Tout le monde s’accorde pour observer le dérapage structurel de la croissance de l’Etat toujours supérieure à la croissance du reste de l’économie du pays. Les experts officiels et les observateurs internationaux ont tout dit à ce sujet et c’était un thème de la dernière campagne présidentielle. Il n’est point besoin d’être un grand économiste pour comprendre qu’un tel dérapage, quand il n’est jamais corrigé, conduit mécaniquement à un alourdissement de la dette publique et à une diminution du taux de croissance structurel de notre pays de sorte que, prétexter d’attendre le retour de la croissance pour faire les changements qui s’imposent, est tout simplement une impasse. La croissance est devenue structurellement plus faible dans les pays où le poids de l’Etat a dépassé un certain seuil jugé critique. Pire, l’appauvrissement a commencé lorsque qu’il a dépassé un nouveau seuil qui conduit au surendettement.
La communauté des économistes n’est pas par principe contre le rôle de l’Etat dans l’économie, même si des débats aussi légitimes qu’inévitables existent à propos de ses missions prioritaires. Rien ne sert d’être manichéen : la question n’est pas d’être pour ou contre l’intervention de l’Etat. Il s’agit plus judicieusement de juger de l’efficacité à terme de son action et de la soutenabilité des finances publiques. L’Etat aura beau jeu de faire la morale aux banques s’il se met lui-même dans une situation de cessation de paiement.
C’est pourquoi la théorie économique souligne l’importance de l’équilibre et de la stabilité, notamment de la stabilité des prélèvements et dépenses publiques (ou plus précisément de leur part dans le P.I.B), ce qui est une condition de la prospérité durable et non de la relance éphémère. En l’occurrence, la taille de l’Etat doit croitre en proportion de la taille de l’économie dont il fait inextricablement partie. Dans le cas contraire, l’Etat finit par phagocyter de l’intérieur l’économie. Et l’Etat n’a rien à gagner à asphyxier, au risque de la ruiner, l’économie qui le finance.
Pourtant, la conjoncture ne change jamais le cap. Quand la croissance est de retour, on nous explique, à grand renfort de propagande médiatique, que les réformes ne sont plus nécessaires (puisque la croissance est là) et que l’Etat se doit d’intervenir pour répartir les fruits de la croissance, cette dernière étant génératrices d’inégalités de performances, et donc d’inégalités de revenus. Rappelez-vous lorsque Jospin était premier ministre, les rapports officiels nous démontraient que la réforme des retraites en particulier, et de la sécurité sociale en général, n’était plus nécessaire grâce au retour de la croissance économique, source de cotisations accrues.
Quand survient une crise (et j’entends parler de crise en France depuis 1973), les mêmes entonnent le refrain de la « fin du capitalisme », de « l’illusion du libéralisme », et l’Etat intervient de plus belle pour réguler et relancer l’économie. Au passage, ce capitalisme que tout le monde décrie, tout le monde cherche à le sauver à la moindre panne de croissance.
Dans ces conditions, on ne sort jamais de l’intervention de l’Etat, que ce soit sous forme d’un accroissement des prélèvements publics ou d’un alourdissement de la réglementation. En France, on ne sait pas penser autrement ni agir autrement. Et comme les médias, malgré la multiplicité des chaines, des radios ou des journaux, tout comme l’éducation nationale, formatent nos esprits en ce sens au nom de la morale citoyenne, il est difficile d’aborder la réalité économique sous un autre angle.
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