La chasse aux patrons est désormais ouverte sur fond de lynchage médiatique des banques, de la finance et de l’économie de marché. Ce n’est guère surprenant dans un pays où l’antilibéralisme est devenu au fil des décennies le prêt-à-penser universel. Même à l’ère de l’information et de la communication, les hommes ont coutume de bannir ce qu’ils ne connaissent pas. Et moins ils connaissent et plus ils sont collectivement manipulables, violents et dangereux.
Il faut bien des boucs émissaires. Et quand la démagogie rencontre le populisme le plus vulgaire, le dialogue social – tellement sacralisé dans notre pays – ne devient plus qu’un mot creux et un vœu pieux. Il n’ya a pas un jour sans conflits violents au pays du dialogue social.
C’est plutôt une forme larvée de « terrorisme social » qui s’impose dès lors que ceux qui bafouent les lois, au nom de luttes sociales, se considèrent désormais au-dessus des lois de la république.
Il faut reconnaitre que les hommes et femmes politiques ont un certain talent dans l’art de duper les masses. Même les rois n’auraient pas osé aller jusque là. Ils mettent en place des organes de régulation, des autorités monétaires publiques comme les banques centrales, des politiques économiques censées garantir emplois et croissance, s’échinant à dompter depuis des décennies l’économie. Et quand l’accumulation de leurs égarements, l’empilement de réglementations inadaptées et souvent contradictoires ou la mise en œuvre de politiques économiques fondées sur des hypothèses qui relèvent plus du pari pascalien que de l’analyse scientifique nous explosent à la figure, alors ils vitupèrent encore et toujours l’économie et ses maudites lois infernales. C’est comme si le médecin, qui achève son patient à force de traitement inadapté, s’en prenait au patient lui-même.
On peut toujours se jeter par la fenêtre en pensant très fort que les lois de la gravitation universelle n’existe pas, cela n’empêchera nullement la chute. Et il ne sert à rien de s’en prendre auxdites lois, mieux vaut les connaitre et les reconnaitre pour les dompter et les utiliser à des fins créatrices.
Mais puisque l’on se propose d’encadrer les salaires des patrons du CAC 40, pourquoi ne pas étendre ce contrôle aux droits d’auteur des artistes du TOP 50 ? Le show-business n’est-il pas un business particulièrement lucratif ? Les chanteurs, quoiqu’ils disent dans leurs textes, ne sont-ils pas continuellement dans les médias pour vendre leurs produits ? Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Nos moralisateurs, avides de contrôles et de mises à pied, ne sont-ils pas choqués par les revenus des stars du football, des champions de basket ou de tennis ?
Et cette inquisition devrait aussi s’intéresser aux rémunérations des dirigeants syndicaux. N’y a t-il pas là des sources de revenus aussi opaques qu’illégitimes ?
L’histoire a souvent montré que ceux qui montrent du doigt les « sorcières » pour les envoyer au bûcher ne sont pas motivés par un sentiment de justice mais sont taraudés par la jalousie et l’ambition. Et cela aboutit rarement à des fins heureuses.
Perpignan, le 6 avril 2009
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PS : J’ai animé au cours de ma carrière des cours dans de nombreux campus dans le monde, notamment dans des pays qui connaissent une situation difficile comme aux Comores, en Ukraine, en Algérie et en Syrie. Le destin a voulu que j’échappe au tsunami qui a frappé la Thaïlande en 2004 alors que j’effectuais une mission à Kho Pee Pee pour Phuket University. Mais c’est sur mon propre campus que je ressens désormais un profond malaise, renforcé par un sentiment d’insécurité aux vues des événements qui perturbent notre université depuis Noël.