24 mars 2023
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Permis de conduire et radars, des pompes à fric contre les citoyens

En septembre, à 12 h 59, j’ai été pris sur une deux voix à sens unique, limitée à 70 kilomètres-heures, à rouler à 80 vitesse-radar, infraction ramenée à 75. Un point, et une amende de 45 euros, car j’ai payé dans la quinzaine.
En octobre, sur une autoroute, je roulais à 131 à l’heure, sur une parcelle, toute droite, trois voies, limitée à 110. Encore un point, et une autre amende de 90 euros, cette fois.

Et la semaine dernière, je pars travailler sur Arcachon, loue une voiture, et, pour reprendre l’avion, me fais flasher à 97 kilomètres heure, sur une longue ligne droite bordée de platanes, limitée à 90. Encore un point en moins.
J’ai donc perdu, en neuf mois, trois points de permis. Il me faudra trois années sans infraction pour récupérer cela. A ce rythme, je n’aurais plus de permis dans deux ans, surtout que le nombre de radars va se multiplier.

Suis-je un cas isolé ? En 2002, avant l’installation des radars, il n’y avait que 8 % de conducteurs qui ne bénéficiaient pas de leurs douze points. En 2006, plus de 30 % de conducteurs seront touchés.
En 2003, 20.967 retraits de permis de conduire ont été prononcés, ce chiffre est passé à 39.413 en 2004, et à 54.242 en 2005.

En 2004, les radars rapportaient 106 millions d’euros à l’Etat. Ils ont rapporté 200 millions en 2005, et on prévoit 350 millions en 2006.
Mais, en 2005, 33.000 conducteurs ont été contrôlés en conduisant sans permis, contre 3.000 seulement en 2003, et 10.000 en 2004. Qui mesurera le risque que font courir à leurs semblables tous ces automobilistes, qui, s’il leur arrive un pépin, auront le réflexe du délit de fuite, pour ne pas aggraver leur cas.
Certes, la machine est bien rodée, car si je perds trop de points, je peux passer des stages, avec des psy et plein d’autres « ogues », et payer 250 euros pour récupérer 4 points.

Pour passer le permis de conduire, en moyenne, il faut aujourd’hui débourser 1.200 euros, à condition de l’avoir du premier coup.
Or, les épreuves du code sont de plus en plus difficiles (un élève en échec scolaire a peu de chance de l’avoir), et les 20 heures de conduite annoncées sont de plus en plus souvent dépassées.

Je me souviens de cette époque, c’était en 1978, ma sœur, qui conduisait dans les chemins, avec mes parents, dès l’âge de douze ans, n’avait eu besoin que de six heures pour passer le permis, qu’elle avait eu du premier coup. On est ensuite passé à vingt heures obligatoires, qui sont aujourd’hui allègrement dépassées.

Surtout, maintenant, les jeunes n’ont leurs douze points de permis de conduire qu’au bout de trois ans. Non seulement leurs parents se saignent pour leur payer le permis, mais un contrôle d’alcool à 0,55 gramme (soit un apéritif et deux verres) et tout est à refaire. Je ne comprends pas, surtout après le CPE, que les jeunes ne protestent pas davantage contre cette discrimination.
Mais je ne comprends pas davantage que, face au racket de Sarkozy, la population se taise, la gauche se tait (donc si elle revient, elle fera pareil), personne ne proteste, comme si le chiffre annoncé par le ministre de l’Intérieur (passage de 8000 à 5000 morts entre 2002 et 2005) tétanisait tout le monde.

Car quelles en sont les premières conséquences : des chiffres alarmants font état d’environ 1,5 million d’automobilistes qui conduiraient sans permis, mettant en danger, par leur réflexe de fuite en cas de contrôle, la vie de leurs concitoyens. Est-ce à cela, et à l’aggravation de ce phénomène, qu’on veut arriver avec la logique Sarkozy ?

La gauche elle-même paraît incapable de proposer un modèle alternatif à ce modèle routier policier et libéral que met en place le ministre de l’Intérieur.

La première mesure qu’elle pourrait pourtant proposer serait un secteur public de l’apprentissage de la conduite, avec des frais de dossier très limités, et la possibilité, pour tous les conducteurs, de suivre de cours de conduite réguliers, et gratuits, afin de mieux conduire encore, si nécessaire. Cela serait une vraie politique de sécurité routière, accessible à tous, et pénaliserait moins les classes populaires, obligées à des grands sacrifices pour payer le permis à leurs enfants.

Quand osera-t-elle dénoncer les effets pervers de la politique sécuritaire de Sarkozy, qui va se traduire de plus en plus par des citoyens sans-permis, mais qui devront tricher pour continuer à aller à leur travail. Quand osera-t-elle dire que c’est une répression qui touche les plus défavorisés, ceux qui habitent loin des centres-villes, et n’ont pas de transports en commun pour aller travailler, ni les moyens de prendre un taxi ?

Quand osera-t-on remettre en cause des panneaux de limitation qui n’ont aucun sens, si ce n’est celui de justifier des radars qui retirent beaucoup de points ?

Autant je suis pour des sanctions sans pitié pour les barbares de la route, ceux qui mettent autrui en danger par une conduite agressive et irrespectueuse des autres, autant j’ai envie de pouvoir conduire sereinement, et de ne pas être dans la hantise permanente du flash aveuglant qui signifie encore des points en moins, et des amendes à payer.
Si on veut vraiment de la sécurité, que les panneaux soient crédibles, et ne soient pas perçus comme des pompes à fric.

Au lieu de flasher et de réprimer comme des brutes, qu’on mette des panneaux avertisseurs.
Enfin, j’en ai marre de l’hypocrisie de limiter la vitesse sur autoroute (contrairement à l’Allemagne) à 130, tout en continuant à vendre des voitures qui roulent à 180 ou 200 à l’heure, et à payer les taxes là-dessus.

J’en ai marre aussi de l’hypocrisie des 0,5 gramme d’alcool, mais là, je touche un tabou, car c’est bien connu, le conducteur qui a bu trois verres de vin est un assassin qui ne va plus contrôler sa voiture.

Dans la région d’où je viens, la vraie vie se passe pourtant dans des fêtes, chez les uns et les autres, et sans hypocrisie, quand on a bien mangé, personne ne reprend le volant avec moins de 0,5 gramme. Simplement, les gens ne sont pas tous des abrutis, et savent conduire en fonction de leur état de forme. Mais dire cela est tabou, et je vais me voir attaqué, si vous publiez ma lettre, et traité d’irresponsable complice des violences routières.

Sarkozy, pour justifier sa politique répressive et de bon rapport pour l’Etat, parle des 3.000 vies sauvées entre 2002 et 2005.
Cela cloue le bec à tout le monde, on se dit que cet homme est vraiment efficace.

Il reste 5000 morts. Veut-on interdire de rouler à plus de 60 à l’heure sur les nationales, et à plus de 90 sur les autoroutes ? Faisons le, on économisera sans doute encore 3000 morts ! Et interdisons les voitures, on sauvera les 2000 dernières victimes.
3000 morts, cela représente juste le nombre de victimes, tous les ans, du tabagisme passif.

Ce fléau que les députés UMP n’ont pas encore voulu attaquer, de crainte de fâcher les lobbies et les électeurs.
C’est tellement plus facile, et plus payant, de culpabiliser les salauds d’automobilistes.

Jacques Faubert

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