Et il faut rappeler que ce rapport avait été précédé en 2002 par « Les Territoires perdus de la République » qui tirait déjà la sonnette d’alarme.
Alertés par « divers témoignages en provenance de travailleurs sociaux, d’enseignants, de personnels d’éducation, de direction, » auxquels venaient s’ajouter « une série de revues et d’ouvrages » des Inspecteurs généraux de l’Education Nationale ont décidé d’en vérifier la véracité. Pour voir s’il y avait bien en France « une évolution de la place du religieux dans la vie sociale et politique, » « une dynamique des différentes confessions et notamment celle de l’islam, » affectant non seulement « la vie des classes et des établissements scolaires, » mais aussi, « dans certains quartiers…tous les domaines de la vie personnelle, familiale et sociale. »
Nous étions alors au printemps 2003. Une méthode très rigoureuse a été établie. De premiers entretiens ont permis à neuf Inspecteurs généraux de déterminer qu’en effet, « les signes et tenues vestimentaires ne semblaient constituer que ‘l’arbre qui cache la forêt’ pour reprendre l’expression d’un membre de la Commission Stasi. »
Ces Inspecteurs se sont rendus dans une soixantaine de collèges et lycées dans 24 départements situés du Nord au Sud du pays et « susceptibles, davantage que d’autres d’être affectés par des manifestations de la religion. » Pour les écoles primaires il a été demandé des notes de synthèse sur ces questions.
Certes, les auteurs soulignent que « cette étude ne peut prêter à généralisation et dramatisation excessive. » Mais ils écrivent néanmoins dans leurs conclusions : « l’école à elle seule ne peut manifestement pas traiter, encore moins résoudre un tel problème ; cette vague de fond la travaille, certes, mais elle n’en reçoit que l’écume. » Il faut, disent-ils, « un effort national d’ensemble, soutenu et ciblé. » Mais, hélas, rien n’a été fait. Le Rapport a été camouflé. Alors que l’une de ses rédactrices, Martine Storti, regrettait récemment qu’il n’y ait eu « aucun suivi pour savoir où nous en sommes exactement. »
Car ce qu’ils décrivent est, au-delà des différences locales, une scission d’une partie de la communauté nationale qui habite dans des « ghettos » et ne se vit plus comme « française » mais « musulmane » et, à ce titre, entend vivre en accord avec cette nouvelle identité.
On en a vu les manifestations et dégâts multiples depuis.
« Les régressions de la condition féminine » constituent « sans doute le côté le plus grave, le plus scandaleux…de l’évolution de certains quartiers. » Avec « une obsession de la pureté sans limite, » une surveillance pesante des jeunes filles, avec punitions si elles dérogent au code vestimentaire ou aux mœurs acceptables. Cela pouvant aller jusqu’à des « violences graves » à leur encontre.
On signale « un refus de la mixité, dès l’école maternelle, de la part des petits garçons. » Sans parler des clashs avec des pères, par exemple, qui refusent d’adresser la parole à une institutrice. Dessiner un visage, étudier Voltaire, l’édification des cathédrales, entre autres, est rejeté par des élèves de plus en plus nombreux. Quant aux héros de ces jeunes gens, ce sont « les adolescents palestiniens…et les chefs ‘djihadites’ responsables des attentats de New York et Madrid. »
Et, bien sûr, il y a en arrière plan « l’activisme de groupes religieux ou politico-religieux. » Car « Il faudrait être naïf » disent les rapporteurs, « pour croire que toutes ces manifestations sont spontanées. »
Ils soulignent qu’ils se sont bornés à constater et que l’étude ne peut en aucun cas être taxé d’islamophobie. D’ailleurs, pour faire bonne mesure, des élèves chrétiens, sont épinglés également. Mais ces cas sont très rares et ne revêtent pas les mêmes caractéristiques.
Quant aux élèves juifs, « leurs manifestations d’appartenance…est à rebours, » en réaction à un antisémitisme dont les auteurs ne peuvent « hélas que confirmer l’ampleur et la gravité. » Ils accusent au passage le Bétar, qualifié de « nationaliste et raciste, » de mener des « expéditions punitives » et de « diffuser des affiches et des tracts violemment anti-arabes. » Ce que démentait alors Maxime Perez, membre du Comité exécutif du Tagar, branche estudiantine du Bétar.
De plus ces exemples de chrétiens ou de juifs posant problème sont très rares. Il faut savoir que pour ne pas être confrontés à l’antisémitisme de rigueur désormais dans nombre d’établissements scolaires de la République beaucoup de parents juifs scolarisent leurs enfants dans des écoles privées juives, voire catholiques.
Et la quasi-totalité de l’étude montre ces communautés musulmanes ghéttoisées qui se vivent comme « assiégées » et étrangères.
Parmi les remèdes préconisés : mixité, formation des personnels de l’Education Nationale adéquate, fermeté, lucidité et courage. Car il y va, disent les auteurs, de « la cohésion nationale et la concorde civile. »