasser Darwin” (L’Abeille/Plon, 2020, p. 47) lorsqu’il avance qu’il n’y a pas “meilleure définition“de “la vie” et elle “se termine toujours mal” ajoute-t-il; d’autant que selon lui il n’y aurait de surcroit pas de “définition scientifique de la vie” (idem) en ce sens où semble-t-il elle pourrait être circonscrite par un début et une fin reproductible puisque c’est bien là la singularité de l’angle dit “scientifique”: pouvoir sinon reproduire du moins à défaut prévoir (modéliser…) exactement la trajectoire, le comportement, de l’objet étudié…
Or il n’est pas possible selon Raoult d’arriver à une telle analyse tant la vie est une “création permanente“(p.44) une “chimère” (p. 24) un substrat en quelque sorte, et en ce sens Raoult penche semble-t-il plus du côté de Geoffroy St Hilaire que de Cuvier quant à cette idée de plasticité permanente des organismes défendue par le premier alors que le second tablait plutôt sur leur “fixité” permettant auparavant à un Linné d’y classer les “espèces” (terme également contesté par Raoult); d’où ce conflit devenu séculaire entre “fixistes” (conservateurs au niveau politique) et “plasticiens” (mouvementistes : “le but est rien le mouvement est tout” disait le socialiste allemand Bernstein) et que vient perturber l’autre binôme matérialiste/idéaliste (“la preuve du pudding” est-elle “qu’on le mange” ?…) bref l’éternel débat entre Parmenide (l’Un) et Héraclite (le Multiple) Platon penchant plutôt vers le premier mais admettant que l’Être se situe entre les deux : l’Un pour se saisir lui-même se dédouble -un peu comme le Père et le Fils dans la Trinité … d’où l’impossible racine de 2 et des nombres “irrationnels”…
Aussi est-il tentant d’avancer que “la” vie serait un mouvement sans autre but que sa reproduction, à voir en effet tout vivant oeuvrer ainsi, tout en se demandant aussi, concernant cette fois l’humain seul, s’il ne s’agit pas surtout d’un plat cuisiné en ce sens où ce dernier est bien plus que la somme de ses ingrédients ?… Formule déjà repérée par Aristote certes et aussi par Pierre Janet lorsqu’il analyse la vie de l’esprit en posant que le psychisme n’est pas réductible à ses éléments : ainsi le sentiment de “l’effort” qui ne peut être résumé par la seule notion de “force” (Maine de Biran disant, rappelle Janet, que “le moi ne peut se mettre en doute au moment de l’effort moteur”, sinon l’on rate sa cible ; ce qui fait que ce “tout” dépassant la somme de ses parties (et déjà repérable en sciences de la matière) ne peut pas considérer que la vie ET son bien vivre, le Bios, serait repérable uniquement dans ses éléments, l’éthologie (Lorenz) nous a appris que l’on n’étudie pas un animal uniquement sur la table de dissection.
Idem pour le “genre” humain qui est plus qu’une “espèce” mais pas au sens où il serait seulement une “chimère” car ce serait là le réduire à son aspect micro-biologique comme tentent de le faire les partisans hybrides du mouvementisme et de l’idéalisme : une femme serait seulement ce qu’elle veut devenir indépendamment de son Bios; comme si l’Idée pouvait imposer la Forme choisie à la Matière (à l’instar du sculpteur) alors que cette dernière, surtout lorsqu’elle est vivante et humaine, a déjà en son sein une direction du moins en terme de potentiel de possibles, non seulement comme femelle pouvant être mère mais aussi génitrice de qualité de vie dans les rapports sociaux alors que l’homme en tant que mâle est plutôt porté vers l’exploration et la performance de ses capacités (Joseph Nuttin, Théorie de la motivation humaine, PUF, 1980, p. 166) ce qui va bien dans le sens du livre de bonne vulgarisation pédagogique Transmania (voir sa recension dans Dogma, n°28 p. 147)dans lequel les auteures montrent bien en s’appuyant sur nombre d’analyses également partagées par l’Observatoire de la petite Sirène que la notion même de “sexe” ne se réduit pas aux organes génitaux et leur capacité générative mais bien à toute une arborescence qui se diffuse dans tout le corps cerveau compris, d’où l’illusion de croire qu’il suffirait de bloquer voire d’effacer les organes extérieurs pour transformer la “chimère” en ce que l’on désire…
Enfin si l’on se situe sur les plans sociaux politiques (“l’Homme est un animal politique/social”) il y a bien une direction non pas nécessairement du point de vue de la “forme”atteinte qui est en effet historiquement contingente, mais du fait, simple au fond, celle de la perpétuation d’une singularité (telle chaque feuille disait Leibniz), “l’humain” donnant ainsi tout son sens au triptyque : singularité (chaque) particularité (forme ou “être” du sujet comme la “nation” ayant tel ou tel “régime” politique) universalité (conditions du “nécessaire” pour y arriver objectivement)…
Aussi est-ce que les “idiots” qui nous gouvernent “dans le bruit et la fureur” ont-ils seulement pour objet de ne rien signifier comme le dit Shakespeare (repris par Raoult) sinon leur perpétuation sans autre but qu’elle-même ?… Voilà une question qui mériterait d’autres réponses “scientifiques” que celles de la pure contingence, surtout si celle-ci laisse la place au seul nihilisme et à la fumisterie idéologique permanente…
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