Encore une bonne nouvelle : je feuillette le numéro double actuel (25/12/1/2007) de Newsweek (assez anti-Bush depuis deux ans environ) que m’a prêté Iris Canderson de retour de Bruxelles et que lis-je page 46 ou 48 (article de Silvia Spring)? Que l’économie irakienne est en forte croissance ! Malgré les problèmes de sécurité et un chômage encore non négligeable, il y a un boom fantastique dans tous les secteurs, télécommunications et énergie en particulier (41 milliards de dollars cette année). Le PNB a cru de 17% l’année dernière et 13% sont prévus pour cette année 2006. Je crois rêver, et d’ailleurs la journaliste n’arrête pas de prévenir toutes les trois lignes que tout ce boom s’effectue malgré les violences qui cherchent précisément à l’enrayer.
L’argent coule à flots, le pouvoir d’achat a été multiplié par cent pour cent et les taxes sont passées de 45% à 15%, la consommation de produits introuvables du temps de Saddam bat son plein, en particulier les écrans plats, automobiles, les téléphones portables (7,1 millions contre 1,4 deux ans auparavant)…la création d’entreprises a explosé (34 000 enregistrés contre 8000 il y a trois ans…
Cela me fait penser à cette info que personne n’a repris : selon la BBC des brigades islamistes ont détruit il y a quelques jours à Gaza plusieurs cyber-café pour empêcher de visionner de la pornographie…Je n’ai pas entendu parler de cela en Irak. Même si, en effet, l’après-Saddam a révélé ce que sa chape de plomb cachait, comme en Russie à vrai dire : le fait que pour survivre la population s’est gangstérisée, le marché noir était tenu par des mafias, comme en Russie, qui évidemment ne tenaient pas à ce que le marché libre les concurrence, d’où les exactions et les enlèvements d’intimidation, le tout dans un décor de luttes inter-religieuses alors que pour une part il s’agit de défendre ses propres territoires mafieux sans doute construits par affinité clanique et religieuse. Sans oublier les clans baathistes et djihadistes qui ont leur propre agenda…
Or, les journalistes occidentaux semblent se délecter de cette situation qui, pourtant, n’a pu être créé ex nihilo du fait seul de l’intervention anglo-américaine. La déliquescence de la société irakienne, la gangrène mafieuse, existait bel et bien avant, comme en Russie, répétons-le, mais elle était tenue à distance par la tyrannie.
Au fond, il faudrait analyser à nouveaux frais toute la situation irakienne en cessant de prendre pour argent comptant ce que les politiques racontent dans de soit disant QG de la “résistance”, alors que la société civile, malgré les exactions et les exils, tente non seulement de survivre mais de se développer, et je ne l’ai pas lu dans un magazine bushiste mais docilement démocrate depuis que Fareed Zakaria, le rédacteur en chef de Newsweek, s’est aperçu que la création d’une démocratie ne se fait pas avec des fleurs et qu’il existe des forces hostiles qui font tout pour l’empêcher. Zakaria fait partie de ces gens qui pensent qu’il suffit de vouloir le bien pour que rationnellement les acteurs, convaincus, le réalisent. C’est là une vue de l’esprit, mais au moins Zakaria a le courage de mettre un reportage contredisant son pessimisme dans son journal ; qui serait capable de faire cela en France ? Personne, sauf évidemment resiliencetv et sans doute France-Echos…
Meilleurs voeux en tout cas, la prochaine année va peut-être commencer sous de bonnes augures en Irak et en Somalie, espérons qu’il en soit de même en France, ce qui est moins sûr…