Pour la génération de Juncker et Cie, le stéréotype de l’Amérique Latine sera toujours celle de gentils exploités jouant de la flute de pan, flanqués de lamas, sur fond d’une chanson du groupe Abba. Pas étonnant donc que Jean Claude Juncker, le Le Quesnoy de la Commission Européenne ait succombé au charme d’arracheur de dent du pape argentin. Le résultat est que Bergoglio, dont toute la culture politique péroniste l’a conduit à tourner le dos au monde, jusqu’à son élection comme chef de l’Église Catholique, s’est offert le plaisir d’étaler son ressentiment à l’égard des européens. Et pas dans n’importe quel contexte : au cours de la remise de la distinction européenne par excellence, le Prix Charlemagne.
L’Europe ne doit rien à Bergoglio
Cette reconnaissance s’octroie depuis 1950 à des personnalités ayant contribué à l’unification de l’Europe. En 2004, Jean-Paul II avait créé un précédent d’une légitimité incontestable. Il était permis de penser dès lors, qu’après lui la barre serait placée très haut. L’Allemagne doit au courage, de toute une vie, du polonais, rien de plus, rien de moins, que sa réunification. L’Europe lui doit, quant à elle, l’entrée dans une nouvelle ère qui l’a depuis transfiguré. Mais que doit l’Europe à Bergoglio? Quel motif invoquer pour une distinction si particulière au regard de la charge symbolique de Charlemagne? Qu’y a-t-il de vrai de cet « engagement solidaire et pro-européen » supposé du pape argentin ? Rien. Des insultes réitérées dans un moment de grande anxiété pour les citoyens de ce merveilleux bout de terre. Citoyens qui déploient des efforts héroïques de générosité, comme aucune autre région au monde.
«Au parlement européen je me suis permis de présenter l’Europe comme une grand-mère ». Mi sono permesso… Bergoglio a pris quelque précaution oratoire, dans son italien de vache argentine pour annoncer la récidive de l’affront fait à l’Europe, face à Angela Merkel, Matteo Renzi, Philippe VI d’Espagne, Jean Claude Juncker, Martin Schulz, le président du parlement européen. Ce dernier particulièrement débonnaire sous le feu des âneries et injures bergogliennes. « L’Europe est fatiguée et vieillie, non fertile, non vitale (…), une Europe décadente qui semblerait avoir perdu sa capacité génératrice et créatrice.» Mais malgré la mauvaise mine qu’il lui trouve, elle n’aurait rien perdu, toujours selon François, de sa volonté de « coloniser idéologiquement » le monde. Une autre définition de la mission évangélisatrice. C’est le chef de l’´église apostolique qui le dit. Charlemagne en prend pour son grade.
Poncifs racistes sur une Europe « stérile » et décadente
Cette idée d’une Europe « stérile » est un des leitmotivs de toute la mouvance de l’islam fondamentaliste. Elle est au cœur même du mépris quasiment anthropologique généré á l’égard des blancs dans les cités, représentés comme faibles, donc selon une logique bestiale, devant être humiliés. C’est un poncif scandaleusement raciste, au premier, au second et au troisième degré, qu’il nous est demandé d’écouter, non plus dans la bouche des émules de Recep Erdogan ou des prêcheurs wahhabite d’Arabie Saoudite, d’Égypte ou d’ailleurs, mais du chef de l’Église, à laquelle sont rattachés la plupart des européens.
Poncif d’autant plus faux, que l’Europe est le continent qui génère le plus de brevets selon tous les indicateurs, dans tous les secteurs de production industrielle, de services etc. Le dynamisme culturel européen reste un référent pour le monde entier. Et il doit y avoir quelque chose de très dynamique pour que tous les réfugiés veuillent, spécifiquement, immigrer en Europe de l’ouest et nulle part ailleurs. Le pape semble ignorer les statistiques d’Eurostat qui placent l’Europe, loin en tête, (malheureusement), de toutes les régions du monde, en tant que territoires récepteurs d’une immigration pauvre, non formée, non voulue, souvent endogame et pourtant accueillie généreusement.
Faisant ostentation de sa légendaire fausse modestie, le Pape imite Martin Luther King, répétant à plusieurs reprises « j’ai un rêve ». C’est là que le discours de Bachibouzouk s’argentinise. Pour qui ne connaîtrait le terreau culturel péroniste, ce n’est pas perceptible. A l’insulte il ajoute savamment la culpabilisation. Pas un mot qui ne vienne apporter du baume au coeur, reconnaître l’effort, malgré l’effroi, légitime, des européens à recevoir un tsunami de migration comme l’histoire n’en a connu que lors des invasions barbares. Pas un bon point. C’est E- pour les européens.
Il ne pouvait manquer la charge sur le colonialisme européen. Dans son discours il fait à plusieurs reprises l’apologie d’une colonisation de cette Europe « stérile », tout en pointant du doigt de prétendues velléités territoriales de la vieille dame. Tentée qu’elle est « de vouloir assurer des territoires, plutôt que de générer des espaces d’inclusion et transformation ». Là on est dans l’irréel. Des millions de migrants absorbés, des territoires méconnaissables, rien ne sied au pontife. « Une Europe qui creuse des tranchées au lieu de s’engager à mettre en mouvement tous les acteurs sociaux (groupes et personnes) dans la recherche de nouvelles solutions aux problèmes actuels ». Le Pape ne doit pas lire la presse parce la crise des réfugiés et les problèmes qui en découlent, entre autres de terrorisme, constituent « Le » sujet sur lequel gouvernements nationaux, régionaux et institutions européennes planchent. Reléguant toutes les questions de fond sur l’avenir de l’Europe, y compris la crise grecque, à un rang secondaire.
On aurait aimé voir le premier Pape latino-américain mettre la même passion pour défendre les droits de l’homme à Cuba où il a refusé de recevoir les dames en blanc en privé et où il a permis qu’un opposant soit roué de coup en sa présence. Ce qui n’a pas empêché François de dresser des louanges à Raul et Fidel Castro dans ses prêches. Il avait en revanche retrouvé sa verve moralisatrice, une fois mis les pieds aux États-Unis pour faire la leçon sur l’impérialisme, les droits de l’homme etc.
L’autre Bergoglio
Qu’est-ce donc que l’Argentine d’où nous vient le donneur de leçon ? En deux cent ans ce pays a systématiquement trahis tout le monde, sans exception. En commençant par ses ingénus bailleurs de fond en leur crachant à la figure, lorsque de rembourser il s’agissait, des termes tels que « impérialistes » « vautours » « charognards », se conduisant en république michetonneuse à l’égard de ses bienfaiteurs. On peut vivre sans rien savoir de l’Argentine sans que cela n’ajoute ni n’enlève à l’érudition de qui que ce soit, mais puisque le pape argentin pose un regard si peu charitable sur les européens, un résumé de son pays d’origine s’impose.
Le premier siècle, l’Argentine le passe en guerres civiles, sous le joug d’une tyrannie des plus cruelles. Ce, à l’aune d’un continent, dont l’anthologie de violence politique est très riche. Si tyrannique, qu’elle incite à l’exil ses premières élites. Concomitamment, les Provinces Unies, comme cela s’appelle alors, engage la plus décisive campagne d’éradication des indiens d’Amérique (ce sont des argentins constitués, non pas les colons espagnols qui en sont responsables). A peine finie sa macabre labeur génocidaire des autochtones, deux ans plus tard, la jeune nation, qui se vante d’être attachée à l’esprit des Lumières, commet le plus grand génocide de l’histoire d’Amérique Latine. Tragédie absurde connue comme la guerre de la Triple Alliance, dont le Paraguay est la victime.
Au cours du XXe siècle, le pays connait six coups d’état, plusieurs présidences populistes mafieuses dont celle du couple Kirchner, la disparation de milliers de civils par une armée incapable de faire une vraie guerre (déroute guerre des Malouines, 1982), mais très forte dès qu’il s’agit de massacrer des civils. Au cours des années 90, se produisent les deux seuls attentats antisémites du continent, l’Ambassade d’Israël en 1992, le siège de la mutuelle Amia en 1994. Deux attentats entièrement perpétrés par des péronistes, et sans résolution judicaire à ce jour. L’avènement de l’espion nazi Juan Domingo Perón dont le pape est un des fervents admirateurs marque toute la vie politique, économique, culturelle du pays jusqu’à ce jour, et de son église catholique. Cela vaut aussi pour les non péronistes. Il est très difficile d’échapper au corpus de valeurs antisémites, populistes, xénophobes.
Le péronisme c’est avant tout une escroquerie entreprise par des ennemis de l’élitisme intellectuel et de tout ce qui se rattache à l’ Europe, jusqu’au fait de manger avec deux couverts. Bergoglio en est une caricature. Vantard il allègue sottovoce à des politiques argentins que c’est lui qui écrivait les discours de Ratzinger. Sauf qu’il ne parle aucune langue étrangère et n’arrive pas aux chevilles de l’allemand. Bergoglio ne comprend rien à l’Europe. Il ne peut pas comprendre que les européens aient vaincus deux fois un régime totalitaire au cours du XXe siècle. Surtout pas le nazisme.
Et pour cause, le pape actuel vient d’une famille de migrants italiens pauvres. De ceux arrivés en première partie du siècle précédent, évoqués par le génial Ezéquiel Martinez Estrada comme un peuplement de substitution des migrants d’origine espagnols, anglais, génois, de plus ancienne et plus noble implantation. Fortement marqué par le mussolinisme, ce groupe devient progressivement majoritaire et s’impose comme culture mainstream. L’Argentine est le pays le moins européen d’Amérique Latine en raison de sa rupture avec la communauté de destin occidentale. Entre guerre et post guerre, le pays est resté ce qu’il était.
Bergoglio a activement propagé les valeurs du péronisme au cours de toute sa vie, dans les villas d’émergence (favelas argentines), en invitant les pauvres à rester pauvres, en promouvant une sous-culture de travail indigne comme celle des « cartoneros » [1] au travers de son activisme dans le mouvement d’extrême droite péroniste « Guardias de Hierro » dont il a été membre, bien qu’il le nie, et lors de sa profession de foi, souvent réitérée, de détestation du savoir.
Bergoglio à des choses très graves à se faire pardonner, parmi lesquelles : son comportement au cours des deux dernières dictatures, ses relations avec certains syndicalistes mafieux, entre autre Enrique Omar Suarez, lequel selon un rapport des services secrets argentins aurait (révélation de relacionesinternaciones.co) [2]ouvert des comptes auprès de la succursale genevoise de la Banque du Vatican, Banque Privée Espirito Santo S.A. pour transférer de l’argent provenant du narcotrafic. Suarez est un grand ami de Bergoglio qui le reçoit régulièrement au Couvent de Santa Marta.
Après avoir entretenu des relations de rivalité avec le couple Kirchner, il est devenu un fervent allié de Cristina Fernández, l’ex présidente argentine, qu’il a reçu cinq fois à Rome pour d’inhabituels entretiens privés. Le pape imite Cristina et reprend à son compte plusieurs de ses expressions. Les membres du gouvernement de Kirchner, ses groupes de choc, ses représentants du crime organisé étaient reçus d’office auprès du Saint Père. Il n’en était en revanche pas de même pour l’opposition. Cette complicité est d’autant plus troublante que le Kirchnerisme restera dans les annales de l’histoire comme un des gouvernements les plus corrompus d’histoire latino-américaine, si ce n’est le plus corrompu.
Ce n’est pas la première fois que la remise d’une distinction choque. Le fourbe Recep Erdogan a reçu le 5 octobre dernier, la plus haute distinction du Royaume des Belges. Il a été fait Chevalier de l’Ordre de Léopold malgré le fait d’avoir permis le passage de la plupart des djihadistes vers la Syrie au travers de son territoire. Il est de notoriété publique que sa famille fait des affaires avec Daesh. Après avoir organisé la crise des réfugiés, il impose maintenant un chantage à l’Europe. Ses traîtrises sont trop nombreuses que pour pouvoir être énumérées. Somme toute, il serait plus logique de lui déclarer la guerre que de le décorer. François Hollande a pour sa part remis la Légion d’honneur à un autre félon, le prince héritier saoudien, Mohamed bin Nayef, pas plus tard qu’au mois de mars, deux mois après les attentats de Paris. Et voilà que nous nous retrouvons en qualité d’Européens à devoir nous imposer une nouvelle forme de dhimmitude mais cette fois-ci face à celui qui devrait se pencher sur nos blessures.
L’insistance de François sur la vieille Europe ravi dans les banlieues, dans les rangs de Daesh, dans les mosquées fondamentalistes d’Égypte ou d’ailleurs. L’Europe, n’est pas vieille. Elle est pérenne, parce qu’elle est brillante comme l’ont été toutes les civilisations qui ont duré. La relation au temps n’est pas évidente pour un imposteur argentin. Pardonne leur Charlemagne, ils ne savent pas ce qu’ils font.
[1] https://relacionesinternacionales.co/2014/02/10/le-pape-peroniste-argentinise-le-vatican-2/
[2] https://relacionesinternacionales.co/2015/02/10/cuentas-en-el-vaticano-en-panama-y-en-suiza-del-dueno-de-la-hidrovia/