28 mars 2024
Non classé

Le monde selon Enrico Macias

On entend dans ce spectacle des paroles de nostalgie, d’une tristesse profonde d’un exil imposé mais aussi d’amour, d’un amour qui transcende toutes les blessures, de fraternité avec aussi des paroles d’incompréhension devant les actions de ceux qu’Enrico Macias appelle « des fous ». Ceux qui ont tué « le Berger » Anouar el-Sadate, qui voulait la paix, ou ceux qui l’empêchent de faire ce voyage tant souhaité dans sa ville de Constantine. Ou de chanter ici ou là.
Enrico Macias qui chante avec une dizaine de musiciens venus d’horizons divers, y compris le maître arabe de la musique arabo-andalouse. Et fait vibrer une salle composée de beaucoup de ces pieds-noirs qui furent déracinés eux aussi de ce qui était leur pays lors de ce qu’il est convenu d’appeler « les événements » d’Algérie au milieu des années 50…Car, beaucoup dans cette salle prestigieuse chantent avec l’artiste « j’ai quitté mon pays… » L’émotion est palpable…mais il n’y aura aucune parole de haine.

Des exilés, d’Algérie ou d’ailleurs, restés ou devenus depuis des citoyens français comme tout un chacun dans l’Hexagone et qui s’y sont insérés sans heurts, qu’elles qu’aient pu être leurs douleurs. Pourtant, nombre d’entre eux étaient démunis lorsqu’ils sont arrivés en France et n’ont pu compter que sur leur travail, avec parfois la solidarité de parents, d’amis ou de leur communautés. Et ils ont été un modèle d’intégration républicaine. Mais de cela personne, ou presque, ne parle…(Voir le DVD « Les réfugiés du Silence » de Pierre Rehov).

Quant à Orlika, à la voix si pure, c’est avec émotion qu’elle interprète, entre autres, sa chanson « Shalom, Salam »et dit son amour et son espoir de paix au Moyen-Orient. Elle qui, pourtant, a vu tomber les missiles du Hezbollah à deux pas des abris au nord d’Israël où elle était aller chanter cet été pour des familles souvent privées de tout. Une volonté de paix qui a survécu aux quelque 2.000 missiles tirés en un mois sur les populations civiles du Nord de ce pays ou aux roquettes tirées sur le Sud du pays. Orlika qui travaille elle aussi avec des musiciens de tous horizons.

Or, pendant ce temps, en France, nés ici mais issus d’une autre immigration, d’autres crient leur haine, revendiquent à tout va et brûlent voitures et bus. Parfois passagers compris. Et attaquent tous les symboles de la République, bâtiments comme fonctionnaires de police, pompiers, enseignants ou personnel médical. Alors que d’autres encore, issus pourtant de la même immigration, s’insèrent, à l’instar des pieds-noirs, juifs ou pas, dans le tissu de la société française….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *