A cette occasion, la présidente du Mouvement des Entreprises de France fait le point sur l’ensemble des sujets d’actualité.
La nouvelle convention sur l’assurance-chômage. « Nous avons eu le courage de nous mettre autour de la table au moment où l’Unedic affronte une situation financière extrêmement délicate » et « nous avons trouvé une solution qui, je l’espère, va satisfaire la majorité des parties » fait-elle valoir, ajoutant que « si l’Etat faisait la même chose avec les déficits dont il est responsable, en établissant un plan de court et moyen termes pour les résorber, ce serait formidable ! » Avec cette nouvelle convention, insiste la présidente du MEDEF, « nous avons fait en sorte que l’assurance-chômage soit à l’équilibre dès 2006 et que les dettes soient remboursées au plus tard en 2009 », soit « un horizon tout à fait raisonnable pour un déficit cumulé de 14 milliards d’euros ».
L’accord, se félicite Laurence Parisot, « est novateur car nous n’avons pas choisi la facilité réclamée par certains, qui aurait consisté à n’utiliser que la variable des cotisations patronales et salariales ». En effet, il « pose le principe, fondamental, de l’accélération du retour à l’emploi » et « les dispositions sur le reclassement immédiat, la valorisation de l’expérience ou les formations complémentaires sont favorables aux chômeurs et au travail ».
Cette année, confirme ensuite la présidente du MEDEF, « nous allons rediscuter à froid de la question de l’indemnisation du chômage, sans pression de calendrier ». C’est, elle en est convaincue, « la meilleure façon d’accomplir une vraie réforme ». « Nous devons notamment » précise-t-elle, « repenser l’articulation des compétences entre l’Etat, c’est-à-dire ce qui relève de la solidarité nationale, et les entreprises et les salariés, c’est-à-dire ce qui relève d’une logique d’assurance ».
Par ailleurs, « il faut savoir distinguer les moments d’urgence, où la garantie de la continuité d’un système est en jeu, et les moments où l’on peut se permettre davantage de créativité ». L’objectif étant, annonceLaurence Parisot, « d’élaborer des idées nouvelles pour la campagne présidentielle de 2007 ». A l’occasion de cette première grande négociation sociale depuis son électionà la présidence du MEDEF, elle a « voulu démontrer que face aux difficultés, nous pouvions être capables de raisonner autrement que par le passé et nous l’avons fait ».
Le dialogue social, insiste plus loin Laurence Parisot, « est un moteur, il trouve des idées, il initie des mécanismes ». Et elle en est plus que jamais convaincue, « dans le monde de l’entreprise, les partenaires sociaux sont beaucoup plus à même de penser les choses que le législateur ». Quant aux autres négociations « sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, elles vont démarrer ». Enfin, « sur les seniors », indique la présidente du MEDEF, « les syndicats attendent des engagements clairs du gouvernement, afin que l’accord conclu à l’automne ne soit pas dénaturé»
Le financement de la protection sociale. Autre grand sujet d’actualité abordé au cours de cette interview : le financement de la protection sociale et les annonces faites en ce sens par Jacques Chirac lors de ses vœux aux Français le 31 décembre dernier.
« J’ai été surprise, même si la question posée est tout à fait légitime et importante » indique Laurence Parisot qui, si elle trouve « intéressant d’en débattre » y met cependant des conditions : « examiner toutes les pistes et associer tous les acteurs concernés ».
En effet, « le gouvernement doit comprendre qu’il faut savoir simplifier et en même temps éviter tout simplisme ». Ainsi, fait valoir la présidente du MEDEF, « quand le président de la République parle de réformer le financement de la protection sociale, je suis d’accord ». En revanche, « quand il veut changer l’assiette en faisant reposer les cotisations sur autre chose que les salaires, je dis que c’est simpliste ». En effet, explique, pédagogue, Laurence Parisot, «asseoir les cotisations sur la valeur ajoutée, donc sur l’investissement, ne va pas freiner les délocalisations, car la mobilité des investissements est potentiellement encore plus grande que celle des emplois ».
Quant à la TVA sociale, « nous avons un groupe de travail qui a déjà démontré ses limites » et, dans l’Hexagone rappelle-t-elle, « le taux deTVA est déjà assez élevé, et compte tenu des plafonds imposés parles instances européennes, la marge de manœuvre est insuffisante ».Si « d’autres scénarios existent comme la hausse de la CSG », elle « demande que des modélisations et des mesures d’impact soient réalisées, et cela de manière concertée ».
« La France est confrontée à des déficits colossaux, notamment celui de l’assurance-maladie », pour autant, « changer le mode de calcul des cotisations ne résoudra pas les problèmes ». D’ailleurs, « c’est comme pour l’assurance-chômage: on ne peut pas se contenter d’accroître les recettes sans mieux contrôler la dépense ».
A la question « qu’attendez-vous de Jacques Chirac, qui présentera ses vœux aux forces vives de demain ? », la « seule chose » que souhaite Laurence Parisot, « c’est que le Président de la République dise aux Français à quel point les entreprises sont au cœur de la création de richesses ». Aujourd’hui, indique-t-elle, « nous avons des rapports de travail » avec le gouvernementet « nous avançons ensemble, dans l’échange, sur beaucoup de sujets ». Si « sur certaines dossiers spécifiques, nous ne sommes pas d’accord, soit sur la forme, soit sur le fond », en revanche, elle « ne veut pas faire de généralités ».
Ce qu’elle regrette ? « Le mode de fonctionnement de nos institutions ». En France en effet, déplore la présidente du MEDEF, « nous n’avons pas une conception suffisamment pleine de la démocratie sociale ». « Veut-on un espace réservé aux partenaires sociaux ou pas ? Comment définir le périmètre du paritarisme ? » Or, elle en est persuadée : « si nous faisons l’effort de répondre à ces questions, les petites querelles disparaîtront très vite ».
A ses yeux, « il serait souhaitable que le gouvernement, quel qu’il soit, comprenne que les Français ont besoin de simplicité » car « les mécanismes de notre modèle social sont trop complexes ». A cet égard d’ailleurs, « la décision du Conseil constitutionnel de censurer le plafonnement des niches fiscales inscrites dans le budget 2006, au nom de sa trop grande complexité, est une décision extrêmement importante ». En effet, le Conseil « s’est prononcé sur un principe que nous avons toujours défendu : l’impôt compréhensible ». Cette décision, estime-t-elle, « est un avertissement pour le gouvernement ».
La dette publique. Autre thème abordé au cours de cette interview : les conclusionsde la mission Pébereau sur la dette publique. Le rapport Pébereau, applaudit la présidente du MEEF, « n’est pas seulement un diagnostic, c’est aussi une thérapeutique » et « c’est sa force que d’allier les deux ». Aussi, faut-il « le suivre dans ses préconisations et s’y mettre sans trop tarder ».
S’agissant ensuite des CNE, les MEDEF territoriaux jugent qu’il « a incontestablement libéré des ‘poches de travail’ jusque-là contenues ». Ce nouveau contrat est donc « en train de convaincre les chefs d’entreprise hésitants de prendre des risques ». Pour autant, considère Laurence Parisot, « il serait bon qu’une évaluation soit menée dans les prochains mois ».
Alors que le MEDEF réunira son Assemblée générale le 17 janvier prochain, à la question posée par Les Echos, « la page Seillière est-elle tournée ? » la présidente du MEDEF répond que « oui, la page est tournée, Ernest-Antoine Seillière préside le patronat européen» et « ici, en France, une démarche nouvelle est à l’œuvre ». Le17 janvier, Laurence Parisot rappellera « les axes sur lesquels » elle « souhaite faire avancer le MEDEF ». Aujourd’hui, « le style a changé,il est fondé sur beaucoup d’ouverture » et l’Assemblée générale «sera l’occasion de mettre en musique cette idée ». Rappelant enfin que « la grande force du MEDEF, son idée première, c’est de représenter les entreprises », Laurence Parisot fait valoir que « les entrepreneurs des grandes et des petites entreprises on plus de points de convergence qu’on ne le pense ». Sa « mission » est donc « de les rassembler ».

Une réflexion sur « Laurence Parisot dans les Echos »