23 janvier 2025

Après la faillite de la justice, celle du Quai dOrsay

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    Paul Rhoads

Des diplomates français, se réclamant plus ou moins de propos émis par Hubert Védrine et Alain Juppé en juillet 2010, viennent d'écrire sous le nom de plume "Marly" une tribune anonyme intitulée " On ne s'improvise pas diplomate" pour condamner en bloc la politique française étrangère, surtout son supposé "suivisme à l'égard des Etats-Unis" alors qu'au temps de la guerre froide  la France "pesait sur la position des deux camps"; or, et sans avoir même besoin de poursuivre la lecture de la missive (on le fera tout de même plus loin) on voit bien déjà là poindre deux illusions fortes (il est vrai que l'on ne s'improvise pas politique): 1/celle, ancienne, de croire que l'on pouvait renvoyer dos à dos communisme soviétique et démocratie américaine (à moins de lire Heidegger de façon forcenée, en particulier son texte de 1953, Introduction à la Métaphysique) 2/ celle, nouvelle, de penser que la France aurait le désir et donc les moyens politiques et financiers de refuser de participer, et de peser, au plus haut niveau de l'Alliance au sein même de l'Etat Major intégré, et ce comme la plupart de ses grands partenaires européens du Royaume Uni et de l'Allemagne.

Pourtant, n'est-il pas plus important de pouvoir démontrer à nos alliés américains nos capacités à édifier des stratégies politico-militaires, par exemple en matière de contre-insurrection surtout quand celle-ci est commanditée par une résolution onusienne ?

Après tout, c'est bien le travail d'un français, David Galula, qui est aujourd'hui enseigné à West Point (avec une préface du général Petraeus) alors qu'il avait été mis à pied par l'armée française. Aussi il est bien aisé de ne voir que le côté négatif des choses, même si ici et là cette missive dans sa diatribe dit quelques vérités (le communisme aussi en disait écrivait Raymond Aron). Mais même là il serait possible d'inverser la charge de la preuve car lorsqu'ils se gaussent du fait que Ben Ali et Moubarak avaient été choisis comme "piliers sud de la Méditerranée"n'est-ce pas plutôt parce que le travail de décantation des errances du Quai d'Orsay (avec sa si fameuse politique arabe de la France) n'a pas été poussé assez loin ?

Ce sont bien tout de même un Hubert Védrine et un Alain Juppé qui disaient sans cesse que tant qu'Israël n'accepterait pas les conditions arabes de paix la région ne pourrait pas se développer, son énergie étant paralysée par cette humiliation comme l'enseigne Dominique Moïsi à Science Po (et Pascal Boniface à l'IRIS) !

Nous savons désormais qu'il n'en est rien, que les peuples nord africains et proche orientaux se soulèvent non pas contre Israël et les USA mais contre leurs dirigeants cupides et cruels, et qu'au fond c'est la démocratie en tant que fondement morphologique d'une gouvernance mondiale et d'une sécurité globale qui est central et universel, aux formes plurielles bien entendu, et non pas celle d'une différence multipolaire sans valeurs communes qui ne peut amener qu'au relativisme et à la guerre.

A vrai dire la réforme de la diplomatie française n'a pas été assez loin (tout comme la Justice engluée dans des théories excusant les coupables) et qu'elle devrait se concentrer aussi sur la défense de la culture française, en renforçant la francophonie, en faisant en sorte que les Consulats jouent encore plus ce rôle (en sus de la dimension économique visant à soutenir nos entreprises), tandis que les Ambassades, en effet, pourraient être mise à la disposition de la politique diplomatique européenne encore à construire…

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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