Un demi siècle, c'est ce qu'il a fallu attendre, pour que la télévision française, du moins ce qu'il en reste, rende enfin justice, aux Français d'Algérie, les seuls Pieds-noirs d'appellation contrôlée. L'émission vient à peine de finir sur France3, il est minuit et demi. L'indication de l'heure n'est pas fortuite. Il ne faut surtout pas montrer la vérité trop crue, aux plus nombreux, ceux qui ne regardent plus la télévision après 23h. L'émission elle-même ? Touchante de sensibilité. Bien qu'aucun aspect de cette tragédie historique n'ait été omis, on devine que la brève durée du documentaire, a servi de prétexte pour passer rapidement sur de nombreux points douloureux. Le ton des commentaires était à la fois ferme et contenu. La polémique n'est pas la préoccupation de l'auteur.
Néanmoins, "L'amère patrie" fut un documentaire édifiant, malgré l'intro tendancieuse du commentaire en lien.
Pour la première fois depuis le drame de l'été 1962, les faits ont été présentés tels qu'ils se sont réellement passés. Pour la première fois, on a entendu parler des attentats, des tueries, des massacres, commis par les arabes contre la population Pieds Noirs, sans la sempiternelle absolution de "résistance à l'occupant français". Pour la première fois, on a montré le rôle de la propagande officielle, ajoutée à la propagande communiste, pour faire de tous les Pieds-noirs, adultes, vieillards, enfants, d'horribles fascistes, racistes, grands colons exploiteurs, etc. Pour la première fois, on a vu les reportages de cette abjecte propagande. Pour la première fois, on a entendu parler des généraux et des troupes, entrés en rébellion contre De GAULLE, autrement qu'en termes infâmants. Pour la première fois, un documentaire a montré dans son contexte, la fourberie et le déni de réalité, des dirigeants français y compris, grande première, celle de De GAULLE, "celui qui plia le drapeau, symbole de la défaite", comme le dit avec justesse Pierre NORA, dans ce documentaire.
La narration chronologique des faits, était régulièrement entrecoupée par les témoignages de quelques Pieds Noirs devenus célèbres. Tous se sont exprimés avec franchise et émotion. Tous ont confirmé la réalité, la profondeur et l'étendue du drame qu'a constitué l'exode d'Algérie. Fausse note, bien que dans l'ensemble de ses interventions, il ait parlé juste, Enrico MACIAS fit une malheureuse comparaison entre le sort des Pieds-noirs en été 1962 et le sort des immigrés maliens aujourd'hui en France. Il s'est en partie rattrapé, en précisant que celui des Pieds-noirs fut plus injuste, parce qu'ils sont Français.
Après avoir montré d'abord le rejet des Pieds-noirs par les "souchiens" intoxiqués à la propagande, puis l'intégration plutôt rapide, des rapatriés d'Algérie à force de volonté et de travail, après avoir évoqué le dynamisme qu'ils ont impulsé à l'économie française de l'époque, le documentaire s'achève sur le combat feutré mais inachevé, pour la préservation de la mémoire. C'est la transition parfaite avec la situation présente.
N'importe quel Pieds-noirs, quelque soit sa sensibilité politique, ressent d'instinct et avec force, que les descendants de ceux qui en été 1962 détestaient tant les Pieds-noirs, sont aujourd'hui, les plus farouches collabos des envahisseurs qui colonisent la France. Mais la même propagande sévit toujours. L'immonde torche-cul du soir la mène toujours. Aujourd'hui, les ultimes Pieds-noirs sont les plus conscients de la situation. Ils ont toujours la conviction, mais ils sont âgés. Les souchiens sont intoxiqués à la propagande et les envahisseurs sont jeunes, nombreux et déterminés… Ça, plus les efforts des collabos, la France, c'est presque fini. L'Europe est dans le même état. Toujours selon la propagande, il paraîtrait que le squatteur de la Maison Blanche reste en tête dans les sondages. En ce onzième anniversaire du 11 septembre 2001, on peut avancer que les USA risquent de suivre de plus près qu'on le penserait. Après s'être vendu, l'Occident tout entier capitule.
3 réflexions sur « Il a fallu attendre cinquante ans ! »