Pour sauver ce qui peut l’être dans les bourgades proches de Bint Jbeil, le bastion intégriste attaqué sans répit depuis une semaine par l’armée israélienne, les habitants qui n’ont pas fui organisent des patrouilles pour empêcher les combattants intégristes de déployer des armes, et attirer sur leurs villages les foudres de Tsahal.
Pour Ibrahim, un sexagénaire, qui a travaillé des années dans le Golfe et en Afrique avant de rentrer chez lui, cette précaution est arrivée trop tard. Et c’est au plus noir d’une nuit récente que le malheur s’est abattu sur lui. “Il était une heure du matin mercredi, et nous étions sans électricité. Nous avons entendu des gens parler: c’était les combattants du Hezbollah. Ils ont installé un lance-missiles sur le toit et ils en ont tiré au moins cinq”.
Il ne lui restait plus qu’à fuir. “Nous sommes tous sortis pour courir nous abriter dans le bas du village”, raconte Hassan devant les ruines noircies de sa maison. La frappe israélienne a détruit quatre autres habitations: celles de ses frères et de cousins, dont il ne reste que des pans de murs écroulés.
Pris dans le feu croisé d’une guerre qui n’est pas la sienne, Ibrahim suivi de sa femme et de ses sept enfants, a rejoint la cohorte des déplacés qui depuis plus de deux semaines sont les victimes du face à face entre Israël et le Hezbollah. Et il a gagné Rmeich, un autre village chrétien du secteur où des milliers d’habitants de la région se sont mis à l’abri. Il y a retrouvé bon nombre de ses voisins d’Ain Ebel, à qui l’armée israélienne avait ordonné de partir en larguant des tracts les sommant de quitter leur village.
A Rmeich aussi, les combattants du Hezbollah sont venus tirer des missiles contre les positions de l’armée israélienne et contre le nord de l’Etat hébreu. Mais ils ne l’ont fait qu’une fois : “La semaine dernière, ils ont installé leurs lance-missiles entre les habitations”, affirme un habitant de cette agglomération, qui se présente sous le seul nom de Tony. “Quand les Israéliens ont frappé, il y a eu quatre civils tués”. “Depuis, toutes les nuit, des jeunes gens patrouillent dans les quartiers pour empêcher que le Hezbollah ne vienne provoquer des morts”, ajoute-t-il.
Identifier les combattants n’est pas chose simple, assure l’un de ces jeunes gens: “Ils sont habillés comme nous, en tee-shirts et pantalons, mais d’autres sont en uniforme militaire”. Selon d’autres témoignages, les combattants du Hezbollah tentent également d’empêcher les civils de quitter leurs villages : “Ils veulent nous empêcher de partir d’ici”, affirme une femme de la région, qui ne veut pas dire son nom.
Source : 20 minutes qui a repris l’information de L’Orient le Jour – LIBAN