Comme l'ont indiqué Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka dans leur livre "Vichy, 1940-1944" (2004, Perrin,pp.104-105) en citant Louis Darquier dit de Pellepoix le régime vichyste pose que "le problème juif" n'est pas
" "un problème spécifiquement allemand mais un problème qui se pose pour toutes les nations, et pour la France d'une façon urgente", affirme Louis Darquier dit de Pellepoix en août 1940. En menant une politique antisémite autonome, Vichy répond sans attendre à cette injonction. Dans un premier statut (18 octobre), il considère comme juive "toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif ". Fondée sur un critère racial, cette définition exclut les juifs de nombreuses fonctions (le service de l'État, la presse, le cinéma notamment), l'accès aux professions libérales étant soumis à des quotas.
Manquant de clarté, cette loi est remplacée, le 2 juin 1941, par un nouveau statut qui aggrave le précédent. Outre qu'il allonge la liste des métiers interdits, il étend les dispositions restrictives à des catégories jusqu-là épargnées. Les demi-juifs sont ainsi considérés comme juifs si leur conjoint est demi-juif. En créant le 29 mars 1941 un Commissariat général aux questions juives (CGQJ) qu'il confie à un antisémite convaincu, Xavier Vallat, l'État français se dote d'un instrument renforçant l'efficacité de sa politique raciale. L'administration française recense, fiche ou interne une population désormais marginalisée. Mais hormis le CGQJ – qu'à réclamé le Reich-, ces mesures, répétons-le, ne répondent pas à des pressions allemandes. Prônant un antijudaïsme d'État, l'État français, dans une logique xénophobe et antisémite, veut limiter l'influence des juifs et épurer la communauté française de ses éléments étrangers. (…).
Certes, Azéma et Wieviorka semblent, plus loin (p.105) confirmer E.Zemmour lorsqu'ils indiquent que le régime vichyste préfère livrer ou laisser faire la déportation les juifs plutôt "apatrides" que français, tels ceux du Vel dhiv ; sauf que ce régime le fait parce qu'il pense adopter en réalité une solution française plutôt qu'allemande, conformément aux lois précédemment citées, et qui ont pour but de marginaliser, donc de ghettoïser à nouveau les Juifs.
D'où la question à laquelle ne répondent ni JMLP ni E.Z : pourquoi ladite Révolution Nationale en est-elle arrivée là ?
N'est-ce pas parce que toute une frange du courant disons post/néo monarchiste anti-révolution française (Rivarol, Maistre, Bonald, Maurras) a eu elle aussi comme en Allemagne avec Fichte, Nietzsche, Heidegger… l'idée que le "génie" national aurait été mis à mal par un élément "étranger" ? (Un peu comme les musulmans intégristes depuis le 14ème siècle)à savoir le juif le libéral le rationaliste franc maçon ?
Or, ce faisant, l'on oublie trop rapidement que depuis Louis XV et le honteux abandon de Montcalm et Dupleix, la corruption et l'incompétence des élites n'avaient d'égales que celles d'aujourd'hui, et que cela a été sans doute la cause principale de cette cécité monarchiste absolutiste qui a empêché l'avènement d'une monarchie constitutionnelle comme l'espérait Louis XVI (d'où son inertie volontaire à l'intérieur alors qu'il s'affairait avec La Fayette à soutenir la jeune révolution américaine). C'est l'impéritie des élites françaises qui produit le décrochage avec l'Angleterre (que Napoléon tente vainement de stopper avec les seuls moyens de la puissance) puis le décrochage avec l'Allemagne à partir de 1871 (alors qu'une alliance, tacite, avec l'Autriche en 1866 aurait pu éviter la débâcle comme l'écrit le Comte de Beust dans ses mémoires, 1888, Westhausser éditeur, p.13) un décrochage que la victoire de 18 ne rattrapera pas comme il a été vu en 39-40…
Aussi, Pétain et son régime n'ont pas répondu à la question du déclin français, bien au contraire, et, au lieu d'imiter cet échec, flagrant, qui, d'ailleurs, a permis aux communistes de briller alors qu'ils défendaient plutôt Moscou que la France, qui a empêché en 1947 de donner aux démocrates autochtones d'Algérie les moyens de ne pas succomber aux sirènes du national islamisme arabe, qui a fait de même avec les démocrates vietnamiens abandonnés aux communistes (avec la passivité américaine et anglaise de l'époque) qui a enfin offert à un De Gaulle, raidi par "la traversée du désert", la légitimité de sacrifier en 1958 puis en 1962 Harkis Berbères Juifs Alsaciens Lorrains Français et Européens en Algérie (au nom d'une politique "arabe" dont on voit aujourd'hui les piètres résultats) il serait bien plus grand de faire vivre et prospérer la France d'aujourd'hui et de demain au lieu de sans cesse (sans cesse) ressasser un passé dépassé (même s'il ne faut pas l'oublier).
Il est dommage que la dite "alternative" au postmodernisme technocratique qui veut imposer une sorte de sharia étatiste sur nos comportements s'empêtre soit dans ce genre de nostalgie sans issue, soit de perpétrer cette espèce molle de mixture entre un État faussement protecteur et un État réellement boursouflé qui continue à confisquer le Pouvoir au lieu de le rendre, réellement, au Peuple, c'est-à-dire au plus grand nombre, capable de gérer ses propres affaires si un jour des élites dignes de ce nom pouvaient lui en donner l'opportunité...