S‘il a rappelé que l’exécution montrait “le chemin parcouru par les Irakiens depuis la fin du régime de Saddam Hussein”, il a aussi relevé que “les progrès qu’ils ont accomplis n’auraient pas été possibles sans le service et le sacrifice de nos hommes et femmes en uniforme”.
Même satisfaction de Londres, qui reste l’indéfectible allié de Washington dans le dossier irakien. “Je salue le fait que Saddam Hussein ait été jugé par un tribunal irakien pour quelques-uns des crimes épouvantables qu’il a commis contre le peuple irakien. Il a maintenant payé”, a souligné la ministre britannique des Affaires étrangères Margaret Beckett.
Autre proche allié de Washington, l’Australie préférait se projeter dans l’avenir, voyant dans l’exécution du dictateur irakien “une étape importante dans la présentation de son régime tyrannique au jugement de l’histoire et dans la poursuite du processus de réconciliation”, selon les mots du ministre des Affaires étrangères Alexander Down.
Ces réactions contrastent avec celle de la France qui a quant elle plaidé “comme l’ensemble de ses partenaires européens pour l’abolition universelle de la peine de mort”. Rappelant son opposition à la peine de mort, la candidate socialise aux élections présidentielles Ségolène Royal a exprimé “un sentiment indéfinissable de dégoût” après la pendaison de l’ancien président irakien Saddam Hussein samedi 30 décembre avant l’aube. Une position réaffirmée par le chef de diplomatie finlandaise Erkii Tuomioja, dont le pays exerce jusqu’à dimanche soir la présidence tournante de l’Union européenne. Selon lui, la peine capitale “n’aurait pas dû être appliquée, même si les graves violations des droits de l’Homme commises par Saddam Hussein ne font aucun doute”.
La Russie, dont le président Vladimir Poutine s’était publiquement opposé à l’invasion de l’Irak en 2003, a regretté qu’il n’ait pas été tenu compte de l’opposition internationale à cette exécution. “Les conséquences politiques de cette mesure auraient dû être prises en compte”, a fait valoir Mikhaïl Kamiounine, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Pour Moscou, “l’exécution de Saddam Hussein pourrait conduire à une nouvelle aggravation de l’atmosphère politico-militaire et accroître les tensions ethniques et religieuses”.
Tout aussi virulent, le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a jugé que cette exécution “tragique” constituait “un motif de tristesse” et n’aiderait pas “les efforts en faveur de la justice et de la réconciliation”.
“Malheureusement dans les premières heures (qui ont suivi l’exécution) on voit les conséquences de la tension et la violence qui étaient largement attendues”, a déploré le président du conseil italien Romano Prodi après les attentats qui ont fait plus d’une cinquantaine de morts en Irak le jour même de l’exécution.
Alors que le monde musulman s’apprête à célébrer l’Aïd el-Kébir, rares sont les pays arabes qui ont officiellement réagi à la mort de l’ancien raïs irakien. Le gouvernement libyen a décrété un deuil de trois jours et annulé toutes les célébrations de la fête du sacrifice, tandis des manifestations de tristesse avaient lieu dans les territoires palestiniens. Mohammed Barghouti, ministre du Travail et membre du Hamas, a expliqué que Palestiniens et Irakiens avaient des “liens fraternels”, condamnant la pendaison.
En Afghanistan, le président Hamid Karzaï, allié de premier plan des Etats-Unis au Moyen-Orient, a implicitement critiqué le moment de l’exécution de Saddam Hussein en cette période de fête. “Nous souhaitons affirmer que l’Aïd est un jour de joie et de réconciliation, pas un jour de vengeance”, a-t-il déclaré après avoir prié à la principale mosquée de Kaboul.
L’Inde redoutait quant à elle un embrasement. “Nous espérons que cet événement malheureux n’affectera pas le processus de réconciliation, de rétablissement de la paix et de retour à la normale en Irak”, a souligné le ministre indien des Affaires extérieures Pranab Mukherjee.
Au Pakistan ce sont des scènes de protestations qui ont animées les rues de Karachi où les manifestations ont pris une tournure anti-américaine. Même sentiment de colère en Syrie où l’exécution de l’ancien dictateur baasiste est perçue comme une humiliation pour les leaders arabes infligée par les Etats-Unis et le gouvernement irakien – “illégitime” aux yeux des dirigeants de Damas.
Une réflexion sur « Réactions contrastées au Moyen Orient après l’exécution de Saddam »