28 mars 2024

J’ai vu comment se déroule une émission de FOG

Pierre Cassen communique : "Mercredi 9 novembre, je reçois un coup de téléphone du rédacteur en chef de l’émission de Franz-Olivier Giesbert, « 2012, les Grandes Questions ». Il m’explique qu’ils sont intéressés par Christine Tasin, pour un débat sur l’immigration. Il m’apprend que seront présents Marcel Gauchet, Jean Sévilia, Abdenour Bidar, Emmanuel Todd, Blandine Kriegel et Luc Ferry. Il me dit qu’il lui faut une réponse rapide. Je lui réponds qu’il peut considérer que c’est oui, et lui donne les moyens de joindre Christine, qui, naturellement, acceptera. Je lui demande quelques précisions. Il m’envoie un courriel, où, outre les participants, nous apprenons que l’enregistrement durera deux heures, aura lieu le lundi 14 novembre, à 13 heures, gare de l’est, et sera diffusé le vendredi 18 novembre, sur France 5, durant une heure et demie. Nous n’aurons aucune autre précision. Rendus prudents par l’affaire du salon littéraire de Paris-16, où les maîtres-censeurs Corbière-Mestre, aidés par le président national du B’nai B’rith, André Najdar, nous avaient fait décommander, nous décidons de ne pas rendre publique la présence de Christine jusqu’au dernier moment. Nous nous disons donc que pour Riposte Laïque, passer à une telle émission, quelques jours après la censure honteuse dont nous avons été l’objet, ne peut que nous faire du bien, et constituer une bonne promotion pour « La faute du bobo Jocelyn », qui, par ailleurs, se vend très bien sur Amazon.

En ce lundi, j’accompagne donc Christine Tasin vers le lieu de rendez-vous. Nous sommes perplexes quant à l’idée d’enregistrer une émission sur un quai de gare. Nous nous demandons si ce studio va être isolé, tel les aquarium pour fumeurs, dans les aéroports, ou si cela va être ouvert. Nous arrivons à 12 h 45 et tombons sur… Malek Chebel, pourtant pas prévu au programme. Nous constaterons rapidement qu’il remplace Marcel Gauchet, ce qui n’est pourtant pas du tout la même partition. Chose étonnante, personne n’accueille Christine. Giesbert ne vient pas à elle pour la saluer, et lui expliquer les règles du débat. On l’embarque à l’écart, dans un salon de maquillage d’où elle ne reviendra que de longues minutes plus tard, quand le débat aura commencé.

Chose également étonnante, l’enregistrement commence à 13 heures, heure où Christine était convoquée. Il y a énormément de bruit, car le studio est ouvert, sans doute pour faire davantage populaire. A ma grande surprise, il y a d’abord quatre personnes, qui sont invitées à débattre courtoisement entre elles, durant trois bons quarts d’heure. Il s’agit de Luc Ferry, Abdenour Bidar, Blandine Kriegel et Malek Chebel. Franz-Olivier Giesbert les a présentés tous de manière très élogieuse,vantant leurs derniers ouvrages. A les entendre, il n’y a plus de problème avec l’immigration en France, l’islam s’intègre harmonieusement dans la République, malgré quelques intégristes qui ne pèsent rien, et les islamophobes d’extrême droite ne seront pas suivis quand ils chercheront à stigmatiser les musulmans. Nous avons droit à des débats fumeux sur l’altérité. Je me dis surtout que s’ils racontaient cette fable dans un quartier populaire où des habitants, nettement moins favorisés socialement qu’eux, vivent un enfer, ils ne seraient peut-être pas très bien reçus…
On entend beaucoup de lieux communs, et manifestement les intervenants prennent plaisir à se congratuler réciproquement. Luc Ferry lève le pouce quand Abdenour Bidar parle ; quant à Malek Chebel, toujours aussi onctueux, il multiplie les gestes amicaux avec ses voisins, leur tapote sur l’épaule, leur prend la main, et prononce des énormités, avec un aplomb impressionnant, sans que personne ne le contredise. J’ai à ce moment une pensée pour René Marchand, qui, parlant de Chebel, le qualifiait de « taupe de l’islam ». C’est tellement évident. Emmanuel Todd est présent dès le début, mais à l’écart, à une dizaine de mètres des intervenants. Quant à Jean Sévilla, et plus encore  Christine Tasin, ils ne sortiront du maquillage qu’une fois l’émission commencée. Au bout d’une bonne demi-heure de ces échanges mondains et de papouilles entre universitaires bien élevés, on invite Emmanuel Todd à rejoindre le plateau. Ma voisine se montre surprise par sa tenue vestimentaire. Il est en effet vêtu d’un jean fatigué, dont l’entrejambe lui arrive au milieu des cuisses, tels les « djeunes », ce qui, chez lui, détonne un peu. Giesbert le présente comme un petit génie qui a tout prévu depuis des années, et Todd joue les modestes blasés. Mais c’est surtout, immédiatement son attitude qui détonne, sur le plateau. Il n’arrête pas d’interrompre tout le monde, avec la complaisance pour le moins surprenante du présentateur, Giesbert, qui, faut-il le rappeler, l’avait déjà invité en octobre dernier lors de la première émission mensuelle de « 2012, les Grandes questions ». Il cherche à s’embrouiller avec Luc Ferry, mais durant les pauses, il va congratuler les autres intervenants. Manifestement, il estime qu’il est la vedette, et que les autres n’ont qu’un droit, c’est l’écouter. Il raconte lui aussi des énormités incroyables, il n’y aurait aucun problème avec l’immigration, mais la vraie crise, ce serait l’argent et la crise financière. Comme si cela s’opposait ! Tout le monde opine. Seul Luc Ferry rectifie un peu, quand Malek Chebel nous fait le coup classique de l’islamophobie raciste. Pendant ce temps, on sent que Jean Sevilia et Christine Tasin souffrent des contre-vérités qu’ils doivent subir en silence. Cela fait plus d’une heure qu’ils sont obligés d’écouter les énormités d’une caste bien-pensante d’universitaires totalement déconnectés des réalités quotidiennes, et ils ne sont toujours pas invités sur le plateau pour intervenir…

Finalement, Jean Sevilla fait son entrée, au bout donc d’une heure et 15 minutes. Il est présenté comme historiquement incorrect, et son livre est un peu commenté par Giesbert. Mais autant il est un bon historien, autant il n’est pas un homme de débat télévisé, et se laisse rapidement couper la parole par Chebel, qui le met sur la défensive, et par Todd, qui l’interrompt plusieurs fois, et tire à nouveau la couverture à lui. Il y a un décalage énorme entre la place prise par Todd, quelques minutes auparavant, et celle, fort réduite, laissée à l’historien, réduit à la portion congrue. Mais on n’avait pas vu le pire.

Finalement, au bout d’une heure et demie, Christine, qui, depuis de longues minutes, paraissait punie, seule dans son coin, est enfin invitée à prendre place, à côté… d’Emmanuel Todd. Rien ne lui aura été épargné ! Mais je me dis qu’elle va enfin avoir la possibilité de développer son point de vue, elle a tant à dire après ce qu’on a subi depuis plus d’une heure et demie. Giesbert présente plus que succinctement le livre « Le bobo Jocelyn », sans dire un mot de son contenu. Mais, au moment de passer la parole à Christine, au bout d’une heure trente, il la redonne à Luc Ferry ! En effet, grand événement, le philosophe, venu avec sa valise, va quitter l’émission, car il a un avion à prendre. Il faut donc qu’il parle encore, et le filmer en train de partir, valise à la main, car l’image est jugée importante ! Encore cinq minutes de perdues pour Christine. Je me dis qu’après le départ de l’ancien ministre, cela va être enfin son tour. Erreur, sans que cela ne dérange Giesbert, Kriegel, Chebel et Todd s’octroient à nouveau la parole, et refont un tour de table, pour ne dire que des banalités inintéressantes et parfois prétentieuses ! Finalement, au bout d’une heure 45 minutes, on entend pour la première fois la voix de Christine… pas davantage qu’une phrase, car Chebel et Todd entrent en action, l’interrompant systématiquement, avec la complicité passive du présentateur. Le sommet sera atteint quand elle devra, devant la grossièreté et l’agressivité ahurissante de Todd, hurler plus fort que lui pour réussir à en placer une. Je pense à la différence avec l’émission de Taddéi, « Ce soir ou jamais », premier plateau télévisé de Christine, où, les tours de paroles étaient respectés et où, à l’exception de l’inévitable Todd contre Christine, personne ne se permettait d’interrompre l’autre. Naturellement, à l’exception de Sevilia, cela sera la curée contre Riposte Laïque et Christine, présentés comme une bande d’hystériques, semant la haine contre les paisibles musulmans. Bidar tombera le masque, racontant, dans la foulée de Chebel, qu’il travaille d’arrache-pied à réformer l’islam en France, et qu’ils commencent à avoir des résultats. Là encore, cette énormité passera, comme celle de Chebel nous parlant des printemps arabes, avec des hochements de mentons approbateurs de ses voisins !

Et tout le monde reprendra la parole, sans aucun complexe, pendant que, poliment, notre contributrice levait la main pour essayer de placer enfin deux phrases consécutives sans susciter les aboiements du roquet Todd. La conclusion sera animée, Todd, Kriegel, Bidar, la bouche en cul de poule, suivront Malek Chebel qui exprimera le vœu que pour la présidentielle, les candidats ne parlent ni d’islam, ni d’immigration. Ben voyons, dormez braves gens, puisqu’on vous dit que tout va bien ! Quand Christine essaiera, lors de la conclusion, de dire qu’au contraire cette question devra être au cœur de la campagne, j’entendis, derrière moi, un Africain, au milieu de deux de ses amis, la traiter à haute voix de « raciste ». C’était assez surréaliste, car le bruit était tel que personne n’avait entendu, sur le plateau, l’injure proférée, ni les échanges qui suivirent. En effet, je lui demandai quel rapport il y avait entre ces propos et le racisme. Il me répondit, agressif, qu’être contre l’immigration, c’était être raciste. Je lui dis alors que Kadhafi, quand il renvoyait tous les immigrés chez eux, était raciste. Le ton monta, ses copains commencèrent à s’y mettre, et ils me dirent que sans les Africains, la France ne serait rien. Je leur fis remarquer que d’autres que les Africains contribuaient au développement du pays, et que certains Africains profitaient aujourd’hui davantage de la France qu’ils ne lui apportaient. L’un d’entre commença à crier et que nous avions fait assez mal à l’Afrique, et que nous devrions avoir honte. Je lui dis que les tyrans africains n’avaient pas besoin des Européens pour affamer et massacrer leur peuple. Je lui demandai pourquoi il haïssait autant la France, et y vivait. Le ton montant, sentant venir l’embrouille, je lui demandai de me laisser regarder la fin de l’émission en paix. Une voisine, une femme sympathique avec qui j’avais discuté un peu pendant le débat, s’embrouillait, elle, avec une voilée qui lui expliquait que tout le monde était musulman, chrétien comme juif, et que bientôt la France serait musulmane. Je choisis de ne pas m’en mêler. Je trouvais extraordinaire qu’en deux minutes d’engueulades, autour du plateau, l’enfumage de deux heures d’émission ait explosé, montrant une réalité à des années lumières des intervenants, dans leur bulle, qui ne prirent même pas conscience de ce qui se disait à dix mètres d’eux.

Pour autant, les téléspectateurs de France 5 entendront la belle histoire que cinq invités, triés sur le volet, étaient là pour raconter au bon peuple. Ils verront ce salon bourgeois, dont la gare de l’est est l’alibi populaire, où la caste, dans un accès de bonté inouï, avaient cru bon d’inviter Christine à prendre la parole, mais seulement à la fin, comme des grands bourgeois inviteraient la bonne, le jour de son anniversaire, à prendre le café en leur compagnie. Hélas, la pauvre Christine Tasin, au lieu de remercier ses hôtes, a osé vouloir parler, et, crime de lèse-majesté, les contredire quelque peu ! Elle n’avait pas compris que Sévilia et encore plus elle n’étaient là que comme caution démocratique, pour laisser la parole, dans un débat sur l’immigration, 90 % du temps, à des immigrationnistes islamophiles imbus d’eux-mêmes !

Ne soyons pas trop négatifs, cela aura au moins servi à faire parler de Riposte Laïque… et avec quelle haine chez Chebel et surtout chez Todd ! J’ignore ce que donnera le montage de l’émission où, en principe, on doit couper une demi-heure. Mais voilà ce qu’il m’a paru utile que nos lecteurs sachent, avant de regarder cette émission, ce vendredi, sur France 5, à 21 heures 30".

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