D'où l'appel d'air énorme, le déséquilibre de plus en plus lourd, surtout lorsque toute cette population vieillit, avec du ressentiment en plus (plus on est aidé, plus on hurle contre le passé colonial…), même si, dans le lot, ce dispositif permet à certains de s'en servir comme une sorte de rente d'Etat permettant de finir des études, de s'adonner à sa passion d'artiste en herbe ou d'écrivains potentiels. Mais, pour une poignée de réels élus, le reste s'abandonne aux délices de la vache à lait, sans lait, du moins bientôt, alors qu'il vaudrait mieux créer d'autres dispositifs permettant d'aider les plus méritants.
Comment ? Précisément en élargissant la possibilité de créer des fondations, des associations, et ce en supprimant l'ISF, en permettant justement aux plus riches de montrer leur générosité au lieu de les suspecter de vouloir toujours en mettre de côté. D'ailleurs c'est justement parce qu'il existe cette atmosphère délétère que le sauve qui peut la vie s'empare de tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir, dirigeants d'Airbus compris.
Certes, ce n'est pas nouveau, nature humaine oblige, mais au moins autrefois les corrompus arrosaient autour d'eux alors qu'aujourd'hui ils s'enfuient dans les paradis fiscaux. Autrefois les palais somptueux faisaient marcher une ville, donnaient de l'emploi, commandaient aux artistes des oeuvres, toute l'Italie, la France aussi, regorgent de ces façades somptueuses, de ces peintures et sculptures non encore dévorées par le temps ou détournées par les sous-oeuvres d'un certain non art contemporain.
Il est incroyable que l'on puisse s'extasier des chefs d'oeuvre d'autrefois, classant même des rues entières trésors de l'humanité par Unesco interposé, tout en s'acharnant à détruire le tissu social qui les a fait naître, en tentant de le remplacer par les combines étatisées ou régionalisées dealant de la sous-culture pour vermisseaux décervelés par des réseaux en court circuit.
Et pour éviter que l'on voie cela de trop près cet assèchement du vivre, de toute cette vivacité qui faisait la vigueur des villes anciennes gardiennes éternelles de ces joyaux immémoriaux, la collectivité compense un tel aveuglement qui tue le vouloir au coeur de son effort par un saupoudrage et un clientélisme permettant de tenir éloignée toute une population que l'on prétend encore vouloir représenter en parlant en gouvernant en son nom.
Voilà l'hypocrisie. Et voilà pourquoi cette campagne présidentielle se meurt de son trop peu, alors qu'il y aurait tant de choses à dire…et surtout à faire.
3 mars 2007