Je fais suivre votre message, mais je me suis permise de supprimer ce mot. Merci de bien vouloir répondre à ma question.Cordialement ” (signé I.A, je ne donnerai que les initiales ici).
En effet le message initial reçu par TCLV se construisait ainsi :
“Bonjour, J’habite à Neuilly sur Marne et je voulais témoigner d’un fait dramatique qui vient d’arriver tout près de chez moi. Dimanche matin à 9 H une jeune fille Marocaine “Sherazade” 18 ans a été brûlée vive par 2 jeunes Pakistanais. La seule erreur qu’elle a commise, c’était de refuser les avances insistantes de l’un d’eux et de refuser les nombreuses demandes en mariage qu’il lui avait faites.
Aujourd’hui Shérazade est à l’hôpital Cochin au service des grands brûlés, son corps et son visage sont brûlés à 60 % et elle se trouve dans un coma artificiel pour lui éviter des souffrances insupportables. Aucun journaliste n’est là pour relater cette tragédie alors qu’on nous abreuve d’images chaque jour sur la violence dans les banlieues.
Si vous avez le pouvoir de faire suivre cette dramatique information, merci de le faire, Shérazade a besoin du soutien de tous et toutes les initiatives pour lui venir en aide seront les bienvenues.
Je souhaite bon courage à Shérazade pour le combat terrible qu’elle va devoir mener pour se reconstruire … Et si vous avez des idées à me transmettre pour l’aider, des témoignages sur ce qu’il convient de faire en de telles circonstances merci de me le faire savoir, je compte sur vous.
Nathalie maman d’une jeune fille de 18 ans amie de Shérazade.”
La première internaute, I.A, voulait sans doute signifier en premier lieu que l’essentiel dans ce fait pointait vers une violence inhumaine (dont le type, néanmoins, s’apparentait à ces attaques au vitriol perpétrées dans certains Etats islamistes, à cette jeune femme brûlée, Sohane, il y a quelques années).
Une seconde internaute (qui a suscité en fait ma réaction présente) a été dans le même sens :
“Je pense qu’il faudrait essayer d’en faire parler les médias , dans un but éducatif et intégrateur .. même si ce que je dis vous choque .
En effet , expliquer en quoi cet acte est odieux et criminel , expliquer qu’il n’a pas lieu d’être dans notre pays , quelle que soit l’origine de cet acte (dépit amoureux ou coutumier) aurait une vocation éducative ET intégratice .
C’est aussi le rôle des médias de contribuer à ces rôles et ce serait beaucoup plus efficace que leur omerta désintégratrice.” (Signé C.P).
Un peu auparavant, nous recevons deux messages : Le premier message, de JMH (un ‘veilleur’ exceptionnel), précise ceci :
“C’est dramatique, j’ai un neveu qui demeure à 200 métres ou cela c’est passé, il m’a appelé à ce moment là et de son téléphone -comme il était sur son balcon-, j’entendais cette jeune fille hurler de douleur ! mais dans quel monde vivons nous!”
Il ajoute ensuite : ” En plus ils en ont parlé sur france 3 région, dimanche soir !”
Le second message d’une autre internaute (E.B) reçu entretemps précise alors ceci :
“Pour info, l’AFP en a bien rendu compte :
Criminalité-IDF. Une jeune femme hospitalisée après avoir été brûlée vive par son ancien ami :
“PARIS, 14 nov 2005 (AFP) – Une jeune femme a été hospitalisée dans un état jugé très sérieux dimanche après avoir été brûlée vive par son ancien ami à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), a rapporté la police lundi.
Selon les premiers éléments de l’enquête de la brigade criminelle, la jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, a été aspergée d’essence par le suspect dans une rue non loin de chez elle.
Il a mis le feu et pris la fuite se brûlant au bras, selon des témoins.
Le suspect, qui a agi “par dépit amoureux”, a été identifié et devait être interpellé “sans délai”, selon la source.
La jeune femme a été admise à l’hôpital dans un état jugé très grave, a-t-on indiqué lundi.”
Remarquez déjà que rien n’est avancé qui pourrait éclairer la motivation du criminel (mais nous en parlerons après). La Minute du Sablier demande confirmation auprès de l’AFP et nous recevons la réponse suivante (et ce à deux reprises) :
“Cette dépêche a été publiée par l’AFP général le 14 novembre 2005 à 18h15. Sincères salutations”(signé P.R de l’AFP).
Nous demandons alors plus de précisions à l’AFP, en vain.
Entretemps nous recevons le message suivant, retransmis par un autre “veilleur” (l’infatigable Simon P.) :
“Je suis entré en contact avec le témoin qui dit= une fille de 18 ans marocaine refuse les avances et demandes en mariage d’un jeune pakistanais qui l’arrose de 5 l d’essence plus feu ; le lendemain la police l’arrête, la fille est à Cochin,brûlée à 70%; j’ai demandé au temoin d’aller verifier auprès des parents s’ils souhaitaient une certaine publicité ; je lui retéléphone dans 1 ou 2 jours. Qu’elles sont nos possibilités???????” (Signé UG).
A ce stade, il s’agit d’établir, me semble-t-il, deux choses distinctes : il y a d’une part une partie indiscutable, cette violence inhumaine, insupportable, impossible, littéralement, à envisager, du moins lorsque l’on met un peu de côté son bouclier mental ; par ailleurs, il y a, d’autre part, le fait du traitement même de l’information qui semble être sous-estimée par la première internaute (puisqu’elle a effacé l’origine ethnique supposée du criminel),et qui se trouve également occultée par l’AFP (pour des raisons qui diffèrent sans doute de l’internaute…).
Or, cette précision ne vise pas tant à “stigmatiser” comme l’on dit si hâtivement (au MRAP par exemple), ou à généraliser, mais à signaler que s’il s’avère en effet que ce criminel est d’origine pakistanaise alors la motivation de son geste peut être cherchée, aussi, -(pas seulement certes, mais aussi et peut-être surtout: c’est aux policiers et aux juges de nous de le dire)-, dans la manière dont les femmes sont traitées au Pakistan par certaines interprétations de la religion dominante dans ce pays, ce que d’aucuns nomment “l’islam”.
Pourtant, en occultant une partie de l’information (qui se répand de toute façon) on en vient au but précisément inverse : loin de déclencher un débat dans le pays, en France, qui permettrait par exemple d’interroger tout autant certaines violences faites aux femmes et aux enfants que certaines pratiques qui se prétendent religieuses et qui peuvent être, elles aussi à l’origine de certaines violences, le fait de masquer la réalité produit un ressenti qui ne peut pas ne pas être mal vécu chez ceux qui ont vent de la réalité entière de l’affaire.
Ce qui ensuite entraîne une systématisation (que l’on voulait éviter), et interdit qu’un débat puisse, par exemple, faire barrage aux partisans de certaines pratiques cherchant à être légitimées de façon politique et/ou religieuse, alors qu’elles enveniment la situation française (une Eglise brûlée en partie récemment).
Ainsi, en édulcorant de la sorte, on en vient à aggraver le climat symbolique d’ensemble au lieu de contribuer à l’éclaircir.
Lorsque, par exemple, (et ce indépendamment de ce que l’on en pense sur le fond), l’AFP dans cette affaire, mais aussi sur d’autres faits, (idem pour d’autres médias d’ailleurs), gomme ou amoindrit de façon lénifiante la caractérisation des causeurs de troubles et/ou de crimes, ici, mais aussi là, par exemple au Proche Orient, en Irak, en parlant de “résistants irakiens”, et d'”activistes” palestiniens, voire de “palestiniens” tout court ou de “civils irakiens” (alors qu’il s’agit souvent de gens accompagnant les groupes dits insurgés dans leur dérive), cette agence de presse joue un rôle, de fait, dans la construction et donc la réception de l’information.
Ce qui, en retour, lorsque cela se sait dans certains endroits, ces temps-ci en “banlieue” française, mais aussi ailleurs, met, nécessairement, le feu aux poudres.
En un mot, comme en cent, nous assistons à une dérive, dangereuse, irresponsable, venant de certains dirigeants médiatiques et politiques, qui, en occultant l’information, enveniment la situation au lieu d’en permettre une saisie réelle, même si, par la suite, l’on peut être en accord ou en désaccord sur le poids à donner aux divers facteurs qui supportent tel ou tel acte.
Or, là, par une espèce de politique de gribouille, teintée de paternalisme gargouillant et d’a priori non fondés également, on occulte, on masque, on efface, et l’on se retrouve avec un Le Pen au second tour en 2002.
C’est cela que l’on veut? Vraiment? Qu’en 2007 de Villiers et Le Pen fasse 40% ? Cachez monsieur cette réalité qu’il ne faut pas voir ? Eh bien chassez-là, et elle revient au galop, entourée de nuages d’acier…
28 novembre 2005
