À l'heure où l'UNESCO, suivant la demande de certains pays prosélytes sous occupation arabo-musulmane (Algérie, Égypte…) a décidé d'effacer Israël de l'histoire de Jérusalem (lire à partir de la page 34 sur le PDF) une histoire si bien précisée par Yehoshua Ben-Arieh surtout dans son livre Jérusalem au dix-neuvième siècle, le dernier travail de Michaël Bar-Zvi, Pour une politique de la transmission, à mille lieues de ces diverses tentatives anti-juives séculaires visant à détruire, également mentalement, le lien qui nous lie à Jérusalem (autrement dit y compris pour les non juifs) montre tout d'abord et avec force qu'Israël est en premier lieu une Loi avant d'être une Terre (en ce sens l'islam a imité ce principe) mais il existe une différence entre eux et elle est de taille : la loi juive ne vise pas à s'étendre horizontalement mais verticalement : de bas en haut. Ou l'unité de la terre et du ciel du présent et de l'absent, et ce lien-monde est ce qu'il y a à espérer.
Michaël Bar-Zvi montre en effet qu'il s'agit bien de puiser, en soi, au plus profond de son intimité et dans la spécificité même du genre humain non seulement l'idée mais la chair de ce lien qui nous distingue des autres créatures, une distinction que les Juifs ont élu comme étant leur mission.
En ce sens Jésus, Juif, soutient cette tension, mais veut la pousser plus loin, l'étendre également horizontalement, apportant l'épée capable de faire d'adouber, et de défaire, de distinguer parents et enfants, à chaque génération sa peine. Michaël Bar-Zvi n'en parle pas, pas encore sans doute, tant il a à faire, à nous montrer en quoi toute la casuistique juive jusqu'à ses confins (par exemple le Zohar) est bien loin d'être un sophisme byzantin qui prétendrait exister alors qu'il s'agit d'être, être soi pour mieux devenir.
Il ne s'agit donc pas de seulement préserver un quant-à-soi, même étant conscient de sa mission, mais de s'en tenir aussi à la lettre plutôt qu'à l'esprit qui virevolte et s'étiole, d'en chérir ainsi l'Histoire, puisqu'en son sein y est sculptée la Loi celle qui insuffle un visage, bien au-delà de savoir s'il deviendra une figure imprimant de son magistère ce qui croit.
Peut-être au fond n'avons-nous rien compris à l'esprit juif qui ne veut pas se conserver négativement comme le pensent Hegel et Marx, mais positivement, au sens d'être porteur, permanent, de cette flamme dont le contact non seulement réchauffe mais éclaire.
Le Juif serait le boulanger de Fernand Raynaud : quand il part un peu de nous s'éteint, ne voyons-nous donc pas que non seulement l'horizon ne s'éloigne plus mais s'assombrit?… Israël ne fait pas qu'exister, il est et être ou ne pas être est la question même, on le sait.
Aussi, ceux qui cherchent à l'effacer "le rayer de la carte" sont en train de s'effacer en même temps, ne le voyons-nous pas, de plus en plus?…