4 juin 2023

Quel changement depuis l’assassinat d’Ilan Halimi?

La mort d'Ilan Halimi fut le premier accroc au filet symbolique dans lequel le Pouvoir a pris en "otage" la réalité depuis le début des années 2000. Au miroir dela sécurité des Juifs, une grande responsabilité pèse en effet sur ses détenteurs successifs.

Non seulement leurs agresseurs les ont ciblés électivement parmi leurs concitoyens (cela s'appelle du racisme) mais encore l'Etat les a sortis objectivement de la norme citoyenne, en ne condamnant pas ni ne réprimant leurs agresseurs durant de longues années.La faute capitale fut celle du gouvernement Jospin qui, pour ne pas « jeter de l'huile sur le feu » (dixit Daniel Vaillant), choisit de faire un black out total sur plus de 500 agressions antisémites pendant plus d'un an et demi. Pire, il accrédita l'idée qu'il y avait là des « tensions intercommunautaires », ce qui impliquait pour les victimes une responsabilité partagée et l'idée que « la France » n'était dans cette histoire qu'une spectatrice désolée d'un conflit qui n'était pas le sien. Puisqu'il opposait « deux communautés », dont l'une n'était devenue française que très récemment et ne s'était pas intégrée à l'Etat, les Juifs se retrouvèrent symboliquement hors la nation.

Pour expliquer l'antisémitisme sans le reconnaître, les médias accablèrent ainsi le « communautarisme » juif, au lieu de porter secours aux Juifs des quartiers « mixtes » en détresse. Mais le pire dans ce procès incroyable mené par la société française fut sans doute l'obsession malsaine d'Israël et la criminalisation permanente du sionisme dans les médias, alors même que l'antisémitisme islamique y trouvait ses marques. On a pu crier « mort aux Juifs » dans les rues de Paris dans des manifestations du Hamas. Le gouvernement a ainsi été l'artisan de ce déni de la réalité tandis que les médias, les agences de presse, une partie de la classe politique et finalement l'opinion – qui longtemps ne s'est pas émue de ce qui leur arrivait – les rendaient en masse responsables de leur situation. Ce constat est aisément documentable.

 

Système de « gestion » de l'antisémitisme

 

Il a fallu attendre les meurtres de Merah pour que l'antisémitisme soit reconnu, du bout des lèvres, et comme un phénomène « français », sans pour autant que la motivation djihadiste ne soit reconnue. Nous touchons là au problème de fond de ce système de « gestion » de l'antisémitisme : le refus, voire l'interdiction, d'identifier la motivation islamique (de quelque obédience soit-elle), celle que revendiquent les agresseurs, et donc l'incapacité d'adopter une politique qui y fasse face. « L'innocentement » permanent de l'islam et du monde arabe n'est pas sans conséquence pour les Juifs car la cause efficiente qu'on s'interdit d'y trouver, est trouvée dans les Juifs, à travers le bouc émissaire universel : Israël.

La façon ahurissante dont les médias français rendent compte de la vague d'assassinats au poignard en Israël montre que le Juif n'est toujours pas considéré comme une victime du terrorisme. Le débat hallucinant sur la kippa après le coup de poignard marseillais l'illustre pour la France. Même quand il y a une hécatombe de "non-Juifs" au Bataclan, tuer un Juif fait donc toujours exception à la catégorie de "meurtre" et à la condamnation des assassins. Au contraire ceux-ci sont les Israéliens quand ils les éliminent.

L'Hypercacher n'a pas vraiment changé les choses, si ce n'est que maintenant la compassion noie le réel (reconnu mais repoussé à 4000 kms, la "guerre contre Daesh") dans les sentiments. L'obsession anti-israélienne est toujours à l'œuvre : reconnaissance de la Palestine, action au Conseil de sécurité, ultimatum à Israël. Autant de justifications objectives et officielles de la motivation islamique des actes antisémites.

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