Figurez-vous qu'hier j'avais à mon domicile un jeune ingénieur en informatique qui m'a aidée à deux reprises pour installer mon nouvel ordinateur portable et y transférer les données du disque dur de l'ancien ordi.
Ce garçon , J.Cohen (dont j'avais trouvé les coordonnées dans les pages jaunes de l'annuaire régional) m'a dit être originaire du Havre, où il ne cesse d'être en butte à l'antisémitisme depuis qu'il est entré au collège (insultes et coups), dans les années 90. Ses parents, qui avaient commencé par lui dire de réagir par l'indifférence, ont fini par lui dire de rendre les coups. Il a une compagne juive qui est elle-même actuellement harcelée par un ex-compagnon (non juif) étiqueté pervers narcissique déviant , qui, non content de l'avoir à plusieurs reprises violentée physiquement, a détruit leur voiture, puis la suit régulièrement en la menaçant dans la rue.
Mais le plus troublant c'est que J. m'a confié ne plus pouvoir vivre au Havre, car la police les a insultés et leur a dit être lassée de leur histoire et ne plus vouloir les défendre. Ils ont donc décidé de quitter le Havre et de s'installer près du père de Jonathan, à Perpignan. Moi-même n'ayant jusqu'à présent été confrontée qu'à un antisémitisme – antisionisme intellectuel (si j'ose dire) de la part de certains collègues et de très peu d'étudiants, une nouvelle réalité, dont les médias bien évidemment ne parlent jamais, et dont les statistiques ne rendent compte que de manière abstraite, et s'est ouverte devant moi. Jonathan est un jeune scientifique qui n'a rien de provocant – si ce n'est son nom qui le rend aisément identifiable. Je pense utile de vous informer de cette banalisation de l'antisémitisme dans notre belle jeunesse française.
J'ai offert à J. un exemplaire des Témoignages sur Israël, la belle anthologie du Rabbin Jacob Kaplan en lui disant que j'étais sûre que lui et sa compagne s'en sortiraient.; je lui ai aussi recommandé de lire Eurabia de Bat Ye'Or. Je lui ai dit qu'il y avait en France, des régions et des villages plus susceptibles que d'autres de les protéger : villages ou petites villes de Justes comme le Chambon sur Lignon, ou Dieulefit; régions comme la Corse, qui n'avait pas livré les Juifs durant la Seconde guerre mondiale. Ils quittent définitivement la Normandie le 29 décembre. J., conscient de la dangerosité d'Israël à l'heure actuelle, hésite à s'y installer, mais ne l'exclut pas; heureusement pour eux, ils sont jeunes et travaillent dans des domaines où Israël peut leur offrir un emploi. Peut-être que, dans leur malheur, ils ont la chance d'être devenus plus vite que nombre d'entre nous lucides? C'est terrible à penser mais non à exclure.
J'espère que ce témoignage sera utile.