13 janvier 2025
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Victoire de Ségolène Royal, la droite, elle, plonge dans l’irréel

Ainsi va Chirac qui a tué Chaban, puis Giscard, Noir, Barzac, Balladur, il ne lui reste plus que Sarko (avec Debré en rabatteur, Villepin en torero piqueur, MAM en redresseuse de torses (ainsi tous les jeunes ne seraient pas délinquants…), Juppé, “le meilleur d’entre-nous” en carotte…) le tout pour un second tour Ségolène-Jean Marie et évidemment la victoire de la première parce que c’est encore trop tôt pour le FN, la France est encore classé AAA financièrement, la déliquescence n’a pas encore atteint son point limite.

Comment en est-on arrivé là ?

Sans doute parce que dans une France jacobine et nostalgique d’un pouvoir charismatique, les libéraux, trop économistes, ont perdu l’élan novateur qui faisait d’eux au 19ème siècle la pointe du renouveau, ils ont imité leurs confrères anglosaxons en laissant la politique aux techniciens ; Giscard au fond a fait beaucoup de mal lui aussi à l’idée de liberté parce qu’il a été envoûté par l’or spirituel de la République, l’esprit napoléonien y enivre encore les lambris (et Villepin en est le fantôme) ; Giscard a certes accouché d’un Bayrou au bon fond mais au débit lent, en ce qu’il laisse toujours à la gauche le peuple et l’articulation entre prospérité et solidarité, tandis que la sécurité et l’identité restent accaparées désormais par le FN de Le Pen et le MPF de Villiers, même si Sarko donne encore l’illusion de dominer les évènements.

Pourtant, une fenêtre d’opportunité s’ouvre, qui permettrait de sortir de cette enkylose qui se nomme gauche-droite et qui en réalité recouvre le débat permanent entre liberté égalité fraternité. Cete fenêtre durera sans doute quelques ans, peut-être moins, le temps que l’on découvre les limites du néo-populisme royalien. Mais on ne sait jamais, parfois la gauche non communiste arrive à faire de choses (comme la privatisation d’Air France) que Chirac aurait évidemment gâché, on l’a vu avec les plans Bull à répétition, et aujourd’hui EADS…

N’oublions pas que Chirac considère le libéralisme comme étant plus dangereux que le communisme, ne nous étonnons pas à ce qu’il fasse ce qu’il faut pour lui barrer la route, coûte que coûte, même si l’on ne voit pas au nom de quoi liberté et prospérité pour toutes et tous ne pourraient pas rimer ensemble, pourquoi des missions de service public ne seraient pas confiées au privé puisque ce qui compte c’est le cahier des charges sous contrôle parlementaire par exemple.

Je n’ai jamais douté de la volonté chiraquienne de se représenter (alors que beaucoup n’y ont jamais cru et en doutent encore), je me suis trompé sur une seule chose ; le fait que la défaite du CEP devait le pousser à organiser des élections anticipées, j’ai sous-estimé son sens machiavelien d’essouffler ses adversaires par des piques longues et de séduire la bête populaire avec des crédits puisés dans le déficit de plus en plus abyssal.

Chirac est en définitive plus à gauche que Ségolène, ce qui faisait rager Fabius évidemment, lui qui se prétend le héraut des exclus au fond de son appartement place du Panthéon. Il ne faut pas s’étonner à ce que Chirac (et peut-être Fabius/Chevènement) fassent tout pour suicider leur camp, comme Chirac l’a fait en 1997 lorsqu’il a dissous sur les conseils de Villepin, comme Mitterrand l’a accompli lorsqu’il s’est représenté en 1988 alors qu’il devait laisser évidemment Rocard (qui a soutenu DSK).

Un boulevard pour les extrêmes pave de plus en plus la route des affrontements acerbes à venir, discutant du sexe des anges alors que la maison brûle mais cela ne se voit pas, voilà le tour de force de la magie médiatico-politique à la française.

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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