Il semble qu’on ne peut, sans crouler sous les sarcasmes des « experts » , dissocier l’existence d’Israël de la bienveillance, du soutien, de « l’indéfectible amitié » américaine. On voudrait nous faire croire à une histoire d’amour idyllique. C’est oublier un peu vite la crise de Suez et la menace nucléaire (excusez du peu ! ), l’attaque monétaire contre la livre sterling et l’envoie de forces navales et aériennes pour interférer dans le dispositif franco-israélo-britannique de la part du conglomérat américano-soviétique.
C’est oublier, aussi, l’attitude de l’ami américain durant la « guerre des six jours » et la riposte israélienne : le 8 juin 1967 des jets israéliens attaquent le navire-espion américain USS Liberty : 34 morts, 171 blessés.
Pour la classe politique israélienne, se souvenant des pressions américaines de 1956 , c’est le moyen de rappeler à Washington que l’État hébreux n’entend certes pas se contenter de jouer les Républiques bananières pour son compte, mais au contraire, de récupérer sa liberté d’action pleine et entière. Pour les Américains, empêtrés dans cette sombre histoire de navire-espion, ayant fort imprudemment prêté à Israël six RF-4C (version de reconnaissance du McDonnell Phantom II), appartenant à la 26ème escadre de reconnaissance tactique basée à Ramstein (Allemagne) et opérant sous cocardes israéliennes mais avec des pilotes américains (!), il importait de mettre fin, le plus rapidement et le plus discrètement possible, à une désastreuse erreur dans une guerre « non maîtrisée ». Washington ruminera son humiliation, bien décidée à rappeler qui était le maître à son encombrant protégé israélien.
L’attente durerait six ans… 1973 : la NSA indiqua à son frère israélien qu’aucune perturbation ne troublerait ce beau jour de kippour. Pas sympa… Mais pas fini.
Jonathan Jay Pollard travaillait en 1985 en tant qu’officier de renseignement au Naval Anti-Terrorist Alert Center de Washington.
Les États-Unis lui reprocheront en particulier d’avoir livré à Israël le manuel des codes d’accès et de cryptage des écoutes de la NSA dans le monde, manuel qui fut ensuite livré par Shamir aux soviétiques .Pas sympa du tout.
Mais on s’arrangeait … Avoir un porte-avion, pendant la guerre froide, face aux alliés des russes était très utile et confortable pour Washington. Cela fournissait une armée supplétive, permettant, de fait, de ne pas engager directement des troupes US sur le terrain. Les conflits par procuration sont les meilleures des guerres pour les empires.
Puis la fin de la « guerre froide », le rapprochement avec les pays arabes, l’installation, véritable occupation, des « Marines » à l’intérieur des pays musulmans, la « neutralisation » de l’Irak, rendit caduque, plus que la victoire d’Obama, la pseudo alliance indéfectible. Les rapports diplomatiques solidaires ont laissé place aux épreuves de force et aux diktats.
Si les américains ont profité sans vergogne d’Israël, il est tout aussi évident que l’État israélien n’a jamais totalement souhaité une politique indépendante. En avait-il les moyens ? Il en avait en tout cas l’idéologie. Le Sionisme, héritier de l’humanisme religieux, a voulu concilier Spiritualité et Nation comme le prônait Yeshayahou Leibovitch.
Son organisation sociale première s’inspirait plus des fermes collectives enracinées que des théories capitalistes vagabondes. Israël état socialiste non-aligné? Le défi aurait pu être relevé et les crises économiques majeures se succédant, n’insultons pas l’avenir. Impossible n’est pas historique.
L’existence d’un état est conditionné par la nature de ses alliances. Quelles alliances pour quelle politique ?
Si nous répondons Indépendance, cela devient : Quelle politique pour quelles alliances ?
Israël ne doit rien s’interdire, à priori. Un des premiers allié pourrait être le Liban débarrassé de l’influence néfaste du Hezbollah avec le retour aux affaires des Chrétiens à des postes de grande responsabilité ( souvenons-nous de L’armée du Liban libre du général Lahad, devenue ALS, regroupant non seulement des chrétiens maronites (majoritaires), mais aussi des musulmans).
Deuxièmement, la Jordanie et L’Égypte peuvent présenter des caractères de sûreté certains, si la question palestinienne se règle définitivement et rapidement : Un État palestinien laïque. Concernant la Syrie, il convient de jouer sur son caractère « laïque-socialiste -arabe ». Cela demanderait aux israéliens, surtout à leurs dirigeants, à se penser comme un État libre, un État indépendant, et disons-le tout net, comme un État pleinement laïque, pilier d’une Union du Proche-Orient, un Commonwealth démocratique, comparable à L’UE. Toutes les parties y ont intérêt. Il suffit, et chacun a conscience des travaux herculéens, de « décrocher » des impérialismes destructeurs d’identités opposés aux « Droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
On verra alors peut-être Israël ressembler plus au Venezuela et Netanyahou plus à Morales. Loin d’être un cauchemar, sauf pour les pilleurs de peuples, cela réalisera le rêve des premiers sionistes qui, comme Meir Dizengoff ( « Nous ne posséderons jamais des canons » ) pensaient que leur cause triompherait par la seule force morale…
« Et les résidus islamistes ? » me direz-vous.
Ils apparaîtront pour ce qu’ils sont : les collaborateurs empressés des impérialistes dans le vaste jeu de divisions et de massacres des peuples qu’est leur pratique nauséabonde du Monopoly mondial.
Amitiés