« L’Iran [le Régime des Mollahs] s’est engagé dans une guerre par procuration en Irak et c’est là une voie très dangereuse pour eux s’ils persistent à la suivre. Ils commettent déjà quotidiennement des actes de guerre contre les forces américaines et britanniques » avertit un officiel de haut-rang à Baghdad. « Ils (le Régime Mollachique iranien) sont derrière beaucoup d’attaques complexes (requérant un haut niveau de technicité) tâchant de miner la détermination américaine et britannique, comme par exemple, les assauts à la roquette contre le Palais de Basra (Bassorah) et dans la « Zone verte » (quartier réputé sécurisé de Baghdad). Les attaques sont dirigées et planifiées par les Gardiens de la Révolution qui sont directement connectés avec le « gratin » (du gouvernement iranien) ».
Le même officiel affirme que le haut-commandement américain est actuellement en train d’étudier en priorité l’hypothèse probable d’une offensive orchestrée par les Mollahs, qui coordonnerait Al Qaeda et les Insurgés sunnites en même temps que les milices shi’ites alliées de Téhéran ; le Régime iranien souhaite qu’elle soit si violente qu’elle puisse déclencher une véritable mutinerie politique à Wahington à un point tel qu’il en découlerait automatiquement un retrait américain définitif.
Nous envisageons clairement qu’Al Qaeda et l’Iran tenteront de concert de mettre la pression maximum en matière de propagande (guerre psychologique) et de violence spectaculaire, juste avant la remise du rapport de Petraeus en septembre [au moment où le Commandant en chef de l’Etat-Major David Petraeus devra rendre des comptes devant le Congrès sur la politique controversée du Président Georges Bush, concernant la première phase de 6 mois de mise en oeuvre du plan de sécurisation tablant sur le renforcement de 30 000 hommes de troupes supplémentaires], » a expliqué l’officiel.
« Il est certain que cela (la violence) va progressivement augmenter de leur côté. Il existe des capacités encore inexploitées en Irak, et spécifiquement des capacités sponsorisées par les Iraniens. Ils peuvent très bien les activer (télécommander, manœuvrer) à leur guise (quand ils le veulent). Il est tout-à-fait possible de le constater par le potentiel pré-positionné qui continue de parvenir et les stocks impressionnants d’armes et de munitions en provenance d’Iran que nous avons déjà pu découvrir lors des quelques mois précédents. Les relations entre l’Iran et les groupes comme Al Qaeda sont extrêmement fluides » a-t-il ajouté.
« Cet approvisionnement arrive facilement aux hommes déjà présents via les mouvances qui assurent leur logisitique. Par exemple, les Arabes sunnites ont habituellement recours à une idéologie d’obédience qu’on pourrait qualifiée de « djihadiste salafiste », si l’on s’en tient à leur rhétorique. (…mais) Le système de renforcement des liens entre l’Iran et Al Qaeda est particulièrement sinistre (meurtrier) ».
Le Régime iranien a maintenu des liens étroits avec les partis politiques Shi’ites Irakiens et les milices, mais il a bien antérieurement à cela élaboré une intense collaboration avec Al Qaeda et les Insurgés sunnites.
Les responsables américains affirment à l’heure actuelle qu’ils ont des preuves tangibles que Téhéran a continuellement exercé la pression dans le sens qui lui semblait lui apporter une victoire (la configuration la plus favorable) en Irak. Dans un développement parallèle, ils affirment également détenir des preuves incontestables que le Régime iranien a adapté au fur et à mesure sa politique en Afghanistan et qu’actuellement, il soutient et supplée aux besoins de la campagne des Talibans contre les forces britanniques et les autres contingents de l’OTAN.
« La stratégie de Téhéran pour discréditer l’intervention américaine et fomenter une révolte décisive au Congrès contre Bush est d’envergure nationale et absolument pas confinée au Sud shi’ite, sa traditionnelle sphère d’influence », ajoute encore le reponsable de haut-rang contacté à Baghdad. « Ce plan inclue aussi bien les milices shi’ites telles que le Jaish al-Mahdi de Moqtada Sadr, que les groupes sunnites arabes soutenus par la Syrie et al Qaeda en Mésopotamie (Irak)», complète t–il. Le régime iranien a également étendu ses contacts de chaque côté des frontières, avec des forces paramilitaires et des groupes politiques, incluant des partis kurdes tels que le PUK, un allié des Américains.
« Leur stratégie prend en compte toutes les parties prenantes du conflit. Le régime iranien joue selon ses propres besoins (sur du velours) sur ces différentes factions afin de maximiser sa mainmise future et de démultiplier les difficultés (obstacles) pour les Américains et les Britanniques. Leur conspirateur associé est la Syrie qui autorise les Takfiristes [Djihadistes fondamentalistes Salafistes] a franchir allègrement les frontières », dit le reponsable.
Toute décision de répliquer directement à la menace iranienne sur son propre territoire ne pourra être prise qu’au plus haut niveau politique à Washington, poursuit-il. Mais tout cela en indiquant clairement que la patience américaine était à bout (a des limites).
En prévenant que les USA étaient « absolument déterminés » à mener des représailles sévères partout où ils se trouvaient mis au défi par les intermédiaires de l’Iran ou des agents infiltrés en Irak, il illustre son propos par le cas des 5 membres des Gardiens de la Révolution de la Force al-Quds mis aux arrêts de rigueur à Irbil en janvier. Malgré les protestations martelées de Téhéran qui juraient que ces hommes étaient des « diplomates », à l’heure qu’il est, ils n’ont toujours pas été relâchés.
” Téhéran se comporte comme un participant prenant des risques calculés dans une course de vitesse. Ils sont en train de fouetter la croupe de tous les chevaux dans cette course, même en misant sur des gens en qui fondamentalement ils n’ont pas (de raison apparente d’avoir) confiance », rajoute un responsable important de l’Administration Bush à Washington. « Ils ne savent pas précisément quelles en seront les conséquences en Irak. Aussi, ils se couvrent en augmentant (surenchérissant) à chaque fois la mise ».
Le responsable de l’Administration démontre également que, indépendamment des récentes tentatives d’ouverture américaine et britannique, la Syrie coopérait encore étroitement à la stratégie iranienne en Irak.
« 80 à 90% des Djihadistes étrangers entrant en Irak le font à partir du territoire syrien » précise t-il.
Malgré de récents contacts diplomatiques et l’accord de principe visant à mener des discussions bilatérales au niveau des ambassades, le mois dernier à Baghdad, les Officiels Américains affirment qu’ils n’observent pas la moindre baisse d’intensité dans le cadre des activités hostiles iraniennes, qui comprennent les différentes formes d’un soutien continu à la violence, le trafic d’armes et l’entraînement des combattants.
« L’Iran est en train de perpétuer le cycle des violences factieuses (sectaires) grâce à son expertise dans le domaine des exécutions extra-judiciaires (sommaires) et le soutien aux cellules vouées à étendre le nombre des assassinats. Ils font convoiter les membres des milices irakiennes et les groupes d’Insurgés en Iran de façon à ce qu’ils puissent s’y entraîner, puis ensuite, ils les aident à s’infiltrer à nouveau dans le pays. Nous avons une masse de preuves en provenance de diverses sources convergentes. Il n’y a pas besoin d’argumenter sur ce point, c’est tout simplement un fait établi », dit le réprésentant de l’Administration à Baghdad.
En essayant de forcer la main aux Américains pour qu’ils soient contraints d’opter pour le retrait de leurs forces, la ligne dure des dirigeants iraniens espère ainsi infliger une humiliante défaite politique et diplomatique aux USA, ce qui réduirait d’autant l’influence régionale de Washington tout en augmentant d’autant le prestige de Téhéran.
« Mais si le Régime iranien parvenait à ce succès consistant à pousser prématurément les forces américaines et britanniques hors d’Irak, le résultat quasiment assuré qui en découlerait serait un « collossal désastre humanitaire » et une possible guerre régionale contaminant les Etats arabes du Golfe, la Syrie et la Turquie », diagnostique t-il.
« En dépit de telles inquiétudes, ou justement à cause d’elles, les Etats-Unis se sentent dans l’obligation de réserver un bon accueil à l’opportunité de parler avec l’Iran », ajoute le responsable de l’administration. « Notre agenda commence prioritairement par le renforcement de la protection de l’Irak. Mais il existe beaucoup d’autres problèmes liés à l’Iraq à propos desquels il faut discuter. De récentes pressions ont démontré que le comportement iranien pouvait être modifié », déclare le responsable. « L’Hiver dernier, ils ont littéralement claqué la porte avec fracas ».
« Mais des actions plus fermes de la part des forces de sécurité en Irak contre les agents infiltrés et les réseaux iraniens, l’envoi d’un porte-avions supplémentaire dans le Golfe et les résolutions du Conseil de Sécurité imposant de nouvelles sanctions, ont forcé Téhéran à envisager une pause », dit-il encore.
Les analystes et commentateurs de Washington prédisent déjà que le rapport du Général Petraeus à la Maison Blanche et devant le Congrès, en septembre prochain, sera le véritable tournant historique où tout peut basculer, dans le cours de cette guerre qui dure depuis 4 ans et demi – et c’est à ce moment-là que la décision d’entamer une baisse des effectifs (un retrait progressif) ou de poursuivre la politique d’intervention sera prise et mesurée en conséquence. La plupart des Démocrates et beaucoup de Républicains au Congrès croient que l’Iraq est aux prises avec une guerre civile et qu’il ne sert à rien de poursuivre dans le sens d’une présence militaire renforcée qui ne parviendrait pas à y mettre un terme.
« Cette politique a d’ores et déjà échoué. C’est bel et bien fini (et on ne veut pas le connaître comme tel) !», a-t-on déjà vu déclarer un membre éminent de l’Administration Bush.
Un conseiller-expert du Général Petraeus a témoigné ce mois-ci que le renforcement de l’intervention (plan de sécurisation) était parvenu à réduire la violence, principalement le nombre de meurtres d’origine sectaire (ethnico-religieuse), dans la zone de Baghdad et la province d’Anbar à forte dominance sunnite. Mais ce conseiller concédait que l’intensité de ces troubles s’était déplacée ailleurs, « se traduisant par des pics d’activités dans la Région de Diyala [au Nord] et dans quelques zones du sud de la capitale ». « Une fois qu’on a pris en compte l’ensemble de ces éléments, la violence reste sensiblement au même niveau [qu’au moment où le plan de sécurisation a débuté, en février]».
Les responsables iraniens nient en bloc les allégations américaines et anglaises mettant le doigt sur leur implication dans les violences intestines en Irak ou les attaques contre les forces de la coalition multi-nationale. Interviewé récemment à Téhéran, Mohammad Reza Bagheri, conseiller auprès du Ministère iranien des Affaires étrangères, chargé de la politique iranienne en Irak, les a déclinées d’un revers de manche en disant : « Nous croyons fermement que ce ne serait qu’au plus grand bénéfice des occupants et du peuple irakien qu’ils [les forces de la coalition] se retirent immédiatement (et sans condition) ».