Les moins défavorables aux aspirations nationales des Juifs, parmi les gens opposés à l’existence d’Israël – qualifié par eux d’ « état raciste d’apartheid » – préconisent de bâtir, après la disparition de l’état hébreu, une république laïque et démocratique de Palestine sur le territoire de la Palestine historique.
Premières questions :
Est-ce que la Palestine, avec une nation ou un peuple palestinien, cela a déjà existé et où ?
En quoi consiste ce territoire, la Palestine historique ?
Ces questions peuvent paraître saugrenues, et pourtant.
Au 19ème siècle, quand reprend, de façon relativement importante, le retour des Juifs sur le territoire ancestral “d’Eretz Israël”, que trouvent-ils ? La “Palestine historique” et une nation palestinienne ou une nationalité palestinienne cristallisant au sein de l’empire ottoman.
Le territoire qui deviendra un siècle plus tard l’Etat d’Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza est partagé et intégré à trois ensembles politico-administratifs de l’Empire ottoman.
Ces territoires sont en effet, avec les actuelles Jordanie, Arabie Saoudite et Syrie, parties intégrantes de trois Vilayet, des unités administratives et politiques de l’Empire ottoman. Chaque Vilayet étant partagé en sous unités appelées Sandjak.
1. Le Vilayet de DAMAS est le plus important par sa population ; avec le Sandjak de Jérusalem qui comprenait : plus de 30% de la presqu’île du Sinaï (formant un triangle dont le sommet occidental commençait en face la ville de Suez, sur la rive droite du futur canal du même nom), Gaza, un bout du Néguev, le territoire actuel d’Israël / Cisjordanie jusqu’à une ligne au nord, partant perpendiculairement de Jaffa jusqu’au Jourdain. Il comprend notamment la plus grande partie des actuelles populations bédouines de l’Egypte actuelle.
Environ 40% de l’actuelle Jordanie (sandjak de Kerak et sandjak de Hauran) appartenaient avec la Syrie au Vilayet de Damas.
2. Le Vilayet de BEYROUTH comprenait trois autres sandjaks, celui de Naplouse (environ 1000 km 2), le sandjak d’Acre, un peu plus grand, limités par la Méditerranée à l’ouest et une bande de quelques kilomètres à l’est le long du lac de Tibériade. Au nord, le troisième sandjak, celui de Beyrouth, correspondait à l’actuel Liban.
3. le Vilayet de Hedjaz au sud, il comprenait presque 50% du Sinaï, partait de sa rive sud ouest bordant le golfe de Suez à hauteur de Suez, était bordée par le golfe d’Akaba à l’est. Cette partie du Sinaï et une petite portion du Néguev israélien (environ 5000km2) formaient, avec leurs populations bédouines, la partie occidentale de ce vilayet qui comprenait, à l’est, le sud de l’actuelle Jordanie et la partie ouest de l’actuelle Arabie Saoudite.
En 1906, les frontières internes de l’empire Ottoman seront modifiées, dans le Sinaï, rattachant à l’Egypte les populations de 40% du territoire du Sinaï qui appartenaient jusqu’alors au Sandjak de Jérusalem.
Ces changements, soulignons cet aspect des choses dans la région, ne résultaient pas de mouvements politiques, résultats de cristallisations “nationales” parmi ces populations.
Qu’est-ce donc, par conséquent, que le territoire de la “Palestine historique”, hormis le territoire national de la nation juive ou plus généralement hébraïque, débaptisé par les Romains en même temps qu’ils dispersaient par la force la majeure partie de la population juive, à la fin de la première moitié du second siècle de l’ère actuelle, et rebaptisé par eux “Palestine” en utilisant à cette fin, le nom d’un peuple qui n’était pas autochtone, les Philistins.
Cette décision romaine fut une véritable vendetta morale d’une puissance qui ne pardonnait pas ses trop fréquentes révoltes à un confetti humain indomptable, une minuscule nation, même pour l’époque, les Judéens, les Hébreux de la région de Jérusalem d’où vient le nom JUIF.
Aussi loin que l’on remontera dans l’histoire de cette région du monde, on ne trouvera pas un peuple, un état, une vie nationale, des institutions et des revendications propres à une population “palestinienne”.
Les actions politiques arabes des années trente exprimaient avant tout un rejet du retour de la présence juive et non l’affirmation d’une Nation qui voulait légitimement vivre de sa vie propre, une nationalité palestinienne émergente.
D’ailleurs jusqu’en 1967, les mouvements nationalistes “palestiniens” ne s’appelaient eux-mêmes pas ainsi. Et le mouvement politico-religieux actuellement majoritaire a pour objectif la restauration du Califat. Ce qui serait, dans les conditions politiques et économiques actuelles, une sorte “grand Reich”, un pan islamisme conquérant, voulant recouvrer même le sud de l’Espagne considérée par la mouvance djihadiste comme se trouvant dans le Dar el Islam.
Les pogroms qui se produisirent en Palestine mandataire dans les années vingt et trente du vingtième siècle, prirent d’ailleurs pour cibles non pas les Juifs arrivés de Pologne, de Russie ou d’autres pays d’Europe, mais les Juifs du vieux Yichouv.
Le vieux Yichouv, c’était un peuplement juif ancien, une présence humaine souvent très ancienne, plus ancienne dans les bourgades où elle résidait, que bien des ancêtres de ceux qui prétendent se nommer aujourd’hui Palestiniens… C’était un repeuplement juif vieux de plusieurs siècles.
Les victimes des pogromistes de ces deux décennies de la première moitié du vingtième siècle furent tous des gens totalement désarmés, des personnes, hommes, enfants, adultes, vieillards, et des femmes, dont les communautés étaient formées de Juifs revenus depuis des siècles vivre et étudier en Eretz Israël, des artisans misérables et pacifiques, uniquement mus par la mystique, vivant le plus souvent des modestes subsides envoyés par les Juifs de la Diaspora, des autochtones donc, s’il en était, sur ce tout petit territoire.
Pour trouver un espace politique historique, unifiant ce qui constitue aujourd’hui la bande de Gaza, Israël, la Cisjordanie, il faut remonter au territoire des douze tribus hébraïques, puis à leurs deux états, Israël ou royaume de Samarie au nord et la Judée au sud.
Dans l’empire Ottoman, jusqu’aux premières Alya de la seconde partie du 19ème siècle, le peuplement juif se limitait à cinq localités,
Safed, au nord, toute proche de l’actuel Liban, avec son université juive (yéshiva);
Tibériade, dans le Sandjak d’Acre,
Naplouse (l’ancienne Samarie et la ville des derniers Samaritains) dans le Sandjak de Naplouse ;
Jérusalem dont la majorité de la population était juive lors du recensement ottoman de 1840, vivant dans ce que l’on appelle aujourd’hui Jérusalem-Est, résidant donc dans cette partie de la ville, la partie orientale de la vieille ville, où, quand les Juifs y résident ils deviennent des colons, illégitimement présents.
Hébron, ville du caveau des Patriarches Hébreux et Gaza, l’agglomération qui portait ce nom.
On ne trouvera nulle part d’autre Palestine historique que le territoire des deux états juifs, la Judée et Samarie (l’ancien royaume de dix tribus, le royaume d’Israël).
On trouve, bien sûr, des populations non juives autochtones, résidentes depuis plus ou moins longtemps. Ce sont des populations hétérogènes, des Arabes bédouins du Sinaï, apparentés aux Bédouins des actuelles Jordanie et Syrie ; plus récentes, des populations négro-africaines venues de la corne de l’Afrique, ou mixtes, souvent descendants de victimes du trafic négrier, des éléments caucasiens immigrés depuis la conquête russe du Caucase (Tcherkesses et Tchétchènes) et des slaves islamisés (principalement bosniaques). Les Arméniens chrétiens ont une présence souvent ancienne.
Ce sont ces populations qui, face aux Juifs, s’affirment autochtones et seules légitimes à vivre en “Palestine”; déniant parfois toute légitimité au retour juif sur des terres devenues Waqf, des terres qui seraient “biens islamiques” depuis la destruction de l’empire byzantin par la conquête arabe et qui, par conséquent, ne pourraient pas redevenir territoire national d’une nation non musulmane.
Cet argument n’est pas absent des revendications des groupes djihadistes ayant approuvé l’attentat de la gare de Madrid. La majeure partie de l’Espagne serait en effet un bien “waqf”, une terre d’islam où le non musulman ne peut résider qu’en qualité de sous sujet, de dhimmi.
Ces populations “palestiniennes” ont, du point de vue juif, des droits légitimes, mais pas exclusifs parce que la conquête musulmane aurait fait du pays un bien waqf.
Certains, je le disais plus haut, sont amenés à revendiquer, depuis quelque temps, et pour ce motif, le retour du sud de l’Espagne dans le périmètre territorial de la Oumma dirigée par un nouveau futur califat du 21ème siècle au nom du caractère définitif de toute conquête musulmane.
Pour conclure, le conflit qui s’aggrave n’a pas de causes territoriales, même si cet aspect existe. Les questions territoriales pourraient se régler au mieux des intérêts de la population “palestinienne”. Pour cela, il faudrait renoncer à ériger en articles politiques des slogans religieux préconisant la guerre inexpiable, non contre l’Israélien que le “livre” ne connaît pas mais contre le “Yahoud” dont l’extermination, dit une sourate, serait une condition de la réalisation du programme islamique.

Article sélectionné par Netha