Selon nombre d’indicateurs, tout semble en effet montrer que les tirs du Hezbollah progressent toujours plus vers le Sud en profondeur dans le territoire israélien. Précisons en passant que parmi les victimes « israéliennes », le Hezbollah compte déjà (ce dont il ne se vante pas et que la presse occidentale semble passer sous silence) nombre d’Arabes israéliens. Car en lançant ses roquettes sur des villes comme Afoula, voisine du village Arabe israélien d’Oum el Farem et située à 20 km du territoire palestinien (notamment Jénine), le Hezbollah ne craint pas de répéter le Scénario de Nazareth, lorsqu’il y a une semaine, deux enfants arabes israéliens avaient été tués par des tirs de roquettes du Parti de Dieu.
Plus grave encore, dans ses derniers avertissements, le Cheikh Nasrallah a menacé Israël que ses nouveaux missiles fournis par l’Iran pourraient réserver des surprises et atteindre bientôt des villes comme Hadera et Netanya, où séjournent tant de touristes français notamment. Toujours est-il que l’intensification du conflit couplée aux menaces proférées par la Syrie (qui avertit qu’elle réagirait à toute « attaque préventive »), les Pasdarans iraniens et leurs concurrents islamo-terroristes d’Al Qaïda amènent à faire quelques observations:
Premièrement ; étant donnée que les deux frontières israélo-libanaise et israélo-syrienne sont proches, le fait que 15 000 millouïm (réservistes israéliens) ont été mobilisés de toute urgence ces derniers jours dans le Nord d’Israël entre la Syrie et le Liban, annonce d’éventuelles opérations de grande ampleur de Tsahal y compris contre la Syrie.
De son côté, ainsi que l’a confirmé le quotidien israélien Yedioth Aharonot, la Syrie a lancé une alerte maximale et initié une campagne de mobilisation. Il est vrai que la partie du Nord d’Israël où ont été mobilisés les réservistes et postées des unités d’élite israéliennes, est une zone hautement stratégique que l’on appelle le «doigt de la Galilée», parce que située dans couloir enserré entre le Sud Liban à l’Ouest et le Golan et la Syrie à l’Est. Aussi les troupes mobilisées dans cette partie du pays pourraient-elles tout aussi bien servir à protéger la frontière est (Golan) que celle séparant Israël du Liban…
Deuxièmement, dans le double cadre cette fois-ci de la crise opposant Téhéran à Washington et de la stratégie panislamiste de Mahmoud Ahmadinéjad qui rêve de détrôner ses rivaux salafistes en devenant le champion toutes catégories de la cause palestinienne, de l’anti-américanisme et de l’antisionisme radical, on ne peut plus tout à fait écarter l’hypothèse d’un conflit régional de grande ampleur entre d’une part Israël et les Etats-Unis et d’autre part l’Iran. Téhéran s’estimerait condamnée tôt ou tard à des attaques préventives contre ses sites nucléaires et de lancement de missiles balistiques. Dans ce cas, l’apparente absurde provocation du Hezbollah ayant impliqué les violentes répliques de la part de Tsahal aurait été conçue comme une sorte de test destiné à évaluer les capacités de réaction et d’action des Israéliens et de la communauté internationale.
On comprend mieux ainsi pourquoi le leader druze libanais Walid Joumblatt, décrit le test du Hezbollah comme une « répétition générale de l’attaque future de l’Iran contre Israël ». Attaque envisagée par les Pasdarans de Mahmoud Ahmadinéjad et Ali Khamenei pour relancer la révolution islamique dans le monde dans un double but de répondre à « l’unilatéralisme » américano-sioniste » par un chaos général et de couper l’herbe sous le pied aux Wahhabites du Golfe et à Al Qaïda en incitant les Islamistes Sunnites du monde entier à saluer le leadership irano-chiite…
André Darmon et Alexandre del Valle, Ashdod, 28 juillet 2007
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