Monsieur SARKOZY, à la veille du G20 qui doit se tenir les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, nul au monde n’est censé ignorer votre volonté affichée de moraliser le capitalisme en le bardant d’un maximum d’interdits. Il fut même un temps où vous aviez émis le voeu de refonder ledit capitalisme, une folle espérance dont beaucoup de gens sensés avaient pensé, à juste titre, qu’elle dépassait quelque peu vos capacités. Aujourd’hui, vous considérez de votre devoir de tirer les leçons de la crise planétaire qui vient de traverser le monde avec la puissance d’un ouragan. Des leçons qui, par nature, doivent être d’ordre politique.
Tout au long du G20, les participants vont être invités à définir des règles contraignantes destinées à éviter, selon un point de vue politique, qu’une crise d’une telle virulence puisse à nouveau se reproduire.
Il s’agirait aussi et surtout, selon moi, de réfléchir aux moyens à mettre en place pour bannir les dérives politiques qui ont donné lieu à la crise des subprime qui s’est alors propagée, comme chacun sait, comme un traînée de poudre.
M. SARKOZY, la France n’est pas dépourvue de gens de qualité tout à fait capables de décrypter correctement les évènements qui agitent le monde en permanence. Les économistes libéraux sont tout naturellement partie prenante de cette élite.
Ainsi en est-il de Charles GAVE, économiste et financier international, dont je vais me faire un plaisir de vous transcrire, à partir du chapitre 9 – "Quand l’homme de Davos succombe à la présomption fatale" – de son dernier ouvrage*, les lignes suivantes :
"L’homme de Davos représente tous ces gens importants (ou pensant l’être parce qu’ils exercent un certain pouvoir) qui se précipitent à Davos tous les ans pour communier dans la même attente d’un "gouvernement mondial".
Pour eux, les problèmes qui se posent à l’humanité (globalisation, pollution, réchauffement climatique, chômage…) ne peuvent être résolus que si la responsabilité de les traiter est confiée à une élite omnisciente et bienveillante qui saura les régler dans l’intérêt de tous.
Par un hasard qui n’est pas bien étonnant, ils pensent que nul mieux qu’eux-mêmes n’est à même de constituer cette élite. De façon générale, ils aiment les Nations unies, les accords et traités internationaux, sont membres de grandes ONG et se conçoivent comme l’avant-garde de la pensée.
Parallèlement, ils détestent la notion même de souveraineté nationale, se méfient de tout patriotisme, qui par essence ne peut être que "ringard", et n’ont que très peu d’attaches avec le "peuple" dont ils veulent le bien, mais qu’au fond ils ne connaissent pas ou peu. L’archétype de l’homme de Davos est représenté par Al GORE".
Monsieur SARKOZY, s’il n’est pas encore trop tard pour en prendre conscience, ce que décrit Charles GAVE a un nom : la présomption fatale, conceptualisée par le prix Nobel d’économie (1974) autrichien Friedrich HAYEK.
Toujours selon M. GAVE, ce puissant concept "vise à mettre en lumière l’opposition entre une évolution des institutions qui se produit par la base, à coups de petites touches insensibles, et les bouleversements introduits par le sommet, au nom de principes généraux, qui la plupart du temps échouent".
Vous pourriez me rétorquer que la question du réchauffement climatique, dont l’urgence du traitement ne souffre, selon vous, aucun retard, s’inscrit en faux de cette définition; eh bien, je n’en suis nullement certain dès lors que le fameux "consensus" du GIEC est de plus en plus battu en brèche : y avez-vous seulement pensé ?
Permettez-moi cependant de vous souhaiter bonne chance pour réussir ce G20 de toutes vos espérances tout en formant le voeu que ce ne sera pas l’occasion, pour l’ensemble des participants, de faire trop de bêtises dont, à terme, nous pourrions avoir à nous repentir de la manière la plus cuisante.
* Charles GAVE : "Libéral mais non coupable", préface d’Alain MADELIN (Bourin éditeur, septembre 2009).
Librement !
Philippe (Sully) ROBERT
Membre du Parti libéral démocrate
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